Agefi Luxembourg - novembre 2024
AGEFI Luxembourg 8 Novembre 2024 Economie Opinion-ParPhilippeLEDENT,SeniorEconomist, INGBelgique-Luxembourg L a victoire deTrump introduit de nombreuses “inconnues connues”.Mais une chose est sûre : unDonaldTrump audacieux n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. L’inflationetl’immigrationayantétélesfacteurs décisifsdansl’électionprésidentielleamé- ricaine, on peut s’attendre à ce que le nouveau président fasse tout ce qui est en son pouvoir pour tenir ses promesses. Forcément, tout le monde adapte ses prévisions comptetenudel’impactsurl’écono- mie mondiale du vote américain. Ces prévisions évolueront certaine- ment dans les mois à venir, une fois quelesannonceslaisserontlaplaceàun agenda clair et desmesures concrètes. Enattendant, une certaineprudence est demise.On risque en effet d’assister à une nouvelle mise à l’épreuve de “l’économie du ruissellement” aux Etats-Unis. Cette expérience de politique écono- mique, également connue sous le nomdeReagono- mics ou Trumponomics, soutient qu’une baisse des impôts entraînera in fine une augmentation des re- cettes publiques. Dès lors, la baisse des impôtspour leshauts revenus et les en- treprises profiterait en fin de compte à tout lemonde. Jusqu’à présent, cependant, cela n’a ja- mais fonctionné dans la pratique. De même, l’idée selon laquelle des droits de douane plus élevés peuvent contribuer à réduire la dette publique des États- Unis risque également de manquer sa cible, car il ne s’agit pas de sur- taxes payées par des gouvernements ou des entreprises étrangères au gou- vernement améri- cain, mais de coûts plus élevés qui doivent en fin de compte être payés par les consomma- teurs. Enfin, il sera intéressant de voir comment les réductions d’impôts et ladéréglemen- tationpeuvent simultanément conduire àune crois- sance plus élevée et à une inflation plus faible. Un cauchemar pour l’Europe En Europe, la victoire de Trump signifie que le pire cauchemar économique est en train de se réaliser. Son second mandat risque de frapper l’économie européenne à unmoment beaucoupmoins favora- ble que le premier. En 2017, l’économie européenne était relativement forte. Aujourd’hui, elle est confrontée à une croissance lente et lutte contre une perte de compétitivité. Une nouvelle guerre commerciale imminente, avec desdroitsdedouanede10à20%surlesproduitseu- ropéens, pourrait faire passer l’économie de la zone euro d’une croissance lente à une récession. L’Alle- magne, qui dépend fortement du commerce avec les États-Unis, serait particulièrement touchée par les droits de douane sur les voitures européennes. En outre, l’incertitude quant à la position de Trump sur l’Ukraine et l’OTAN pourrait saper les indica- teursde confianceéconomique récemment stabilisés dans l’ensemble de la zone euro. Enfin, la dérégle- mentation américaine des secteurs technologique et financierrendralesrèglesdujeudéjàinégalesencore plus inégales. Bref, les politiques économiques de Trumppourraient détériorer davantage la compéti- tivité européenne. Expériences politiques intéressantes en cours Lesresponsablespolitiqueseuropéensaffirmentqu’ils sont prêts à faire face à une deuxième présidence Trump. Même si des rumeurs indiquent l’existence d’unelisted’éventuellesmesuresderétorsion,ceserait latoutepremièrefoisqu’unetellelistecirculeraitdans les couloirs des institutions européennes sans qu’elle soitdivulguéeauxmédias.Celaindiquequecetteliste n’existe peut-êtremême pas. IlfautavouerqueTrumps’apprêteàfrapperl’Europe nonseulementàunmomentdefaiblesseéconomique, mais aussi à un moment d’instabilité politique. Pen- dant le premier mandat de Trump, Emmanuel Ma- cronetAngelaMerkelontforméunaxepolitiquefort. Aujourd’hui, la France est en difficulté et le gouver- nement allemand vient de s’effondrer. L’axe franco- allemand n’est plus vraiment solide. Cela soulève vraimentdesdoutessurlacapacitédel’Europeàtrou- ver des réponses adéquates à Trump. Mais le problème n’est pas de trouver ces réponses. Elles sont déjà présentes dans le rapport deM. Dra- ghi publié en septembre, qui appelle àdes réformes, à la déréglementation, à l’activité transfrontalière et àdes investissements àgrandeéchelleafind’amélio- rer la croissance, la productivité et la compétitivité. Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais “si ce n’est pasmaintenant, quand est-ce que ce sera ?” est à nouveau la question qui se pose à l’Europe. Une chose est sûre : Trump2.0apporterades expériences politiques potentiellement intéressantes aux États- Unis et en Europe. Et le perdant est... l’Europe ! Q uintet PrivateBank, établie à Luxembourg et opérant à travers l'Europe et leRoyaume-Uni, a annoncé le lancement de sonbureau finlandais. Basé auGrand-Duché, ce bureau est composé d'une équipe de cinqprofessionnels finlan- dais expérimentés qui ont re- joint la banque privée en septembre. Sous ladirectiondunouveau res- ponsable de l'équipe finlandaise de Quintet, Tero Gabrielsson – qui a exercé dernièrement les fonctions de Managing Director & Head of Wealth Management Finlandà l'UnionBancairePrivée au Luxembourg – ce groupe de professionnels apporte à Quintet plus d'un siècle d'expérience col- lective au servicedes familles for- tunés de Finlande et de l'ensem- ble de la région nordique. Tous ont précédemment travaillé ensemble à l'Union Bancaire Privée et, auparavant, chez Danske Bank. En rejoignant Quintet, les mem- bres de l'équipe finlandaise ont retrouvé Mads Midtgaard, leur ancien collègue de Danske Bank, qui occupe depuis 2021 le poste de Market Head, Nordic International, au sein de Quintet Luxembourg. Dans le cadre de ses fonctions, M. Midtgaard dirige une équipe soudée qui comptedésormais 15profession- nels au service des clients domi- ciliés dans les pays nordiques et expatriés en Europe, notamment en provenance duDanemark, de Suède et de Finlande. Quintet a l'intention de développer cette équipe au fil du temps. Parallèlement, Quintet poursuit le développement de ses activi- tés au Danemark via Quintet Danmark, succursale du groupe basée à Copenhague qui a ouvert ses portes en 2020. Au cours des cinq dernières années, Quintet Danmark et l'équipe Nordic International de Quintet Luxembourg ont enre- gistré une croissance annuelle constante en termes de clients, de chiffre d'affaires et d'actifs. L'ensemble de ces activités s'ins- critdanslastratégienordiqueglo- bale de Quintet, pilotée par Ole Jensby, CEO pour les pays nor- diques. Quintet se tourne vers la Finlande @Quintet Par Luca PESARINI, Chief Investment Officer & PortfolioManager chez ETHENEA L 'économie américaine continue de résister. Par contre, à l'autre côté de l'Atlantique, la crois- sance économique de la zone euro a continué de s'affaiblir au troisième trimestre. LaChine, entretemps, lutte contre les pressions déflation- nistes et elle doit faire face à une attitude politique de plus enplus agressive de la part de ses partenaires commerciaux. Dans l'ensemble, les risques sont actuellement équilibrés. Un atterris- sage endouceurde l'économiemondi- ale est très proche. Le Fonds monétaire international(FMI)maintientsesprévisionsdecrois- sanceduPIBmondialà3,2%pourl'annéeprochaine. Pour lesÉtats-Unis, l'estimationaété relevéede1,9% à 2,2%, tandis que la prévision pour l'Europe a été abaissée de 0,3%à 1,2%. Les sondages conjoncturels continuent d'indiquer une contraction de l'activité danslesecteurmanufacturier.Lesecteurdesservices reste certes lemoteur de l'économiemondiale, mais il perd peu à peu de son dynamisme. L'économie américaine, contrairement à son homo- logue européenne, est très résistante. LaChine a an- noncé qu'elle prendrait des mesures fiscales et monétaires fermes pour soutenir sa croissance. Au niveaumondial, la situationde l'inflations'améliore. Dans un contexte de baisse des taux d'inflation, les banquescentralesdevraientprogressivementbaisser leurs tauxd'intérêt jusqu'à lafinde l'année2024et en 2025. LaBanque centraleeuropéenne (BCE) pourrait être contrainte d'accélérer le rythme de son cycle d'assouplissement. D'unepart,unegrandeincertitudedemeureenraison del'augmentationprobabledesconflitscommerciaux, des tensions géopolitiques et des déficits budgétaires élevés. D'autre part, la diminution de l'inflation, l'as- souplissement de la politique monétaire et le renforcement de la reprise économique en Chine devraient donner une impulsion im- portante à l'économie mondiale au cours des prochains trimestres. États-Unis : l'économie continue de résister L'économie américaine continue de résister. Des signes ré- cents indiquent une stabilisation grandis- sante. Au vu de don- nées économiques solides, les craintes d'une récession se sont dissipées en octobre. L'estimation actuelle du PIB pour le troisième trimestre est de 2,8% sur une base annuelle. Le revenu des personnes et les dépenses de consommation aug- mententmodérément, ce qui indiqueune économie refroidie, mais néanmoins en croissance. La de- mande desménages est stable et les ventes audétail de septembre ont surpris positivement. Les futures baisses de taux d'intérêt devraient en- core renforcer la confiance des consommateurs qui a récemment augmenté. La production industrielle est restée faible en septembre. En revanche, le secteur des services s'est sensiblement redressé en octobre, les prévisions et les entrées de commandes ayant nettement augmenté. Le dernier rapport sur lemarché du travail adépassé les attentes, avec une augmentation surprise