Agefi Luxembourg - novembre 2024
Novembre 2024 5 AGEFI Luxembourg Economie M algré le ralentissement de l’inflation et la baisse des taux d’inté- rêt, les incertitudes géopolitiques et économiques s’intensifient et contribuent à un climat des af- faires mitigé. C’est ce qu’indi- quent les résultats de la 12 ème édition de l’enquête semestrielle du Baromètre de l’Économie de la Chambre de Commerce*, réalisée entre le 16 septembre et le 4 octo- bre**, avec la participation de 617 entreprises de 6 salariés ou plus. La situation de l’industrie se dégrade fortement, celle de la construction reste très fragile, tandis que l’HORECA semble doucement se redresser. Le sec- teur financier demeure le plus solide. Enfin, pour parvenir à innover davan- tage et ainsi booster leur productivité et rester compétitives, de nombreuses entreprises souhaiteraient bénéficier d’un environnement réglementaire plus allégé, d’un cadre d’accompagne- ment plus lisible et d’aides fiscales sup- plémentaires. Malgré une très légère détérioration du score global, qui passe de 49,5/100 à 49,3/100, la plupart des indicateurs se stabilisent par rapport au 1 er semestre 2024. Tout n’est toutefois pas rose pour autant. Ainsi, l’activité, en particulier celle des 6 derniers mois, se dégrade par rapport au semestre précédent, et la dynamique de création d’emplois s’essouffle. Le niveau de rentabilité an- ticipé reste très préoccupant, particu- lièrement dans la construction, l’industrie et le commerce. Une majorité d’entreprises stabiliseront leurs investissements dans les 6 pro- chains mois, et près de 40%de celles de la construction prévoient de les freiner. Enfin, les dirigeants sont légèrement plus confiants qu’il y a 6 mois quant à l’avenir à moyen terme de leur entre- prise, sauf dans le secteur industriel où cette confiance diminue fortement. La confiance en l’avenir de l’économie en hausse depuis un an Les chocs économiques successifs avaient fait chuter la confiance des en- treprises dans l’avenir à moyen terme de l’économie luxembourgeoise entre le 2nd semestre 2021 et le 2 nd semestre 2023 (-23 points). Depuis un an, cette confiance semble remonter progressi- vement (+5 points) pour atteindre 69% . Une lueur d’espoir dans un contexte économique encore délicat, car le climat des affaires reste fragile : le pourcen- tage demeure bien éloigné des pres-que 90% observés en 2019 et début 2021. Cette confiance varie toutefois forte- ment selon les secteurs : ceux des trans- ports (79%) et des services financiers (78%) sont les plus confiants, tandis que la confiance des dirigeants du secteur de la construction atteint 59%. Les entreprises se montrent toujours plus optimistes quant à leur propre avenir (75%) , que celui de l’économie, avec une différence de 6 points. Cepen- dant, en 2024, cet écart s’est considéra- blement resserré, après avoir été particulièrement prononcé en 2023. La confiance à moyen terme dans l’entre- prise se stabilise autour de 75%, un chif- fre constant depuis fin 2022. Si un regain d’optimisme se fait sentir dema- nière générale, une ombre subsiste dans le secteur industriel, où la confiance s’érode, confirmant les der- niers chiffres du STATEC. En revanche, le secteur de l’HORECA connaît une nette amélioration. Au niveau de l’activité, celle des 6 der- niers mois s’est avérée plus faible qu’anticipée au 1 er semestre. Alors que 23%des chefs d’entreprise s’attendaient à une diminution de leur activité, ce sont finalement 32% qui ont effective- ment enregistré un recul. Les secteurs les plus touchés sont l’industrie (45% des entreprises ont subi une baisse, contre 19% qui l’avaient anticipée), la construction (43%) et le commerce (40%), contre seulement 7%des services financiers. Pour plus de la moitié des entreprises (54%), l’activité est restée sta- ble, tandis que 15% ont tout de même vu une progression. Les anticipations pour les six pro- chains mois sont légèrement moins pessimistes, bien qu’encore inquié- tantes : 19% des sondés anticipent une progression de l’activité, 58%anticipent une stagnation et 22% craignent un recul. Les secteurs de la construction (39%) et de l’industrie (37%) sont les plus inquiets face à un possible recul. La rentabilité préoccupante, avec une dégradation alarmante dans l’industrie Les prévisions de rentabilité se dégra- dent par rapport au 1 er semestre . Bien que 53%des entreprises anticipent une stabilité de leur rentabilité pour les six prochains mois, seuls 17% anticipent une hausse, ce qui reste faible. Ce sont donc 30% des dirigeants qui prévoient une baisse, avec certains secteurs parti- culièrement exposés, comme la construction (39%), l’industrie et le commerce (33%). A noter que la construction est légèrement plus opti- miste qu’il y a encore 6 mois (43% anti- cipaient une baisse), tandis que l’industrie est de plus en