Agefi Luxembourg - février 2025

Février 2025 47 AGEFI Luxembourg Informatique financière S i lemonde des crypto-actifs peut sembler complexe, voire quelque peumystérieux, la conférence devant lesmembres d’EcofinClubLuxembourgdonnée lemois dernier parM e Typhanie Afschrift a eu lemérite de rendre cet univers, et toutes ses implica- tions, notamment fiscales, davan- tage accessible. En décrivant les implications fiscales qui entourent ces nouveaux acteurs du marché, l’orateur ouvre des perspectives à ceux qui souhaiteraient investir dans ces actifs cryptos. Qu’est-ce qu’un actif crypto ? D’emblée, l’avocate, inscrite notamment auBarreau de Luxembourg, nous a éclairé sur les différents types d’actifs cryptos : - les cryptomonnaies : des actifs comme le très connuBitcoin, qui ne reposent pas sur des valeurs réelles. - les crypto-actifs adossés : ces derniers sont sans doute un peu plus « rassurants» , étant soutenus par des biens tangibles. - les jetons d’investissement ( token ) : des produits qui représentent des droits financiers, à utiliser par exemple pour diversifier un portefeuille. - des avoirs virtuels : ces types d’actifs s’ancrent dans le métavers, une dimension numérique «où tout est possible !» Volatilité et blockchain Le Bitcoin, souvent critiqué pour sa volatilité, est un bon exemple. M e Afschrift souligne toutefois que cette instabilité ne concerne pas que les crypto- actifs, certaines monnaies traditionnelles (la livre libanaise est incidemment citée) pouvant, elles aussi, connaître « de vertigineux écarts.» L’oratrice enchaina ensuite sur la technologie de la blockchain (registres distribués) qui n’aurait pour elle que des avantages pour lemonde financier. EtM e Afschrift de détailler plusieurs de ces avantages : la sécurité renforcée (plus de tranquillité d’esprit grâce à la décentralisation et à la protectiondes transactions), la contraction des intermédiaires (processus plus rapides et moins de coûts pour les banques) ou encore une meilleure liquidité « puisque tout le monde a accès à cette technologie, ce qui favorise l’inclusion financière.» Pas de doute pour la fiscaliste : «La blockchain est une opportunité plutôt qu’une menace pour le secteur bancaire» Et la fiscalité des cryptos ? L’avocate a dressé ensuite un état des lieux des systèmes fiscaux mis en place dans divers pays pour le traitement des actifs cryptos. En Belgique et au Grand-Duché du Luxembourg, la fiscalité des crypto-actifs est traitée avec des critères assez flous, « ce qui peut rendre les choses un peu…compliquées » souritM e Afschrift. Par contre, la Suisse est considérée comme un champion en cette matière grâce à sa loi TRD (Technologie des Registres Distribués), « un cadre attrayant qui séduit les entreprises du secteur crypto.» La Suisse, une vitrine d’innovation Aux yeux de Me Afschrift, la Suisse doit être considérée comme « unmodèle d’innovation » dans ce domaine. L’adoption de la loi TRD montre à quel point le pays a pu se saisir des nouvelles technologies, comme l’acceptation des paiements d’impôts en cryptomonnaies. « Une belle initiative pour attirer les entreprises et les talents dans ce secteur.» Dans ses propos conclusifs, M e TyphanieAfschrift a appelé les professionnels du secteur financier, non à suivre une tendance mais à s’investir « au plus près» dans l’« aventure passionnante» des crypto- actifs. « Il est crucial pour le secteur bancaire de s’adapter à cette nouvelle réalité. » Hugo LEBLUD Conférence Ecofin Club Luxembourg La fiscalité des crypto-actifs Par Ricardo FERREIRA, EMEAField CISO chez Fortinet L es prestataires de services fi- nanciers doivent se confor- mer aux exigences de la loi sur la résilience opérationnelle nu- mérique (DORA) depuis le 17 janvier. Cette loi s’applique à 20 types d’institutions financières, dont les banques, les assu- reurs, les entreprises d’in- vestissement, les fonds de pension et les fournisseurs de services informatiques tiers qui les desservent. L’objectifdelaloiDORAestderen- forcer la sécuritéde l’informationdes fournisseurs de services financiers et de veilleràcequelesecteurfinancierdel’UEsoitenme- suredemaintenirsarésilienceencasdeperturbation majeure des processus opérationnels. Il s’agit de la dernière d’une série de lois auxquelles le secteur fi- nancier est confronté, parallèlement à des défis ma- jeurs tels que l’utilisationcroissantedesméthodesde paiement numérique, les transferts instantanés via le SEPA, l’IAet l’IAgénérative (GenAI). Répondre aux exigences de la loi DORAest