Agefi Luxembourg - décembre 2025
AGEFI Luxembourg 44 Décembre 2025 Informatique financière Par SimonPARIS, CEO, Unit4 C ette année, le gouvernement britan- nique et l’Union européenne (UE) ont effectué plusieurs annonces concernant la politique et l’investissement, soulignant leur volonté d’accélérer la croissance économique et de posi- tionner la région comme unpôle d’innovation attractif. LeRoyaume-Uni souhaitedevenirune superpuissance mondiale de l’intelli- gence artificielle (IA). Cette intention, soutenue dernièrement par la conclu- sion de l’accord Tech Prosperity Deal avec différents géants technologiques américains, pourrait encourager des investissements à hauteur de plusieurs milliardsdedollarsdans lepays. Entre- temps, l’UE a lancé son initiative Startup and Scaleup Strategy aumois de mai, avec l’objectif de « faire de l’Europe le meilleur endroit au monde pour lancer et développerdes entreprisesmondiales orientées technologie ». Bien que ces engagements soient les bienvenus, la réalité est que l’Europe peine toujours à suivre les États-Unis et la Chine au regarddes investissements dans l’innovation. Fournissant un indicateur de cet écart,McKinseyaffirmequel’Europenerivaliseeffi- cacement avec les États-Unis et la Chine que dans quatre des 14 technologies considérées comme cru- ciales pour l’économiemondiale future. Dans cemême rapport, la firme estime que l’Europe détientaujourd’huimoinsde5%departsdemarché dans la chaîne de valeur de l’IA. À titre de compa- raison, « En 2023, les “Magnificent Seven” du sec- teur technologique américain ont, à elles seules, investi en R&D un montant équivalent à la moitié des dépenses en R&D des secteurs public et privé de l’ensemblede l’Europe, dans le secteur de la tech- nologie et d’autres secteurs également. » Bien que cette disparité suggère que ce retard sera difficile à rattraper, les entreprises européennes de toutes tailles disposent encore d’opportunités signi- ficatives d’accéder à une position dominante sur la scène mondiale. Des sociétés telles que Spotify, Klarna et Revolut ont connu un grand succès, et les technologies telles que l’IA générative offrent une opportunité d’augmenter la productivité d’ici 2030 en injectant 575milliards de dollars dans l’économie de la région. En fin de compte, si elle encourageait plus efficacement le dimensionnement de ses star- tups, l’Europe pourrait générer, pour son économie, une valeur annuellede l’ordre de500milliardsà1000milliardsd’euros. Il n’est guère étonnant que McKinsey qualifie cette perspective de « moment décisif pour l’Europe ». Si les entreprises européennes aspirent à être compétitives àl’échellemondialeàl’avenir,ellesdoi- ventprêteruneattentionparticu- lière à la façondont cette itéra- tion technologique redéfinit le travail. J’affirmerais que si des entreprises comme Amazon et Netflix ont connu un tel succès, c’est parce qu’elles ont comprisl’intersection- nalité entre le person- nel, les technologies et lesprocessus.Ellesontsuiden- tifier des opportunités commerciales et définir des modèles opérationnels permettant de tirer parti des révolutions technologiques plus effica- cement (et, dans certains cas, beaucoup plus rapide- ment) que leurs concurrents. Comment les entreprises évolueront-elles dans l’ère de l’après-IA? Il sera difficile d’égaler les États-Unis et la Chine en termes d’investissements. Toutefois, le succès d’Amazon et de Netflix devrait susciter l’optimisme des entreprises européennes quant à leur capacité à rivalisersurlascènemondiale.Silesentrepriseseuro- péennes parviennent à comprendre l’impact qu’aura l’IAsurleursmodèlesopérationnelsetàadapterleurs structures organisationnelles et opérationnelles avec l’objectif d’accroître leur agilité, elles ont une chance de devancer leurs rivaux. Trèssincèrement,jepensequ’aucundirecteurgénéral n’aexhaustivementcartographiélemodèleopération- nel de son entreprise à l’ère de l’IA. Il ne fait aucun doutequel’IAcontribueàaméliorernotreintelligence et notre productivité en automatisant les tâches banalesetenfournissantdesanalysesetdesinforma- tionsentempsréel.Toutefois,noustravaillonsencore collectivement sur ses implications à long termepour les processus opérationnels, l’engagement des clients et les structures organisationnelles. L’ADNdesentrepriseseuropéennesvaévoluerradi- calement et, si aujourd’hui, cette vision future est encore en train de prendre forme, l’Europe dispose d’une fenêtre d’opportunité pour comprendre com- mentprendredel’avanceetsedifférencier.C’estpour- quoi des initiatives telles que Boardwave sont si importantes : elles rassemblent en effet d’éminentes personnalités issues de l’industrie technologique européenne avec l’ambition de soutenir les entre- prises européennes de logiciels, afin d’encourager leursuccèssurlascènemondiale.Lesentreprisesdoi- vent faire preuve de davantage de créativité et de savoir prendre plus