Agefi Luxembourg - novembre 2025
AGEFI Luxembourg 40 Novembre 2025 Droit / Emploi P ISA est le Programme interna- tional pour le “suivi des ac- quis” des élèves de 15 ans, mis en place par l’OCDE au début des années 2000, avec évaluation tous les trois ans dans de nom- breux pays. Les derniers résul- tats ont une fois de plus jeté une lumière crue sur les fragilités de l’enseignement en France et en Belgique francophone : des systèmes assez différents, mais des symptômes si- milaires et un niveau in- férieur à la moyenne OCDE. Recul depuis une vingtaine d’an- nées et niveau absolu inquiétant en mathéma- tiques et en lecture, décrochage scolaire persistant, enseignants en perte de repères et, enfin, incapacité criante à corriger les inégalités sociales. Pourtant, les intentions politiques nemanquent pas : réformes structurelles, investissements budgétaires, tronc commun prolongé, nouveaux pro- grammes…Alors pourquoi un tel sentiment d’échec ? Pourquoi a-t-on l’impression que, malgré les efforts, l’école francophone né- glige sa mission fondamentale : enseigner les bases du savoir et du raisonnement, préparer à réussir ? Un égalitarisme bien intentionné mais mal appliqué Osons la question qui fâche : et si une partie du problème venait d’une conception dévoyée de l’égalité ? Depuis plusieurs décennies, en France comme en Communauté française de Belgique (aussi appelée Fédération Wallonie-Bruxelles), un discours dominant a progressivement éva- cué les notions d’exigence, de hiérarchie des sa- voirs, voire de mérite. Le tronc commun, les parcours scolaires indiffé- renciés longs, relevaient certes d’une volonté légi- time de lutter contre les déterminismes sociaux mais cette stratégie, appliquée sans filet, a souvent produit l’effet inverse : en refusant de reconnaître les différences de rythme, de besoin ou encore d’ambition, on a creusé davantage les écarts. Les familles les mieux armées contournent le sys- tème, multiplient les aides privées ou choisissent les établissements les plus “protégés”. Les autres décrochent tout simplement. L’école, au lieu de jouer son rôle d’ascenseur social, devient unmiroir des inégalités. Des systèmes différents, une crise de sens partagée Certes, la centralisation rigide du système français n’est pas la communautarisationcomplexede laBel- gique. Mais au-delà des structures, le mal est pro- fond : l’école francophone ne sait plus très bien ce qu’elle doit transmettre, ni comment. Sous prétexte d’ouverture ou demodernisation, on a parfois abandonné les fondamentaux : la rigueur, la clarté des objectifs, la valorisation du savoir, l’au- torité bienveillante de l’enseignant. Le mot “excel- lence” est devenu suspect, comme s’il était incompatible avec la justice sociale. Quelques pistes pour tenter de sortir de l’impasse Il faut retrouver unéquilibre lucide entre autonomie et exigence, entre équité et diversité des parcours, entre innovation pédagogique et transmission ri- goureuse. Quelques pistes s’imposent. L’uned’elles viserait à revaloriser le savoir comme outil d’éman- cipation et non comme simple compétence “utile”. Une autre piste consisterait à faire davantage confiance aux enseignants en les soutenant dans leur rôle, au lieu de les submerger de réformes. Enfin, assumer des exigences, tout en les rendant claires, lisibles et compréhensibles par tous. Le chantier est certes important,mais il est temps de s’y atteler. Car sans école forte, il n’y a ni cohésion sociale, ni avenir commun. Lemonde francophone, riche de sadiversité,mérite une ambition éducative à la hauteur de ses valeurs. Stéphanie HENG (portrait), politologue et experte en communication Alban de La SOUDIÈRE, polytechnicien, fonctionnaire international émérite Les auteurs s’expriment à titre personnel. Enseignement francophone : à la dérive ? Par Netty THINES, Conseil en communication, Mediation SA* L a find’année approche. Les agen- das sont pleins, les boîtesmail ra- lentissent, et dans les entreprises du