Agefi Luxembourg - décembre 2024

Décembre 2024 7 AGEFI Luxembourg Economie / Banques A près une période de 12mois au cours de laquelle l’économie mondiale a fait preuve d'une ré- sistance surprenante, les perspectives pour 2025 suggèrent un retour à une croissance plus normalisée. Cette crois- sance devrait être alimentée par les États- Unis, lesquels devraient enregistrer une progression annuelle duPIB de 2,5%, leRoyaume-Uni et la zone euro restant en retrait avec respective- ment 1,5%et 0,8%. Dans un contexte de ralen- tissement de l'inflation, les banques centrales poursuiv- ront leur politique d'abaisse- ment des taux, laquelle devrait conduire à une normalisation des taux d'intérêt autour de 3,5% aux États-Unis et au Roy- aume-Uni, et de 2% dans la zone euro. Il est donc probable que les rendements des liquidités dimin- ueront, renforçant ainsi les incitations à investir ailleurs. Parallèlement, la croissance de l'économie chinoise devrait se poursuivre en dépit de diffi- cultés structurelles persistantes, notam- ment liées à l'immobilier et à la situation démographique, tandis que les droits de douane potentiels de l'administration Trump menacent de peser sur les flux commerciaux mondiaux. Telles sont les attentesde DanieleAntonucci (cf. portrait), Chief Investment Officer de Quintet Private Bank, qui a dévoilé le 12 décembre ses prévisions annuelles pour l'économie mondiale, les marchés financiers et les princi- pales classes d'actifs. «L'année 2024 a été un véritable concentré d'imprévisibilité», a déclaréM.Antonucci. «Les États- Unis ont évité la récessionmalgré les craintes initiales tandis que la zone euro et le Royaume-Uni n'ont accusé qu'un léger ralentissement et que la Chine a repris des couleurs vers la fin de l'année. Malgré quelques pics de volatilité sur les marchés, l'année 2024 a été globalement marquée par la croissance, alimentée engrandepartiepar des thèmes structurels, dont l'essor rapidedes nouvelles technologies.» Soulignant le potentiel transformateur de l'intelli- gence artificielle comme l'unedes tendances à suivre en2025,ilaajouté:«Plutôtquedeprivilégierdesthé- matiques technologiques restreintes, nous pensons que les gagnants de demain seront des bénéficiaires plus générauxde l'IAqui déploieront cette technolo- gie pour acquérir un avantage concurrentiel. Les di- agnosticsmédicaux,leschaînesd'approvisionnement de l'économie circulaire qui valorisent les ressources et réduisent les déchets, ou encore les infrastructures telles que les centres de données et les réseaux élec- triques de nouvelle génération sont autant d'exem- plesdelamanièredontl'innovationàlongtermesera stimulée par l'IA.» En ce qui concerne les perspectives d'investissement à l'échelle mondiale, M. Antonucci a précisé que la banque privée basée au Luxembourg continuera à surpondérer les actions, avec unepréférencepour les valeurs américaines. L'exposition aux valeurs eu- ropéennes a été ramenée à neutre pour tenir compte des risques baissiers liés, par exemple, à l'augmenta- tiondes droits de douane. De même, Quintet est tactiquement neutre vis-à-vis des actifs émergents, ycompris actions et obligations, enraisondecraintessimilairesconcernantlestensions sino-américainesainsiquelespréoccupationsrelatives à l'inflation et à la hausse des taux auBrésil. Parmi les titres obligataires, il a souligné que les obligations, tout comme l'or, pouvaient jouer un rôle capital dans ladiversificationdes risques et que leur valorisation pouvait, dans certains cas, se révéler attrayante. «Nous renforçons notre exposition aux obligations d'État européennes, en continuant à privilégier les titres à courte échéance, et aux bons du Trésor américain, tout en restant sous-pondérés sur ces derniers compte tenudes inquiétudes budgétaires», a indiqué M. Antonucci. «Nous réduisons égale- ment notre exposition aux titres de créance d'en- treprises européennes et américaines de qualité Investment Grade car nous estimons que les niveaux de valorisation ne compensent pas les risques demanière adéquate. Enfin, dans lamesure où les politiques budgétaires américaines risquent de devenir plus inflationnistes, nous échangeons nos obligations américaines à courte terme pro- tégées contre l'inflation pour des obligations du même ordre à plus longue terme.» Quant aux devises, malgré un écart de taux corrigé de l'inflationqui laisseprésagerun tassement dubil- let vert, leChief InvestmentOfficer deQuintet table sur un dollar fort à