de risques pour réinventer leur approche opérationnelle. Prenons l’exemple de l’in- dustrie des services, si vitale pour l’économie de l’Europe. Dans le seul secteur des services profes- sionnels, des questions auparavant inimaginables sont désormais posées sur l’avenir des principaux acteurs et sur la menace que constituent pour eux des entreprises spécialisées plus agiles. L’IA redéfinit les services professionnels Thordur Arnason, de Capgemini Invent, a rédigé une série d’articles consacrés à l’avenir des services professionnels. Il évoque notamment le remplace- ment dumodèlepyramidal parunmodèleen forme de diamant.Ainsi, au bas de la pyramide, les tâches telles que l’analyse structurée, la rédaction de rap- ports et la synthèse de documents ne seront plus confiées à des collaborateurs inexpérimentés, mais automatisées grâce à l’IA. Danslenouveaumodèleendiamant,descadresinter- médiaires plus compétents seront soutenus par des outils IA dans leur travail. Cependant, Thordur Arnason estime que cemodèle nécessite de repenser en profondeur l’approche opérationnelle des entre- prises. Il pourrait s’agir, entre autres, de délaisser les modèles de facturation actuels. Une entreprise, Globant, lance d’ailleurs une offre par abonnement permettant à ses clients d’acheter des jetons donnant accès à un « effectif virtuel » d’agents d’IAsupervisés par des consultants humains. Nous pourrions égale- ment assister à la productisation des services de conseil, l’IA étant utilisée pour identifier les tâches répétitives pouvant être traitées avec des produits numériques prêts à l’emploi. Thordur Arnason évoque également des profils de talents en Y, plutôt qu’en T, dont la valeur repose sur une solide fondation d’expertise soutenue par l’IA, permettant degénérerdavantagedevaleur en temps réel. Il qualifie ces futurs professionnels de « chefs d’orchestredel’intelligence»,dontlessuperpouvoirs permettent aux consultants d’exploiter les outils IA d’unemanièrequilesdifférenciedeleursconcurrents, et dont les compétences enmatière d’interrogation et decommunicationpermettentl’évaluationcritiquede la productiondes outils IA. Priorités pour les entreprises européennes Une question se détache dans le commentaire de Thordur Arnason, et devrait être celle que se posent les industries et les décideurs européens : «Qu’est-ce qui devient possible lorsque l’intelligence est infinie et libre ? » Il s’agit d’une question immense, mais elle devraitrésideraucœurdelaréflexiondesentreprises concernantunaveniroùl’IAjoueunrôlepluscentral. Le changement demandera du temps. Les entreprises doivent donc adopter une vision à longtermedeleurévolution,tandisquelesdirecteurs d’entreprise doivent faire preuve de leadership et avoirlecouragedesuivreleursplansfaceàlapression exercée par les parties prenantes. Il est également importantqu’ellesintègrentleurpersonnelàleurévo- lution. Toutefois, cela nécessitera d’investir dans les compétences qui donneront aux collaborateurs les capacités d’explorer la technologie et de comprendre comment elle leur sera bénéfique dans leur rôle. Il est indispensable que les décideurs politiques en Europe et au Royaume-Uni jouent un rôle essentiel ensoutenantlesentreprisesquiréinvententleursstra- tégies et leurs organisations. La volonté de l’UE de rationaliserlaréglementationdesentreprisessouligne quele28 e régimeestpositif.Parailleurs,tenterd’accé- lérer l’accès au capital au travers de l’Union pour l’épargne et l’investissement (UEI) contribuera à encourager les entreprises à innover. L’Europe et le Royaume-Uni possèdent également certaines des meilleures universités du monde. Il serait donc intéressant de voir s’établir une coopéra- tion entre les décideurs politiques, les universitaires etlesorganismesindustrielsavecl’objectifd’identifier desapprochesfondéessurdespratiquesexemplaires, permettantauxentreprisesderéimaginerleursorga- nisations. L’accompagnement à la mise en place de l’infrastructure nécessaire pour soutenir les entre- prises orientées IA est tout à fait bienvenu, mais la souveraineté des données l’est tout autant. Et, bien entendu, les initiatives encourageant le développe- ment des compétences pertinentes pour les entre- prises européennes sont essentielles. L’accent doit êtreporté sur lapensée critique et l’ana- lyse,lacommunicationetl’intelligenceémotionnelle, autant que sur les compétences techniques. Si les décideurs politiques peuvent aider les entre- prises européennes à effectuer cet exercice de réin- vention à un rythme qui correspond au rythme de l’évolutiontechnologique(ou,toutaumoins,s’enrap- proche), ce sera une bonne chose pour la compétiti- vité de la région. Réinventer l’ADN des entreprises européennes T heABBL andA&OShear- man had the pleasure of welcomingmembers and invited guests onNovember 25th for the EUFinTechHorizons Sum- mit, marking the official launch of Luxembourg BlockchainWeek 