Agefi Luxembourg - octobre 2024

AGEFI Luxembourg 16 Octobre 2024 Wealthmanagement / Banques I ndosuez Wealth Management, filiale de Crédit Agricole S.A., a finalisé en juin 2024 l’acqui- sition de Degroof Petercam, dont elle devient actionnaire majoritaire aux côtés de CLdNCobelfret son actionnaire historique. Olivier CARCY, Chief Executif Officer d’Indosuez en Europe, dont le siège est au Luxembourg, et Senior Country Officer pour le groupe Crédit Agricole au Luxembourg nous explique les bien- faits de cette acquisition. Monsieur Carcy, P ourriez- vous tout d’abord nous présen- ter votre groupe en quelques mots ? Indosuez est un acteur majeur de la gestion de for- tune et filiale dugroupeCréditAgricole, 9e banque mondiale et 1 ere banque de proximité enFrance, qui bénéficie d’une stabilité actionnariale très forte en tant que banquemutualiste et d’une solidité finan- cière reconnue. Ce sont deux éléments très impor- tants pour tous nos clients. Depuis plus de 150 ans, IndosuezWealthManage- ment accompagne des grands clients privés, des fa- milles et des entrepreneurs professionnels pour la gestion de leur patrimoine privé comme profes- sionnel. Nous disposons d’une offre très large et complète qui s’est étoffée avec l’acquisition, désor- mais finalisée depuis le 3 juin, d’un des leaders belges de la banque privée, Degroof Petercam. Nous nous appuyons également sur les expertises dugroupeCréditAgricole et de certaines de ses en- tités comme Crédit Agricole Assurances, Amundi ou encore Crédit Agricole CIB, pour répondre aux besoins élargis de nos clients. Le groupe In- dosuez est présent sur 16 territoires, prin- cipalement en Europe, enAsie-Pacifique, auMoyen-Orient. Depuis le Luxembourg, Indosuez accom- pagne ses clients européens à travers son réseau de succursales basées, en Espagne, en Italie, au Portugal et en Belgique via De- groof Petercam. Le Luxembourg est une place importante pour le groupe Crédit Agricole, qui y est présent depuis plus de 100 ans, avec plus de 3000 collaborateurs. Indosuez Wealth Manage- ment a finalisé le 3 juin 2024 l’acquisitiond’uneparticipation majoritairedanslabanqueprivéeet d’investissementDegroofPetercam. Pour- quoi avoir rachetéDegroof Petercam? C’est un beau projet qui permet de créer un lea- der européen de la gestion de fortune. Ce rappro- chement compte parmi les opérations les plus significatives du secteur depuis 10 ans en Europe. Avec plus de 200 milliards d’actifs sous gestion et 4500 collaborateurs, le groupe Indosuez change de catégorie. Nous renforçons notre présence en Europe notam- ment en Belgique, marché dynamique qui com- prend beaucoup d’entrepreneurs ainsi que de nombreux investisseurs privés et professionnels. La Belgique devient notre premier marché. Cette acquisition ouvre une porte pour le groupe Crédit Agricole dans le nord de l’Europe, et plus précisément au Benelux. Nous nous attendons à voir de nombreuses synergies avec les entités du groupeCréditAgricole, par exemple avec certaines Caisses régionales. Qu’est-ce que cette opération va concrètement apporter à vos clients ? Notre stratégie est de répondre à tous les besoins de nos clients à partir d’une gamme complète de solutions et de services. Avec cette opération, ils vont bénéficier d’unepropositionde valeur enrichie et d’un continuumde services reposant sur la com- plémentarité des expertises des deux entités : d’une part, les activités de conseil aux entrepreneurs de Degroof Petercam, de conseil en gestion financière et offres de fonds, notamment ESG, ses capacités de fund servicing ; d’autre part, l’offre étendue de ser- vices d’IndosuezWealthManagement notamment en produits structurés, private equity, immobilier, ainsi que l’accès à notre capacité de financement et notre réseau international. Notre offre intégrant conseil, financement, solu- tions d’investissement, fund servicing, solutions technologiques et bancaires est parmi les plus com- plète du marché. Nous pouvons financer des pro- jets d’investissement et de développement de nos clients en