AGEFI Luxembourg - avril 2024

Avril 2024 7 AGEFI Luxembourg Fiscalité / Economie A près avoir été lourdement affectée par les conséquences de la crise pandémique, la valeur ajoutée de l’Horeca s’est nettement redressée. Elle peine cependant encore à renouer avec sonniveau d’avant-crise, à l’inverse de l’emploi de la branche qui l’a dépassé. Si les effectifs de l’Horeca demeurent bienorientés sur la fin de 2023, les perspectives sontmoins favor- ables pour l’année en cours. Commedansl’ensembledespayseuropéens,l’activité de l’Horeca (Hôtellerie, restauration et cafés) auLux- embourgavaitétélargementimpactéedurantlacrise pandémique. En2020, lavaleur ajoutéede labranche s’était repliée d’unpeuplus de 40%auLuxembourg, un résultat très comparable à celui observé dans la plupartdesEtats-membresdelazoneeuro(àl’excep- tionnotable deMalte et Chypre, où la baisse avait at- teint environ 70% (1) ). L’année2021aencoreétémarquéepardesrestrictions importantespourlarestaurationaupremiersemestre, débouchantaufinalsurunrebonddelavaleurajoutée de seulement 9%(inférieurdemoitiéàcelui relevéen zoneeuro).Aveclalevéedelaquasi-intégralitédesre- strictions sanitaires au printemps 2022, l’activité a pu reprendre un cours presque normal (+30% au Lux- embourg, +40% en zone euro sur l’ensemble de l’an- née) sans toutefois recoller aux niveaux d’avant crise (-20%auLuxembourg et -10%en zone euro par rap- portà2019).En2023,lavaleurajoutéedel’Horecapro- gresse de 6% au Luxembourg, mais les données trimestrielles révèlent une tendance de stagnation depuis le 2 e trimestre (2) . L’emploidel’Horecaaétébienmoinsimpactédurant lapandémiequelavaleurajoutée:cecidécoulelarge- mentdurecoursauchômagepartiel (3) quiapermisde maintenir une part importante des salariés en situa- tiond’emploi.Lesheurestravailléesontparcontrere- flué en ligneavec lavaleur ajoutéemême si, depuis la finde2021,ellestendentàprogresserdavantage.Ceci indique apriori unebaissede laproductivité,mais ce constat n’est encore que provisoire (les données de valeur ajoutéepour 2022 et 2023pouvant encore faire l’objet de révisions ultérieures significatives). L’emploi est resté bienorienté en 2023,mais les signaux négatifs semultiplient sur les derniersmois L’emploi dans l’ensemble de l’Horeca conserve une tendancerelativementdynamiqueen2023(alorsqu’il tend à ralentir dans la plupart des autres branches, voir ci-après), mais sur fond d’évolutions contrastées selon les domaines, plutôt favorables pour la restau- rationclassiqueainsiquepourlestraiteursetlarestau- ration collective, plutôt défavorables pour l’héberge- ment et les débits de boisson (4) . Concernant l’hébergement, malgré une progression des arrivées dans les établissements duLuxembourg l’annéepassée(+4%),lenombredenuitéescorrespon- dantes a reculé (-4%) et ce surtout au cours du 2 e semestre (période sur laquelle les effectifs tendent aussi à se replier (5) ). Labonnetenuedel’emploidansl’Horecaestpeusus- ceptible de perdurer cette année. On constate d’une part que les heures travaillées tendent à se stabiliser sur les derniers trimestres et que, d’autre part, le taux d’emploisvacants(offresd’emploi/nombredepostes occupés et àpourvoir) a continué àbaisser dans cette branchetoutaulongde2023 (6) ,unphénomèneégale- mentrelevéàl’échelledelazoneeuro.Parailleurs,les enquêtes de conjoncture témoignent d’une perte de confiance pour les entreprises de la restauration depuislami-2023,dufaitnotammentd’opinionsplus négatives sur la demande (récente et future). Récession confirmée pour le Luxembourg en 2023 LePIBenvolumeduLuxembourgs’eststabiliséau4 e trimestre 2023 (+0,0% sur un trimestre, -0,6% sur un an). Sur base des données relevées sur les trimestres précédents, ilmontreun recul de 1,1%sur l’ensemble de l’année passée. Le Luxembourg se retrouve ainsi parmi les pays de la zone euro ayant connu une ré- cession en 2023, aux côtés de l’Allemagne (-0,1%), de l’Estonie (-3,1%), de l’Irlande (-3,3%), de l’Autriche (- 0,7%), de la Finlande (-1,0%) et de la Lituanie (-0,3%). Ce repli de l’activité enregistré au Luxembourg en 2023découle largement de la contre-performancedu secteur financier qui a vu sa valeur ajoutée se replier de7%envolume(notammentsousl’effetdesrésultats bancaires tels que rapportés selon les normes de la comptabilité nationale, voir ci-après). Néanmoins, les autres branches de l’économie ont dans leur ensemble subi un net ralentissement, avec une progression de seulement 0,7%, après +3,4% en 2022(àl’imageduPIBdelazoneeuro,quiaaugmenté de seulement 0,5%en2023, après +3,5%en2022). Les perspectives pour le 1 er trimestre 2024 sont un peu