de 254.000 emplois, des salaires moyens plus élevés et une baisse du taux de chômage à 4,1%. Ces chiffres indiquent qu'unatterrissage endouceur de l'économie est proche. L'inflation n'a que peu évolué en septembre. L'indice des prix à la consom- mation a baissé de 0,1%pour atteindre 2,4%, princi- palement en raison de la baisse des prix de l'énergie et des loyers. En revanche, l'indice des prix à la con- sommation de base a augmenté plus fortement que prévu, de 0,1% à 3,3%. L'économie étant stable, l'indicedes prix à la consommationde basepourrait rester à ce niveau jusqu'à la fin de l'année. Zone euro : signes de stagnation La croissance économiquede la zone euroa continué des'affaiblirautroisièmetrimestre.Lareprises'essouf- fleetdessignesinquiétantslaissentpenserquelazone euro pourrait retomber sur la voie de la stagnation aprèsunbondébutd'année2024.Malgréunchômage à un niveau record de 6,4%et des salaires en hausse, la reprise tant attenduede la consommationn'est pas au rendez-vous. Le taux d'épargne des ménages eu- ropéens est plus élevé qu'avant la pandémie. Il s'agit d'une nette divergence avec l'économie américaine. Lessondagessurl'activitééconomiqueindiquentune contraction de l'activité en octobre pour le deuxième mois consécutif. Unnet ralentissement du secteur in- dustriel en Allemagne et du secteur des services en France est à noter. La périphérie de la zone euro s'en sort nettement mieux. Si l'on regarde vers l'avenir, la nécessité de consolider les budgets constitue un ob- stacle supplémentaire à la croissance européenne. En raison de la baisse des prix de l'énergie, l'inflation a chuté à seulement 1,7%en septembre. L'objectif de la BCE n'a donc pas été atteint. Alors que l'inflation de basealégèrementbaisséà2,7%,l'inflationdesservices s'est maintenue à 3,9% sur une base annuelle. Même si les effets de base seuls feront augmenter l'inflation jusqu'àlafindel'année,nousnousattendonsàceque la trajectoire de désinflation se poursuive. Ainsi, après trois baisses de tauxde 25 points de base chacune, la porte s'ouvre à de nouvelles baisses de taux,éventuellementplusimportantes,danslesmois à venir. Compte tenudes risques baissiers qui pèsent surl'économieeuropéenne,nousestimonsqu'uneac- célération du cycle de baisse des taux par la BCE est appropriée et probable. Chine : lutte contre les pressions déflationnistes Le PIB chinois a progressé de 4,6% sur une base an- nuelle. L'économie chinoise est en proie à la faiblesse delademandeintérieure,àuntauxdechômageélevé et à une crise immobilière. La confiance des consom- mateurs et les investissements en actifs tangibles s'en trouvent affectés. La Chine lutte contre les pressions déflationnistesetdoitfairefaceàuneattitudepolitique deplus enplus agressivede lapart de sespartenaires commerciaux. Le fait que les indicateurs avancés de l'industriemanufacturièreaientquittélazonedecon- tractiondoitêtreconsidérécommeunelueurd'espoir. En revanche, le même sondage pour le secteur des services indique un ralentissement pour la pre- mière fois depuis décembre de l'année dernière. La déflation s'installe de plus en plus et il est difficile d'y remédier. En septembre, l'indice des prix à la consommationn'a augmenté quede 0,4%et l'indice des prix à la consommationde basede 0,1%sur une base annuelle. En revanche, les prix à la production ont baissé de 2,8% en glissement annuel. Inquiètes de l'affaiblissement de la dynamique de croissance, les autorités chinoises ont annoncé fin septembre un virage politique important. Pékin a considérablement intensifié ses efforts et an- noncé un ensemble de mesures larges et complètes pour atteindre son objectif de croissance annuelle. La PBoC a dépassé les attentes en abaissant plusieurs taux directeurs et en réduisant les taux de réserves obligatoiresàleurniveauleplusbasdepuis2018.Elle a également réduit le coût du crédit pour le secteur immobilier et annoncé des plans de stabilisation du marché. Le Ministère des finances a laissé entendre qu'il allait procéder à une révision budgétaire afinde soutenir le secteur immobilier, de résoudre le prob- lème de l'endettement des collectivités locales et de renforcer le capital des grandes banques publiques. Aucune mesure fiscale concrète n'a été prise jusqu'à présent. Lesdécideurspolitiques se sont contentésde promettre des «dépenses fiscales nécessaires» pour stimuler lemarchédu travail, soutenir la consomma- tion des ménages et stabiliser le marché immobilier. La dernière combinaison de mesures pourrait mar- quer un tournant dans la politique de relance de Pékin. Faute de détails, les marchés financiers n'ont pas encore été totalement convaincus. Les États-Unis, moteur de la croissance
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