nous appuyant, le cas échéant, sur l’en- semble des expertises du Groupe, ce qui est un vé- ritable élément différenciant. Enfin nous partageons avec Degroof Petercamune approche ESGsolidement intégrée dans nos offres. Aujourd’hui, 91% de nos fonds se rangent entre la catégorie 8 et 9. C’est un avantage compétitif qui existe chez Degroof Petercam depuis plus d’une vingtaine d’années. Et au Luxembourg, concrètement. Quel va être l’impact de cet accord ? Notre clientèle, composée d’entrepreneurs et de fa- milles, est assez proche de celle de Degroof Peter- cam. Le potentiel de développement est très important car cela nous permettra d’offrir une gamme de produits et services étendue sur lemar- ché luxembourgeois.Ainsi, nous aurons l’opportu- nité de proposer ces expertises complémentaires non seulement pour nos clients actuels, mais aussi pour une nouvelle clientèle. Il s’agit d’unprojet am- bitieux où chaque collaborateur jouera un rôle es- sentiel pour réaliser nos objectifs. Luxembourg étant le hub des succursales euro- péennes d’Indosuez au-delà de nos 2 marchés do- mestiques belges et français, nos collaborateurs auront également un rôle déterminant dans le dé- veloppement et l’accélération de nos diverses acti- vités à travers l’Europe. Nous sommes très heureux d’accueillir les collaborateurs de Degroof Petercam et nous sommes convaincus qu’ensemble, net avec la puissance et solidité du groupe Crédit Agricole nous pourrons continuer à délivrer lemeilleur ser- vice possible à nos clients. Quelles sont les prochaines étapes de l’intégra- tion ? Nous avons acquis, le 3 juin, 65%du capital de De- groof Petercamaux côtés de la familleCigrang, son actionnaire historique qui détient 20% du capital. Nous avions lancé une Offre Publique d’achat vo- lontaire dans la foulée et contrôlons désormais 76% du capital. Nous concentrons désormais nos efforts pour réussir le rapprochement de nos deux banques, et en particulier entre nos plateformes en Belgique, Luxembourg et en France. Des groupes de travail sont déjà établis afin de pouvoir avancer concrètement sur nos différents projets. D’autres acquisitions sont-elles envisagées pour l’avenir ? Notre objectif principal est prioritairement de mener à bien l’intégration des équipes de Degroof Petercamau seind’IndosuezWealthManagement, c’est un travail à la fois passionnant et exigeant. En parallèle, nous poursuivons notre croissance orga- nique sur plusieurs marchés européens. Nous avons annoncé en mars 2024 l’ouverture officielle de notre succursale au Portugal, un pays que nous développons depuis 2017. Rencontre avec Olivier CARCY, CEO Indosuez Europe, SCO Luxembourg Groupe Credit Agricole “Le groupe Indosuez change de catégorie” A près undébut d’annéemarqué par un engouement sans précédent autour du thème de l’intelli- gence artificielle, lesmarchés semblent faire preuve d’une plus grande pru- dence depuis l’été. ChezCapitalatWork, nous sommes persuadés que cette re- mise enquestion est largement justifiée. Depuis l’émergence de ChatGPT, le secteur des valeurs liées de près ou de loin au thème de l’IA a connu une performance boursière exceptionnelle. Bien que la situation ac- tuelle ne soit pas compara- ble aux extrêmes de la fin des années 90, lorsque la bulle des .comatteignait son apogée, certains parallèles restent intéres- sants à souligner. L’importance des fondamentaux économiques En tant qu’investisseurs «bottom-up» avec une ap- proche à long terme, nous sommes convaincus que les fondamentaux économiques sont les véritables moteurs de l’évolution du cours de bourse d’une société. La croissance économique, l’inflation, le ni- veau des taux d’intérêts, les niveaux de valorisa- tion, et surtout l’évolution des bénéfices des entreprises, influencés par ces différents facteurs, jouent un rôle crucial. A court terme, cependant, les émotions prennent souvent le dessus. Les investisseurs peuvent, à cer- tainespériodes, accorder peuoupasd’importance à certains signaux, puis leur donner une importance vitale à d’autres moments. Il