plus pessi- miste (seules 20% des entreprises de ce secteur étaient inquiètes au printemps). « La dégradation continue de la renta- bilité des entreprises, trèsmarquée dans certains secteurs, doit nous alerter , sou- ligneCarlo Thelen. Sa restauration doit figurer parmi les priorités des mesures et initiatives gouvernementales, car nous ne rappellerons jamais assez qu’une entreprise doit tout d’abord être rentable avant de pouvoir investir, re- cruter et ainsi se développer » . La faible rentabilité attendue se réper- cute sur les investissements envi) sagés . Les acteurs économiques sont de plus en plus nombreux à les stabi- liser (+6 points pour atteindre 63%), et seulement 15% des répondants pré- voient d’augmenter leurs investisse- ments dans les six mois à venir. 22% présagent de les réduire, 5 points de moins qu’il y a 6 mois. Les secteurs ne sont toutefois pas tous dans lamême si- tuation : 40% des entreprises de la construction envisagent de freiner leurs investissements à court terme. Ces chif- fres soulèvent des inquiétudes quant à un niveau d’investissement encore trop bas, surtout au regard des baisses observées ces derniers semestres. Une situation à surveiller de près. La dynamique de création d’emplois reste également timide . 15%des entre- prises prévoient d’augmenter leurs ef- fectifs dans les 6 mois (18% en début d’année), alors que 18% prévoient des suppressions, surtout dans la construc- tion (27%), dans l’HORECA (21%) et dans le commerce (20%). Manque demain-d’œuvre qualifiée : préoccupationsmajeures pour 2025 Actuellement, 59% des chefs d’entre- prise se montrent inquiets face au manque de personnel qualifié, tandis que 58% pointent du doigt le coût de la main-d’œuvre. Un an auparavant, c’était le coût qui dominait les préoccu- pations (64%), mais avec le ralentisse- ment de l’inflation, les entreprises semblent moins redouter les tranches d’indexation qu’auparavant. Autres défis attendus : un tiers des en- treprises (33%) considèrent que les conditions de financement représentent un véritable frein pour leur développe- ment économique, et près d’une entre- prise sur trois exprime des inquiétudes face aux contraintes réglementaires croissantes, particulièrement dans le secteur financier, où ce défi est identifié par 78% des dirigeants. L’innovation : un booster de productivité En ce second semestre 2024, laChambre de Commerce a consacré la partie thé- matique du Baromètre de l’Économie à l’innovation. « L’innovation est un levier essentiel pour assurer un développe- ment durable et compétitif de notre éco- nomie et de nos entreprises », déclare Carlo Thelen. « Lamajorité d’entre elles souhaiterait la création de nouvelles aides fiscales ou de financement en ca- pital pour stimuler leur capacité d’in- novation et ainsi leur productivité. On peut par exemple penser à un crédit impôt recherche, à une réduction de la fiscalité sur le coût du personnel ou en- core à des possibilités plus marquées dans le domaine des prises de partici- pation dans le capital.» L’enquête thématique révèle que 63,8% des entreprises ont innové ces 3 der- nières années, les secteurs financier (82%) et du commerce (73%) en tête. Bien que 36,2% des entreprises n’ont donc pas innové ces 3 dernières années et 11,7% déclarent même ne pas en avoir besoin, il reste important de sou- ligner les bénéfices de l’innovation. Les innovations boostent la productivité des entreprises … « Dans un monde en constante évolu- tion, l’innovation se révèle non seule- ment essentielle pour rester compétitif, mais aussi pour conquérir de nouveaux marchés et garantir la pérennité des en- treprises », souligne Carlo Thelen. Une impressionnantemajorité de 95,6% des entreprises ayant innové ont constaté des bénéfices pour leurs activi- tés au cours des 3dernières années. Prin- cipale retombée positive ? Une augmentation de la productivité pour 54,5%d’entre elles, avec des résultats en- core plus marqués dans l’industrie (71,4% des 61% ayant innové dans ce secteur) et la construction (61,2% des 51% ayant innové). Plus l’entreprise est grande, plus ce bénéfice se fait sentir, avec 43,2% des dirigeants le plaçant en tête de leurs retours positifs. Même si la moitié des entreprises consacrent encore moins de 5% de leur chiffre d’affaires à l’innovation de manière générale, plus d’un tiers ont augmenté leurs investis- sements y relatifs durant cette période. …mais des obstacles à l’innovation doivent encore être levés Un tiers des dirigeants n’ont pas innové ces dernières années ou n’ont pas pu le faire, en raison notamment d’obstacles internes et externes à l’entreprise. Parmi les trois principaux obstacles internes , on retrouve la difficulté de trouver la main-d’œuvre adéquate (39%), le manque de moyens financiers ou de rentabilité (37%), et le manque de temps (33%). Du côté des obstacles