un défi en soi. L’essor des virements instantanés La demande de virements instantanés a augmenté au cours des cinq dernières années. Cette évolution s’est accompagnée de la mise en place d’une infra- structuremondialemodernepourprendreencharge ce trafic de paiements. Tout cela a été déclenché par lademandedesconsommateurs,leschangementsré- glementaires et les initiatives de l’UE telles que l’espace unique de paiement en euros (SEPA) : unmarché européen unique pour les paie- ments scripturaux en euros. Les banques et autres institutions finan- cières sont confrontées à plusieurs défis. Elles doivent s’assurer qu’elles sont en me- sure de traiter le nombre croissant de paie- ments de manière efficace, rentable et sécurisée. Le nombre de vire- ments instantanés devrait augmenter de 50% par an dans l’UE entre 2023 et 2028, passant d’environ 3.000 millions à près de 30.000millions d’ici à 2028. Pour répondre à cette de- mande, les banques doivent déployerdessolutionsd’IAévo- lutives sans compromettre la sécu- rité.Àpartirdejanvierdecetteannée,lesbanquesde l’UE et les banques auxquelles s’applique le SEPA doiventseconformeràdenouvellesexigencesenma- tière de réception de virements instantanés. Àpartir du 9 octobre 2025, elles devront envoyer des vire- ments enmoins de 10 secondes. Pour atteindre ces objectifs, il faut disposer d’une in- frastructure technologique sûre et moderne. Or, de nombreuses institutions financières européennes ne sont pas encore prêtes. Selon leWorldPayments Re- port 2025 de Capgemini, seules 7%des banques eu- ropéennes sont bien préparées d’un point de vue technologique. La majorité (76%) obtient un score moyen en termes de préparation. Il est clair que plus lesorganisationssepréparentrapidementd’unpoint de vue commercial et technologique, plus leur avan- tage concurrentiel sera important. La nécessité d’une cyber-résilience : les cyber-attaques semultiplient Quel que soit le type d’infrastructure de paiement, les banques doivent veiller à ce que leurs systèmes soient non seulement rapides, efficaces et sûrs,mais aussi résistants aux cyberattaques. À l’échellemon- diale, le nombre de cyberattaques continue d’aug- menter et les institutions financières figurent parmi les principales cibles. Elles représentent environ un cinquième de tous les incidents de sécurité. L’ENISA signale une forte augmentation des inci- dents de sécurité aupremier semestre 2024par rap- port au second semestre 2023. Les attaquesDDoS et les attaques par ransomware sont en tête de liste avec environ74%de tous les incidents. Cela signifie que les prestataires de services depaiement doivent donner la priorité à la cybersécurité et à la cyberré- silience lorsqu’ils développent leur infrastructure TIC pour les transferts instantanés. La cybercriminalité reste le risque le plus important pour les banques, selon 82% des gestionnaires de risques bancaires de l’UE interrogés par EYen 2024. Avec DORA et NIS2, la Banque centrale euro- péenne a établi des normes et des attentes claires en matière de sécurité informatique pour les institu- tions financières. L’IA change les règles du jeu en matière de détection des fraudes L’IA constitue un pilier fondamental de ces nou- velles stratégies. L’indice Evident AI d’octobre 2024 évalue les banques en fonction de leurs talents en matière d’IA, de leur capacité d’innovation, de leur leadership et de la transparence de leurs activités dans le domaine de l’IA. Les banques européennes semblent émerger en tant que leaders dans l’utilisa- tionde l’IA. Le classement comprendUBS (6eplace), HSBC (7e place), BNP Paribas (12e place) et BBVA (13eplace).Àmesureque les institutionsfinancières intensifientleurutilisationdel’IA,ellesdevrontgérer les risques et les défis liés aux centres de données qu’ellesdéploientpoursoutenirlesapplicationsd’IA. Le secteur bancaire, plus que tout autre, sera «signi- ficativement impacté»parGenAi. Le secteurdevrait investir 84.990 millions de dollars dans la GenAI d’ici à 2030. Cela représente un taux de croissance annuel composé de 55,55%. Les principaux scénarios d’application de la GenAI comprennent l’expérience client, l’évaluation des risques, la détectiondes fraudes, le traitement auto- matisédesdocuments et lesproduitsfinanciersper- sonnalisés. Cette utilisation extensive de l’IA peut renforcer la capacité du secteur bancaire à lutter contre la fraude et les autresmenaces pesant sur les paiements. Toutefois, les cybercriminelspeuvent également uti- liser l’IA pour mener un plus large