n’est d’ailleurs pas rare que lesmauvaises nouvelles soient accueillies tantôt avecferveur,tantôtavecterreur.Parexemple,récem- ment, lesmarchés se réjouissaient lors de la publica- tion de mauvaises statistiques économiques, alors qu’en août dernier, de mauvais chiffres sur l’emploi américain ont provoqué une correction. Ceprincipedel’interprétationdesdonnéesàgéomé- trie variable s’applique également au niveau micro- économique, lors de la publication des résultats des entreprises.Cequiimporten’esttantpaslechiffreab- solu, mais l’écart entre ce chiffre et les attentes.Ainsi, des résultatsdécevantspeuvent êtreperçuspositive- ment s’ils sontmoinsmauvais que prévu. Nvidia, la nouvelle star des marchés Nvidia est une société américaine, leader dans la conceptionde processeurs et de puces intégrées. Elle joue un rôle crucial dans le secteur de l’intelligence artificielle grâce à ses solutions logicielles et matérielles avancées qui propulsent les innovations en IA. Dans ce domaine, jusqu’à récemment, la conférence de rentrée deApple était l’undes événements les plus attendus de l’an- née par la communauté finan- cière. Cependant, depuis quelques temps, c’est la pu- blication des résultats trimes- triels de Nvidia qui occupe le devant de la scène. Les chif- fres qu’ils communiquent donnent en effet le ton pour le secteur leplus envoguedumo- ment. Trimestre après trimestre, les chiffres publiés étaient si impressionnants qu’aucun superlatif applicable à une sociétémature ne semblait suffisant pour les décrire. Et pourtant… Lemarché, toujours avide de rendement, a fini par se lasser. Le 28 août dernier, Nvidia annonçait un chiffre d’affaires record de plus de 30 milliards de dollars pour le second trimestre, soit une crois- sance de 122%par rapport à lamême période l’an- née passée. Les attentes du marché étaient de 28,7 milliards. Malgré cette croissance incroyable et la surprise positive, les marchés, accros aux records, ont jugé cela insuffisant. Le cours de l’action a perdu près de 5% en bourse dès le lendemain. Lorsque le cours de bourse d’une action est «pricé» pour la perfection, battre les attentes ne suffit plus, il faut aller encore plus loin.Mais est-ce bien ration- nel ? Nous n’en avons pas l’impression. Le cas de Nvidia, bien que très médiatisé, n’est pas unique. Les niveaux de valorisation de quelques grandes entreprises ont atteint des sommets cette année, rendant les attentes en termes de croissance et de profitabilité presque inatteignables. Aurait-on atteint un point de rupture dans la frénésie qui en- toure l’intelligence artificielle ? C’est possible. Selon nous, cette question n’est toutefois pas perti- nente pour l’investisseur à long terme, qui devrait se concentrer sur deux choses : la pérennité du bu- siness model, et la valorisation. Adoptons une approche pragmatique du secteur de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, des cen- taines de milliards sont investis dans le domaine de l’IA au sens large. La construction de l’infra- structure concentre cependant une grande partie de ces dépenses, ce qui permet àNvidia de profiter de la croissance que nous connaissons. Aucune surprise jusque-là, mais nous parlons du court terme et non du long terme. Pour justifier la pertinence d’un investissement, la question de sa rentabilité se pose inévitablement. Comment ces entreprises qui investissentmassive- ment dans le secteur vont-elles pouvoir en tirer profit ? La réponse à cette question nous semble loin d’être évidente. Le client final sera-t-il prêt à payer son smartphone plus cher pour pouvoir pro- fiter des fonctionnalités IA, qui restent actuelle- ment des gadgets pour la plupart ? Les clients de Microsoft vont-ils souscrire massivement à un abonnement «Copilot», alors que ce produit doit encore prouver sa valeur ? Nous ne remettons pas en cause les gains de productivité qui suivront l’adoption des outils d’IA. question de lamonétisation de ces derniers semble en revanche plus floue. Des investissements aussi massifs sans retombée positives