meilleures,lesenquêtesdeconjonctureindiquantune légère améliorationde la confiance des entreprises. Des résultats bancaires dynamisés par les intérêts En 2023, le résultat net du secteur bancaire au Lux- embourg a connu une croissance exceptionnelle de 67% sur un an qui résulte largement de la forte re- montée des marges sur intérêts et d’une baisse no- table des provisions pour couvrir les risques (liés en 2022 aux engagements envers des contreparties russes). Près de 80%des banques ont vu augmenter leurs marges sur intérêts, qui affichent une progres- siontotalede50%surunan.Lamargesurintérêtsest mesurée par la différence entre les intérêts reçus et payéssurlesprêts,dépôts,créances,produitsdérivés et autres actifs financiers. Ces derniers ne sont pas négligeablescarlesintérêtssurlesproduitsdérivéset actifs financiers ont contribué à plus de la moitié de la croissance desmarges en 2023. Lavaleurajoutée(VAB)desbanquesn’intègrepasles intérêts sur produits dérivés ni les provisions sur risques.Lesservicesd'intermédiationfinancièreindi- rectement mesurés (SIFIM) pris en compte dans la VAB sont les marges de taux d'intérêt sur les prêts et dépôts des ménages et entreprises non financières. AinsilaVABdesbanques(àprixcourants)afficheune croissance de seulement 8% en 2023 (après +20% en 2022).Enneutralisantleseffetsprix(notammentceux liés aux taux), laVAB envolume se replie de 9%. La remontée desmarchés boursiers se poursuit Depuis la dernière hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne effectuée en septembre 2023, les indices boursiers européens sont fortement repartis à la hausse. Sur le 1 er trimestre 2024 (sur base desdonnéesobservéesjusqu’au20mars),l’EuroStoxx 50aprogresséde11%(+21%surunan)etleStoxx600 Europede 5%(+15%surunan), cedernier atteignant un niveau record. Ils ont été portés par les anticipa- tions d'une politique monétaire plus accommodante (surfonddureplidel’inflation),parlaruéesurlesac- tifs liés à l'intelligence artificielle et surtout par les ex- cellentes performances de quelques titres. La forte croissance des valorisations et capitalisations d'une poignée de sociétés peut laisser craindre une concentrationdurisque.Laversionéquipondéréedu Stoxx600afficheuneprogressionplusfaible,deseule- ment 2% sur le 1 er trimestre 2024, illustrant l'impor- tance de la contribution des grandes capitalisations à la hausse de l'indice. Les 11 plus grandes entreprises européennes en termes de capitalisation boursière, surnommées les GRANOLAS, sont GSK, Roche, ASML, Nestlé, Novartis, Novo Nordisk, L'Oréal, LVMH,AstraZeneca, SAP et Sanofi. Conflit enmer Rouge : encore peud’impact sur l’inflation La pression sur les chaînes d’approvisionnements globales est en train de remonter suite au conflit au Proche-Orient.Eneffet,lecoûtdutransportmaritime augmente de nouveau avec +44% entre décembre et février selon l’indice Harpex. Ceci reflète l’instabilité croissanteprovoquéepar les attaquesdesHouthis en merRouge.Cetteflambéedesprixdufretn’estpasin- édite. Pour rappel, les frais du transport maritime avaient explosé en 2021, suite à une pénurie de con- tainers et un navire en panne bloquant le canal de Suez,situationquis’étaitnormaliséeverslafinde2022. Néanmoins, contrairement à 2021, les hausses actuelles ne se sont pas (encore) répercutées sur les prix des biens intégrés aux chaînes d’approvision- nementmondiales. Ceci s’expliqueparune transmis- sion retardée des frais du fret vers les prix à la consommationmais aussi par une demande globale bien plus faible qu’en 2021 (année post-covid) et cer- tains effets de substitution (autres moyens de trans- port / trajets). Plus généralement, les biens concernés parletransportmaritimereprésententunepartmod- érée dans l’indice des prix à la consommation. De ce fait, tant laCommissionEuropéenne (CE) qu’Oxford Economics estiment que l’emballement des coûts de transportauraitunimpactsurl’inflationenzoneeuro limité à quelque +0,3 point de%. Une accélérationdu coût salarial sur fondd’indexations AuLuxembourg, le coût salarialmoyen (CSM) nom- inalaaugmentéde8,6%surunanauderniertrimestre 2023 et poursuit ainsi l’accélération observée sur les trimestres précédents. Cette évolution contraste avec celle en zone euro, où les salaires tendent à ralentir (+4,5%surunanau4 e trimestre2023).Cependant,un freinagedu coût salarialmoyen est aussi probable au Luxembourg en 2024, notamment en raison de la compensation de la 3 e tranche indiciaire de 2023 (via une baisse des cotisations patronales) et d’une bien moindre progression de l’échelle mobile. En effet, la hausse du CSM au Luxembourg en 2023 s’explique surtoutparl’indexation.Ainsi,au4 