éventail de cy- berattaques à plus grande échelle, comme le piratage ou l’infection de comptes de messagerie d’entreprise. Les prestataires de services de paie- ment devront donc améliorer en permanence leurs mécanismes de détection et de prévention, en s’ap- puyant souvent sur l’IA. Les banques qui déploient l’IAdoivent garantir une infrastructure sécurisée pour soutenir ces applica- tions, qu’elles soient hébergéesdans leurpropre cen- tre de données ou dans le cloud. Elles doivent notamment assurer la sécurité des données des clients lors de l’entraînement desmodèles d’IAet se conformer auxdirectives locales enmatièrede confi- dentialité et de souveraineté des données. AI, transferts instantanés et multiplication des cyberattaques DORA, un nouveau défi pour le secteur financier L e 11 février, lors du sommet d'action sur l'intelligence arti- ficielle (IA) à Paris, la prési- dente de laCommission, Ursula vonder Leyen, a lancé InvestAI, une initiative visant àmobiliser 200 milliards d'euros pour des investis- sements dans l'IA, y compris un nouveau fonds européende 20mil- liards d'euros pour les gigausines d'IA. Cette grande infrastructure d'IAest nécessaire pour permettre le développement ouvert et colla- boratif desmodèles d'IA les plus complexes et pour faire de l'Europe un continent de l'IA. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré : «L'IA amélio- rera nos soins de santé, stimulera notre rechercheetnotreinnovationetstimulera notre compétitivité. Nous voulons que l'IA soit une force pour le bien et pour la croissance. Pour ce faire, nous adoptons notre propre approche européenne, fon- dée sur l'ouverture, la coopération et l'ex- cellence des talents. Mais notre approche doit encore être suralimentée. C'est pour- quoi, avec nos Étatsmembres et nos par- tenaires, nous mobiliserons des capitaux sans précédent par l'intermédiaire d'InvestAI pour les gigausines euro- péennesd'IA.Cepartenariatpublic-privé unique, semblable à un CERN pour l'IA, permettraàtousnosscientifiquesetentre- prises, et pas seulement aux plus grands, dedévelopperlestrèsgrandsmodèlesles plus avancés nécessaires pour faire de l'Europe un continent de l'IA.» Nadia Calviño, présidente de la Banque européenne d'investissement, a déclaré : «Avec la Commission européenne, le groupe BEI renforce son soutien à l'in- telligence artificielle, unmoteur essentiel de l'innovation et de la productivité en Europe.» Le fonds InvestAI de l'UE financeraqua- tre futures gigausinesd'IAdans l'ensem- ble de l'UE. Les nouvelles giga-usines d'IA seront spécialisées dans la forma- tiondesmodèlesd'IAlesplus complexes et les plus volumineux. Les gigausines auront environ 100.000 puces d'IA de dernière génération, soit environ quatre fois plus que les usines d'IA en cours de mise en place. Les gigafactories financées par InvestAI seront le plus grand partenariat public- privé aumonde pour le développement d'une IAdignede confiance. Ils serviront lemodèle européend'innovation coopé- rative et ouverte, en mettant l'accent sur les applications industrielles complexes et critiques. L'objectif est que chaque entreprise, et pas seulement les plus grands acteurs, puisse accéder à une puissancede calcul àgrande échellepour construire l'avenir. InvestAIcomprendraunfondsàplusieurs niveaux, avec des parts de différents pro- fils de risque et de rendement. Le budget de l'UE risquerait de compromettre les investissements d'autres partenaires. Le financement initial d'InvestAI par la Commissionproviendrade programmes definancementexistantsdel'UEquicom- portent une composante numérique, tels que le programme pour une Europe numérique,HorizonEuropeetInvestEU. Les États membres peuvent également contribuer en programmant des fonds à partir de leurs enveloppes de cohésion. Le financement de gigausines d'IA au moyen d'une combinaison de subven- tions et de fonds propres constituera l'un des cas pilotes de technologies straté- giques annoncés dans la boussole pour la compétitivité. La Commission a déjà annoncé les sept premières usines d'IA en décembre et annoncerabientôt les cinqprochaines. Le soutien existant aux usines d'IA, d'un montant de 10 milliards d'euros, cofi- nancé par l'UE et les États membres, est déjà le plus important investissement public dans l'IA au monde et permettra de débloquer plus de dix fois plus d'in- vestissements privés. Source :Commissioneuropéenne L'UE veut mobiliser 200 milliards d'euros pour investir dans l'IA ©UE

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