court terme face à l'euro et à la livre sterling. Quintet dévoile ses perspectives d'investissement pour 2025 La banque privée au Luxembourg continuera à surpondérer les actions L e clivage entre une conjoncture américaine toujours robuste et une économie chancelante dans le reste dumonde se pour- suit. Ainsi, aux États-Unis, les in- dices d’activité dans le secteur des services ont continué à s’améliorer le mois dernier, atteignant des ni- veaux similaires à ceux de la fin du boompandémique en 2022, ce qui suggère la poursuite d’une pro- gression inébranlable de la consommation domestique. Ceci écri- vent GuyWagner (portrait) et son équipe dans leur der- nier rapport d’analyse sur les marchés financiers, les «Highlights». «Dans la zone euro, la production manufacturière s’est encore affaiblie, tandis que les activités de ser- vices semblent demeurer suffisamment solides pour empêcher une contraction générale du Pro- duit intérieur brut auquatrième trimestre», dit GuyWagner, chief investment officer (CIO) de la société de gestion BLI - Banque de Luxembourg Investments. En Chine, les mesures de stimulation moné- taires et fiscales ont généré un premier im- pact favorable, bien que la confiance des ménages reste fortement fragilisée. Au Japon, le PIB a augmenté de 0,2% au troi- sième trimestre, après avoir progressé de 0,5% au cours des trois mois antérieurs. «Une croissance salariale redevenue positive en termes réels devrait continuer à soutenir la demande du- rant le reste de l’année», estime l’éco- nomiste luxembourgeois. L’inflation stagne aux Etats-Unis Après le recul significatif au cours des 2 dernières années, l’inflation, notamment celle excluant l’éner- gie et l’alimentation, tendà stagner.Ainsi, auxEtats- Unis, le taux d’inflation global a augmenté de 2,4% en septembre à 2,6%en octobre. Dans la zone euro, le tauxd’inflationglobal est remonté de 2,0%enoc- tobre à 2,3% en novembre. Baisse des taux directeurs Conformément aux attentes, la Réserve fédérale américaine a abaissé ses tauxdirecteursde 25points de base, ramenant la fourchette cible du taux des fonds fédéraux à 4,50% - 4,75%. Lors de la dernière réunionde l’année endécembre, une réduction sup- plémentaire des taux d’intérêt de 25 points de base semble quasiment actée. En raison de la résilience de l’inflation sous-jacente au cours des derniers mois, lesperspectivespour les tauxen2025 sont tou- tefois devenues nettement plus incertaines. Dans la zone euro, le conseil des gouverneurs des banques centrales ne s’est pas réuni au cours dumois de no- vembre. Lors de la séance du 12 décembre, une baisse additionnelle du taux de dépôt de 25 points de base a eu lieu comme prévu, compte tenu de la faiblesse de l’activité économique. La faiblesse de l’économie renforce la baisse des taux d’intérêt à long terme dans la zone euro MalgrélavictoiredeDonaldTrumplorsdesélections présidentielles américaines et les attentes de la pour- suited’unecroissanceéconomiquerobusteauxEtats- Unis, le rendement à échéance du bon du Trésor US à 10 ans s’est détendu de 4,28% à 4,17% au cours du mois. Dans la zone euro, la baisse des taux d’intérêt à long terme a été accentuée par la faiblesse conjonctu- relle.Ainsi,letauxderéférenceà10ansareculéenAl- lemagne, enFrance, en Italie et enEspagne. La victoire électorale deDonaldTrump donne des ailes auxmarchés financiers Ennovembre, lesmarchés financiers ont évolué sous le signe de la victoire électorale de Donald Trump. GuyWagner:«Ainsi,laforteprogressionde6,6%l’in- dice des actionsmondialesMSCIAll CountryWorld Index Net Total Return exprimé en euros résulte presque exclusivement de lahaussedes actions amé- ricaines, alors que les autres régions n’ont quasiment pas participé au rallye boursier.» Malgré la force du dollar, le S&P 500 aux Etats-Unis aprogresséde 5,7%(enUSD). Le Stoxx 600Europe a augmenté de 1,0% (en EUR), le Topix au Japon, af- fecté par le rebond du yen, a reculé de 0,6% (en JPY) et l’indice MSCI Emerging Markets a même baissé de 3,7% (en USD). «Au niveau sectoriel, la consom- mationdiscrétionnaire,lafinanceetlatechnologieont affiché lesmeilleures performances alors que les ser- vices publics, la santé et les matériaux ont évolué le moins favorablement.» Le clivage entre une conjoncture américaine robuste et une économie mondiale chancelante se poursuit www.atoz.lu Lead your company towards sustainability with our comprehensive ESG solution

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