secteur financier comme ailleurs, une date commence à s’imposer : celle de la fête de find’année. Le scénario est souvent bien rodé : quelques discours, un dîner assis, un fond musical, quelques applaudisse- ments polis. Un moment agréable, certes. Mais dans un contexte où l’en- gagement des collaborateurs, l’inclu- sion et la fidélisation sont devenus des priorités stratégiques, ce rendez-vous pourrait — et devrait — avoir beau- coupplusd’impact. La fêtedefind’an- née ne doit plus être vue comme un simple “bonus social”. Lorsqu’elle est pensée avec intention, elle devient unvéritable outil de culture d’entreprise. D’un événement classique à une expérience porteuse de sens Lesmeilleursévénementsnesedistinguentpasparla qualitédumenuoudel’animation.Cequimarqueles esprits, ce sont les liens humains qu’ils permettent de tisser. Dans un secteur comme la finance, structuréparlessilos,lapressiondesrésul- tatsetdesorganisationstrèsspécialisées,of- frirunespaced’échangeauthentiqueestune opportunité rare—et précieuse. Certaines entreprises repensent aujourd’hui leurs fêtes de find’année pour en faire de vé- ritables accélérateurs de cohésion. Cela passe par : - Des activités collaboratives qui décloi- sonnent les équipes - Des temps forts valorisant les talents internes autrement que par leurs ré- sultats - Des formats participatifs (ateliers, défis, jeux) qui favorisent l’engage- ment actif -Uneprogrammationinclusive,res- pectueusedesdifférencesculturelles et des sensibilités Il ne s’agit pas de viser le spectaculaire, mais de créer desconnexionssincères.Etc’estlàquelacultured’en- treprise devient palpable. Un investissement stratégique, pas une ligne de dépense Dans le secteur financier, chaque budget doit faire sens. Et celui d’un événement interne n’échappe pas à la règle. Mais augmenter les moyens alloués à une fête de fin d’année, ce n’est pas une dépense superflue — c’est un investissement ciblé. Un événement bien conçu permet de : - Renforcer le sentiment d’appartenance - Encourager la collaboration transversale - Stimuler la motivation et la fidélité des équipes - Construire un environnement de travail plus in- clusif Ces bénéfices ne relèvent pas dudiscours RH idéa- liste. Ils se mesurent concrètement, en impact sur le climat social, l’engagement et même la perfor- mance collective. Oui, on peut mesurer le retour sur investissement Certes, l’impact d’un événement ne se voit pas im- médiatement dans le rapport du T1. Mais il se lit dans le quotidien des équipes : - Plus de participation aux projets internes - Une communication plus fluide entre départe- ments - Une baisse du turnover volontaire - Demeilleurs retours dans les baromètres sociaux - Un sentiment d’inclusion renforcé Certaines entreprises vont plus loin avec un mini- sondage post-événement :Avez-vous rencontré de nouveaux collègues ? Vous êtes-vous senti inclus ? L’événement vous a-t-il rapproché de votre en- treprise ? Recoupées avec les données RH, ces réponses of- frent une lecture fine de l’impact réel. Ce qu’on retient, ce n’est pas (que) le menu Soyons honnêtes : si le repas est raté, ça se sait.Mais ce que les collaborateurs emportent vraiment avec eux, ce sont les émotions, les échanges et le senti- ment d’avoir trouvé leur place. Ils se souviennent de ce qu’ils ont ressenti. De s’être sentis bienvenus. Écoutés. Reconnectés à leur équipe, à leur entreprise. Alors au lieu de cocher une case avec un dîner for- mel, posons une autre question : comment créer une expérience fidèle à ce que nous sommes — et à ce que nous voulons construire ? Dans un environnement de travail de plus en plus hybride, où les échanges informels se raréfient, la fête de fin d’année peut devenir un outil puissant pour renforcer la culture d’entreprise. Autant ne pas la sous-estimer. * https://mediation-sa.lu / Fêtes de fin d’année en entreprise : Transformer un moment festif en levier de connexion S elon le Global Entrepre- neurship Monitor (GEM), les intentions entrepreneu- riales et l’activité en phase de lancement ont continué de croî- tre en 2024. Bien que la reprise post-pandémique progresse, les prévisions de croissance des en- trepreneurs restent faibles. En 2024, la part des résidents impliqués activement dans une nouvelle entreprise est passéeà9,9%, contreunniveauhisto- riquementbasde7%en2022.Lapropor- tion d’entrepreneurs nouveaux était plus élevée auLuxembourgquedans lespays européens observés (+0,7%) en 2024. La peur de l’échec, qui avait augmenté après la période COVID, a fortement di- minué en 2024. 