e trimestre,l’impact des tranches indiciaires successives est de 7,7 points de%(surune croissance totaleduCSMde 8,6%). Cet impact a augmenté au fil de l’année alors que la con- tributiond’autreséléments,commeparexemplel’évo- lution du salaire de base, s’est réduite. Au Luxembourg,lesbranchesquiaffichentlesplusfortes hausses du CSM au 4 e trimestre sont notamment celles où des accords salariaux ont été conclus (p.ex. dans le secteur public), alors que la constructionet les activités immobilières ont des progressions plus faibles, en lien avec les difficultés dans ces secteurs. Un freinage de l’emploi auLuxembourg L’an dernier, l’emploi a encore progressé plus forte- ment au Luxembourg (+2,2%) qu’en zone euro (+1,4%).Toutefois,leralentissementparrapportà2022 a été bien plus net au Luxembourg, et ce pour quasi- ment toutes les branches. C’est particulièrement vrai pour les activités immobilières et la construction. A côté de la construction, ce sont les services aux en- treprisesquiontlepluscontribuéaufreinageauLux- embourg(pourlazoneeuro,cesontlaconstructionet les activités de la catégorie «commerce, transports et Horeca»).Enrevanche,l’accélérationdel’emploidans l’administrationpublique, ladéfense, l’éducationet la santé a largement soutenu la croissance totale des ef- fectifs en 2023 (contribuant à hauteur de 0,8 point de %). Sur la fin de 2023, suite à un fort ralentissement, lescréationsd’emploiauLuxembourg(avec+0,4%sur untrimestreenT4,soit+1,7%surunan)ontrejointun rythmetrèssimilaireàceluidelazoneeuro(+0,3%sur un trimestre). Vu la trajectoire duPIB sur les derniers trimestres et lamauvaise orientation des autres indi- cateurs avancés de l’emploi (notamment des postes vacantsetdesheuressupplémentaires),lefreinagede l’emploi est susceptible de se prolonger en 2024. L’industrie principale responsable des économies de gaz auLuxembourg En raison de la crise énergétique, le Luxembourg a considérablement réduit sa consommation de gaz depuis le début de 2022, affichant une baisse de 23% par rapport à la période 2016-2021. Cette diminution de la consommation est majoritairement imputable (55%) àundéclinde la consommationde gazdans le secteurindustriel.Cependant,l’effetbaissierdansl’in- dustrie s’est affaibli ces derniers mois en raison de l’achèvementd’unimportantprojetdetransformation dans l’industrie du verre. En dehors de l’industrie, le gazestprincipalementutilisépourlechauffage,etles températures plus clémentes en 2022 et 2023 ex- pliquent près de 15% du recul de la consommation. Lapartrestante(30%)estattribuableàdeséconomies d’énergie liées au chauffage. On observe que celles-ci ont pris de l’ampleur depuis l’automne 2022, période qui coïncide avec la dernière hausse du prix de gaz (avant que celui-ci soit plafonné suite aux accords tri- partites)etlamiseenplacedecampagnesdesensibil- isation aux niveaux national et européen. Source :STATEC 1)Dufaitdeleurinsularité,cesdeuxEtatsavaientparticulièrementsouffert de l’effondrementdesarrivéestouristiquesparavion. 2) Que ce soit pour la valeur ajoutée ou l’emploi, les données détaillées de l’Horecapourlesautrespaysdelazoneeuronesontpasencoredisponibles pour2023(ellessontagrégéesaveccellesducommerceetdestransports). 3)Lesentreprisesde labrancheontpubénéficieràpartirdemars2020du régimespécial«chômagepartielpourcasde forcemajeure liéeà lacrisedu COVID-19»etce jusqu’à lami-2021. 4)Surlafinde2023,leseffectifsdel’Horecasontsupérieursd’environ6% àleurniveaud’avantlapandémie:+15%pourlestraiteursetlarestauration collective,+9%pourlarestaurationclassique,mais-3%dansl’hébergement et-8%dans lesdébitsdeboissons. 5)Surbasedesdonnéescorrigéesdesvariationssaisonnières. 6) Il atteint 2,0% au 4 e trimestre 2023, après avoir culminé à 4,0% au 2 e trimestre2022. Publication mensuelle du STATEC sur l’état de la conjoncture luxembourgeoise Horeca : rattrapage post pandémie en demi-teinte © 2024 Deloitte Tax & Consulting, SARL Do you have innovative or sustainable projects ongoing ? Did you know that you can get up to 18% Investment Tax Credits for digital and ecological transformations ? Visit our webpage today to know how you can EHQHȴW IURP WKLV LQFHQWLYH Unlock the Future of your Business in Luxembourg! SCAN ME AC TIVITÉET E M PLOID ANS L'HORE CA Source: STATEC (Comptes nationaux, données désaisonnalisées) 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 19 T1 19 T2 19 T3 19 T4 20 T1 20 T2 20 T3 20 T4 21 T1 21 T2 21 T3 21 T4 22 T1 22 T2 22 T3 22 T4 23 T1 23 T2 23 T3 23 T4 Indices 2019 T1 = 100 Emploi total Heures travaillées Valeur ajoutée en vol.

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