2025. Held atA&OShearman’s premises, the event brought to- gether experts fromSGForge, Banking Circle, DekaBank and regulatory institutions to discuss the fast-evolving landscape of sta- blecoins and their implications for the European financial sector. A strategicmoment for Luxembourg’s financial centre Opening the event, Arnaud Clément, Head of Payments and Innovation at the ABBL, highlightedwhy this topic is both timely and strategically important for Luxembourg. With the country advanc- ing in the implementation of new EU rules on crypto-assets, institutions now benefit froma clear and forward-looking regulatory framework. This stability, he noted, creates the conditions for banks, payment institutions and market infras- tructures to explore tokenised forms of money “with confidence and responsi- bility,” in line with Europe’s high stan- dards of stability, transparency and con- sumer protection. Stablecoins, he emphasised, stand at the crossroads of monetary policy, liquidity management, payments, risk frame- worksandinternationalcompetitiveness. As interest grows among ABBL mem- bers, strengthening collective under- standingandestablishingaconsistentvo- cabularyhasbecomeanessentialcompo- nent of the banking community’s strategic preparation. TheABBL’s structured approach to digital assets The discussions also built on thework of the ABBL Crypto & DLT Working Group, active since 2016 and gathering more than one hundred representatives from banks, market infrastructures, reg- ulators and ecosystempartners. The group’s activities are structured around three pillars: - Advocacy, ensuring that the banking and payments community’s perspective is reflected innational andEuropeanreg- ulatory debates; -Communitybuilding, offeringa coordi- nated environment to compare ap- proachesandexploreemergingpractices; - Knowledge sharing, throughguidance, educational material and thematic ses- sions on digital assets and tokenisation. Stablecoinswerealreadyakeyfocusdur- ing the group’s recent autumn session, confirming the growing strategic rele- vance of the topic for the sector. Key insights from the three-panel discussion 1. Use cases: understanding the practi- cal value of stablecoins Moderated by Giulia Ghiandai, Global Financial Markets associate, A&O Shearman Rome, the first session ex- plored how stablecoins complement existing payment solutions. Panellists fromSG Forge, Banking Cir- cle and DekaBank outlined several emerging patterns: - Stablecoins enable programmable payments, instant settlement and improved cross-border efficiency; - Use cases include treasury optimisa- tion, institutional settlement and to- kenised asset operations; - Developments such as JPMorgan’s JPMD token illustrate a wider indus- try movement towards interoperable and institution-issued digital money models. Participants agreed that adoption is ex- pected to accelerate as financial institu- tions explore more efficient settlement infrastructures. 2. Risks, technology and resilience Moderated by Andrei Costica, Finan- cial Services Regulatory senior associ- ate, A&O Shearman Luxembourg, the second session addressed the risk land- scape attached to stablecoin issuance and circulation. Discussions highlighted: - The importance of understanding governance, technical architecture and environmental impacts, as “tech neu- trality” does not fully reflect real-world complexity; - Challenges linked to secondary mar- ket circulation and the need for robust oversight mechanisms; - The significance of cyber-resilience and operational risk frameworks, espe- cially as DLT, automation and AI be- come more deeply integrated in financial processes. A&O Shearman provided legal per- spectives onMiCAR requirements and the risk-mitigation mechanisms ex- pected from issuers. 3. Regulatory outlook: an evolving global landscape Moderated by Ben Regnard- Weinrabe, Financial Services Regula- tory partner, A&O Shearman London, the final panel brought together regu- lators and industry representatives for a forward-looking debate on how MiCAR will shape the market, and what comes next. Key themes included: - MiCAR as a solid and harmonised foundation, but one that must be con- sidered in the context of global inter- operability; - The interplay between private stable- coins, tokenised deposits and the po- tential digital euro; - Fragmentation across regions and the need to consider reciprocity frame- works or future global standards; - Long-termprudential considerations, including monetary sovereignty and protection of token holders. Industry panellists concluded with their priorities for future regulatory de- velopments, ranging from enhanced cross-border clarity to support for in- teroperability standards. Source :ABBL EU FinTech Horizons Summit: Stablecoins at the core of Europe’s Digital FinanceAgenda ©ABBL
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