externes , trois défismajeurs persistent : des réglemen- tations trop strictes (29%), un environ- nement économique incertain (26%), et des aides financières jugées peu incita- tives (25%). Ce dernier obstacle est cité comme le principal frein par presque tous les secteurs, à l’exception du com- merce et des services financiers. Pour ce dernier, c’est la réglementation trop stricte qui constitue le 1 er obstacle, citée par 44% des acteurs du secteur. Les projets d’IA en tête des investissements envisagés par les entreprises Bien que 30% des entreprises affir- ment qu’aucune technologie émer- gente ne devrait impacter leur business model, l’intelligence artifi- cielle (IA) est de loin perçue comme étant celle qui devrait le plus redessiner les activités des dirigeants. 55% d’entre eux en sont persuadés, et même 90%de ceux du secteur des services financiers. Cette perception augmente avec la taille de l’entreprise. Sans surprise, une large majorité des entreprises (63%) place les technologies d’’intelligence artificielle en tête de leurs priorités d’investisse- ment dans les 3 années à venir, attei- gnant 86% dans les services financiers et 78%des services non financiers. L’in- dustrie envisage la robotique comme le principal domaine d’investissement pour le moyen terme (57%). Constat intéressant : plus une entreprise est petite, moins elle s’attend à être im- pactée par ces innovations à l’avenir. Cela sera-t-il vraiment le cas ? L’écosystème luxembourgeois de l’innovation encore trop peu connu 76%des entreprises ont le sentiment de ne pas bien connaître les organismes d’aides à l’innovation et 79% de ne pas bien connaître les dispositifs d’aides à l’innovation au Luxembourg. En re- vanche, plus l’entreprise est grande, plus elle a le sentiment d’avoir une bonne vision des organismes et dispo- sitifs existants. Les secteurs les mieux renseignés sont l’industrie et les services non financiers. Unemajorité des entreprises (60%) sou- haite des aides fiscales supplémen- taires pour stimuler leurs investisse- ments en matière d’innovation . Ce type de dispositif est de loin le plus pré- conisé par tous les secteurs, avec une demande particulièrement forte de la part de la construction (65%) et des ser- vices financiers (65%). « L’innovation est un vecteur détermi- nant de la hausse de la productivité des entreprises. Il s’agit du principal défides entreprises luxembourgeoises, et ce quelle que soit leur taille ou le secteur d’activité dont elles émanent. Il en va de leur survie dans unmonde complexe, in- certain et en constante évolution. Il s’agira pour le Gouvernement de pro- gressivement contribuer à lever les freins persistants à l’innovation, et à rendre plus lisible l’écosystème très dense en matière d’accompagnement et de soutien de l’innovation, dont les ini- tiatives et mesures spécifiques restent trop peu connues par les dirigeants d’en- treprise. », résume Carlo Thelen. *https://lc.cx/gfX8Kt ** Les appréciations des chefs d’entreprises ne tiennent donc pas compte des résultats des élections aux Etats- Unisetde l’instabilitépolitiqueenAllemagne. Source :ChambredeCommerce Résultats du Baromètre de l’Économie de la Chambre de Commerce du deuxième semestre 2024 Entre stabilisation et incertitudes sectorielles ÉDITION 2 E SEMESTRE 2024 DE L’ÉCONOMIE BAROMÈTRE Cadre d’application Nouvelles publications Octobre 2024 12 n o ve mb re 2024 Luxembourg Le Luxembourg Business Registers (LBR) annonce de nouvelles conditions d’enregistrement pour les personnes physiques La procédure d’enregistrement au Registre de commerce et des sociétés (RCS) évolue, notamment concernant la mise en place et l’intégration des numéros nationaux GȇLGHQWLȴFDWLRQ OX[HPERXUJHRLV PDWULFXOH SRXU OHV SHUVRQQHV SK\VLTXHV /HV IRUPXODLUHV GH GHPDQGH 3') H[LVWDQWV VRQW UHPSODF«V SDU GHV IRUPXODLUHV +70/ TXL GRLYHQW ¬WUH FRPSO«W«V GLUHFWHPHQW HQ OLJQH /HV QXP«URV GȇLGHQWLȴFDWLRQ QDWLRQDX[ OX[HPERXUJHRLV GRLYHQW ¬WUH IRXUQLV SRXU OHV SHUVRQQHV SK\VLTXHV LQVFULWHV DX 5&6 6L XQH SHUVRQQH VDQV QXP«UR GȇLGHQWLȴFDWLRQ QDWLRQDO OX[HPERXUJHRLV 1Ζ1 HVW LQVFULWH DX 5%6 HW 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indicateursdeconjoncture :confiancedans l’avenir (entrepriseetéconomie),activité (sixderniersmoisetsixprochainsmois),emploi, rentabilitéet investisse Évolution du score du Baromètre de l’Économie* 20 40 60 80 100 S1 2019 S2 2019 S1 2020 S2 2020 S1 2021 S2 2021 S1 2022 S2 2022 S1 2023 S2 2023 S1 2024 S2 2024 63,3 45,6 45,7 54,4 62,1 55,2 52,3 50,7 48,9 49,5 49,3 61,9 *LescoreduBaromètrede l’Économie(sur100)correspondà lamoyennedes7 indicateursdeconjoncture :confiancedans l’avenir(entrepriseetéconomie),activité (sixderniersmoisetsixprochainsmois),emploi,rentabilitéet investissements Évolution du score du Baro ètre de l’Économie*
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