majeures seraient en effet terribles pour les marges bénéficiaires des entreprises. Et nous n’évoquonsmême pas la ques- tion de la concurrence, qui ne s’est pas encore plei- nement manifestée dans cemarché en plein essor. OpenAI : une valorisation élevée et des défis à relever OpenAI, l’entreprise derrière le lancement de ChatGPT, est actuellement valorisée à 157milliards de dollars. Elle a récemment annoncé avoir levé 6,6 milliards de dollars supplémentaires auprès de di- vers investisseurs, dont ThriveCapital,Microsoft et Nvidia, générant ainsi l’une des plus grosses levées de fonds privés de l’histoire. Cet argent frais sera principalement destiné àfinancer le fonctionnement de l’entreprise, qui est actuellement toujours défici- taire. Les estimations données par OpenAI pré- voient en effet une perte annuelle d’environ 5 milliardsdedollars et unchiffred’affairesde 3,7mil- liards pour 2024. Bien que ces chiffres à court terme interpellent, ce sont les objectifs de croissance à long terme qui retiennent notre attention. OpenAI vise un chiffre d’affaires de 100 milliards d’ici 2029, soit une croissance annuelle de plus de 90% sur cinq ans. Est-ce possible ? Peut-être. Opti- miste ? Probablement. Incertain ? Certainement. Rappelons qu’OpenAI est encore aujourd’hui une entreprise sans but lucratif, bienqu’il semble que ce statut soit en cours de changement. Trouver unmo- dèle de croissance rentable pour ce secteur reste un défi. La monétisation des services des grands ac- teurs de l’internet n’est plus à démontrer, mais ce n’est pas encore le cas pour une grande partie des technologies «IA». A la vue de ces informations, il nous semble donc légitime de remettre en question les attentes des marchés, surtout si elles se basent sur des objectifs de croissance aussi élevés. Prenons l’exempledeCisco, qui était, à lafindes an- nées 90, dans une situation un peu comparable à celle de Nvidia aujourd’hui. Leader dumarché des routeurs internet, l’entreprise américaine avait une valorisation de 500milliards de dollars avant l’écla- tement de labulle, et était laplus grosse société cotée en bourse.Avec un bénéfice par action de 0,36USD et un cours de bourse à 53 USD à la fin de l’année 1999, le P/E de Cisco était alors de presque 150. La valorisation était par conséquent très élevée et justi- fiait des attentes de croissance irréalistes. Au- jourd’hui, près de 25 ans plus tard, nous pouvons constater que le businessmodel deCisco s’est avéré très solide et l’entreprise a connu une excellente croissance : le bénéfice par action était de 2,86 USD pour l’exercice 2023, soit une croissance annuelle moyenne de plus de 8%. Le cours de bourse en re- vanche, lui, est toujours à 53USD. L’investisseur qui a acheté les actions de cette belle entreprise, qui était alors trop chère, n’auraperçuaucun rendement du- rant 25 ans, hormis les dividendes. Conclusion : la solidité et la valorisation avant tout Ces exemples illustrent pourquoi, chez Capitalat- Work, nous pensons qu’analyser la solidité dumo- dèle économique d’une entreprise est essentiel avant d’investir. C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante ! La valorisation est tout aussi cruciale. Il est impossible de prédire les mouve- ments de marché à court terme, et ce qui est déjà cher peut devenir encore plus cher lorsque les émo- tions prennent le pas sur la raison. Sur le long terme, une approche basée sur les fondamentaux permet de garder la tête froide, bien qu’il faille par- fois faire le dos rond lorsque les marchés sont pris d’une euphorie à laquelle nous ne participons que partiellement. Et ce n’est pas la concentration iné- dite que nous constatons aujourd’hui dans les prin- cipaux indices qui risque de nous faire changer d’avis. Comme Saint-Thomas en son temps, nous ne croyons que ce que nous voyons. Pierre-Henry OGER Head of PortfolioManagement Luxembourg CapitalatWork Foyer Group S.A. Marchés financiers et intelligence artificielle : je t’aime, moi non plus

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