41 % des répondants qui perçoivent de bonnes opportunités com- merciales hésitent à se lancer à cause de cette peur — le niveau le plus bas jamais enregistré auLuxembourg. Malgré cela, certains défis persistent : 44 %des entrepreneurs ont déclaré des attentes de croissance plus faibles que l’année précédente, soit la part la plus élevée parmi les pays observés. Les entrepreneurs luxembourgeois valorisent l’intelligence artificielle Pour la première fois, le GEM Luxem- bourgarecueillilesopinionsdesentrepre- neurs sur l’intelligence artificielle (IA). Environ34%desentrepreneursenphase initiale (TEA [1] ) considèrent l’IA comme trèsimportantepourleurentreprise.Cela place leLuxembourgen têtedespays eu- ropéens, où lamoyenne est de 22,3%. Les entrepreneurs sont à la foisoptimistes etprudentsvis-à-visdel’IA.Environ68% des entrepreneurs TEA au Luxembourg estiment que l’IAaméliorera la producti- vitéetl’efficacitédesopérations—letaux leplusélevéenEurope,bienau-dessusde lamoyenne européenne de 46%. Cependant, 58%des entrepreneurs TEA pensent que l’IApourrait nuire à leur ac- tivitéenraisondesrisquesliésàlasécurité desdonnées et à lavieprivée, contre 45% enmoyenne enEurope. Les entrepreneurs luxembourgeois confirment leur engagement fort en faveur dudéveloppement durable En 2024, 54%des entrepreneurs ont dé- claré s’engager activement dans la ré- duction de l’impact environnemental de leur entreprise. 66 % ont indiqué s’engager activement dans lamaximisa- tion de leur impact social. Le Luxem- bourg occupe ainsi la première place du classement international. Caractéristiques des entrepreneurs au Luxembourg : - Entrepreneuriat par nécessité : Le Luxembourgafficheuntauxinférieuràla moyenne européenne. 39%des entrepre- neursluxembourgeoisdéclarentavoircréé leur entreprise faute d’emploi disponible, contre 57%enmoyenne dans l’UE. -Écartentrelessexes :LeGEMmontrede manièreconstantequelesfemmesontune propensionplusfaibleàentreprendre.Cet écart s’est accentué en 2024 : 6,4 % de femmes entrepreneures contre 13,3 % d’hommes, alors qu’en 2023, les chiffres étaientde8,7%pourlesfemmeset10,6% pour les hommes. - Plus d’entrepreneurs parmi les immi- grés que les natifs : En 2024, 11,7 % des immigrés étaient engagés dans une acti- vité entrepreneuriale naissante (TEA), contre 7%des natifs. Les entrepreneurs signalent des difficultés d’accès aux bureaux et aux financements Depuis 2016, GEM Luxembourg inter- roge les répondants sur les forces et fai- blesses de l’écosystème entrepreneurial national.En2024,uneétudepilotemenée avec laChambredeCommerce a exploré laperceptiondes entrepreneursnon-rési- dents. Les entrepreneurs enphase initiale au Luxembourg (55 %) et dans les pays voisins (67 %) ont exprimé des préoccu- pationsconcernantladisponibilitédebu- reaux abordables. De plus, 55 % des résidents et 33 % des non-résidents ont déclaré rencontrer des difficultés d’accès aufinancement. [1] TEA (Total early-stage Entrepreneurial Activity) désigne la part de la population adulte engagée dans la créationoulagestiond’uneentreprisedemoinsde3,5ans. Rapport :https://short.do/uCRkIf Source : STATEC L’entrepreneuriat progresse au Luxembourg, tandis que l’IAsuscite à la fois optimisme et inquiétude Source : GEM2024 2025 - Taux d’activité entrepreneuriale en phase initiale (%de la population) L’activité entrepreneuriale naissante continue de croître
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