Agefi Luxembourg - février 2025

Février 2025 41 AGEFI Luxembourg Droit / Emploi U BS a publié le 12 février son premier Global Entrepre- neur Report, basé sur une enquête menée auprès de 156 clients entrepreneurs, membres du réseau d’UBS dans un large éventail de secteurs économiques. Leurs entreprises représentent un chiffre d’affaires annuel com- biné d’environ 19,1 milliards de dollars, ce qui équivaut à une moyenne de 123millions de dol- lars pour chacund’entre eux. Les personnes interrogées sur 26 marchés ont participé à l’enquête en ligne. L’enquête a été menée du26 septembre au30novembre 2024, les résultats étant étayés par de courts entretiens approfondis axés sur des sujets clés allant de l’intelligence artificielle à la ges- tion de patrimoine privé en pas- sant par les plans d’embauche. «Nous pensons qu’il est essentiel d’explorer cequepensent certains des meilleurs entrepreneurs au monde et préparent alors que nous approchons du milieu d’une décennie qui a généré à la fois une croissance économique solide et des percées technolo- giques,maisdurant laquellenous avons également dû faire face à une pandémie mondiale et des conflits géopolitiques», a déclaré Benjamin Cavalli, responsable des clients stratégiques chezUBS Global WealthManagement. «Si UBS est largement reconnue comme un gestionnaire de for- tunemondial depremierplan, on saitmoins quedesmilliersdenos clients sont des entrepreneurs ou sont issus de familles d’entrepre- neurs, dont beaucoup s’étendent sur plusieurs générations.» «Ce rapport reflète le savoir col- lectif de certains des plus bril- lants acteurs avec lesquels nous avons le privilège de travailler et met en exergue leurs points de vue sur des questions telles que les perspectives de leur secteur d’activitémais aussi leurs projets à court terme et jusqu’à la fin de la décennie», a ajoutéM. Cavalli. Regarder vers l’avenir Le regarddes entrepreneurs offre des perspectives précieuses sur l’état de l’économie et lesmoteurs du changement. Ils sont opti- mistes quant au devenir de leur secteur d’activitépour les 12mois à venir, environ 6 sur 10 (61%) se déclarant très ou plutôt opti- mistes. Un peu moins d’un cin- quième (17%) sont très ou plutôt pessimistes. Les entrepreneurs interrogés sur le continent améri- cain sont les plus optimistes. D’un point de vue sectoriel, la confiance est élevée chez les en- trepreneurs des secteurs de la technologie, de la santé et de l’in- dustrie, mais moins élevée chez ceuxdu secteur de la consomma- tiondiscrétionnaire et des articles de papeterie, selon le rapport. Les entrepreneurs pensent que les entreprises augmenteront de plus en plus leurs investisse- ments dans les années à venir. Cinquante et un pour cent d’en- tre eux pensent que les entre- prises typiques de leur secteur prévoient des augmentations lé- gères ou significatives de leurs investissements dans les 12mois à venir. Et si l’on se projette dans les cinq années à venir, ce chiffre s’élève à 86%, selon l’enquête. Globalement, les entrepreneurs prévoient surtout d’investir dans le recrutement de talents et dans des acquisitions, selon le rapport. Cinquante-quatre pour cent pen- sent que l’entreprise type de leur secteur prévoit d’investir dans les ressources humaines sur 12 mois - non seulement en embau- chant, mais aussi en offrant des incitations ou des formations - tandis que 53%s’attendent à une reprise des acquisitions ou des partenariats stratégiques. Près de la moitié (47%) des entrepre- neurs interrogés prévoient qu’une entreprise type de leur secteur investira dans les dé- penses informatiques et/ou la transformation numérique, 45% s’attendant àdes investissements dans l’infrastructure, les applica- tions et/ou les modèles d’IA. Selon le rapport, les attentes en matièred’investissement dans les ressources humaines sont les plus élevées dans lesAmériques, tandis que les acquisitions et les partenariats stratégiques sont les plus importants en Europe. En Asie-Pacifique, les investisse- ments dans les acquisitions et les partenariats stratégiques, ainsi que les investissements dans les infrastructures, les applications et/ou lesmodèlesd’IA, se classent devant les investissements RH. Au cours des 12 prochains mois, plus de 4 entrepreneurs sur 10 (44%) s’attendent à ce que les en- treprises de leur secteur aug- mentent sensiblement ou légèrement leurs effectifs. Dans cinq ans, ce pourcentage devrait passer à plus de deux tiers (68%) des entrepreneurs interrogés. Les entrepreneurs des Amériques et de Suisse sont ceux qui ont les plus grandes attentes sur 5 ans, alors que très peu d’entrepre- neurs dans le monde prévoient une diminution significative de leur main-d’œuvre sur 12 mois ou sur 5 ans. Le rapport montre également que plus de la moitié (52%) des entrepreneurs interrogés pensent que les entreprises de leur sec- teur rencontrent des difficultés à recruter dupersonnel, tandis que près de lamoitié (45%) déclarent que les rémunérations/incita- tions ont dû être augmentées pour retenir les employés. Les problèmes de recrutement sem- blent plus importants en Amé- rique et en Europe qu’en Asie-Pacifique. Intelligence artificielle En ce qui concerne l’IA, les entre- preneurs y voient un potentiel considérable. Près de deux tiers (62%) d’entre eux considèrent l’IA comme la technologie of- frant les plus grandes opportuni- tés commerciales pour leur secteur d’activité. Les attentes sont particulièrement élevées dans les secteurs de la technolo- gie et des soins de santé, mais moins élevées chez les entrepre- neurs du secteur industriel. Dans cinq ans, plus des deux tiers (67%) s’attendent à ce que la tech- nologie permette d’améliorer la productivité d’une entreprise ty- pique de leur secteur. En ce qui concerne les risques à 12mois, les entrepreneurs consi- dèrent l’instabilité politique et/ou l’incertitude comme la plus grande préoccupation pour leur secteur (53%), suivie par l’aug- mentation des impôts (42%) et les conflits géopolitiquesmajeurs (41%). À l’horizon de cinq ans, les impôts arrivent en tête des préoccupations, tandis que les entrepreneurs s’inquiètent égale- ment de la politique et de la géo- politique. Près de lamoitié (46%) des entrepreneurs interrogés considèrent que l’augmentation des impôts est le facteur le plus susceptible d’avoir un impact né- gatif sur leur secteur d’activité. En ce qui concerne les défis spé- cifiques à l’entreprise, les entre- preneurs ont des préoccupations diverses. Sur une période de 12 mois, le plus grandnombre d’en- tre eux (46%) s’inquiètent de l’évolution des réglementations sectorielles et/ou des exigences de conformité, tandis que 35% s’inquiètent également des me- naces de cybersécurité, une préoccupation particulièrement répandue dans les secteurs de la technologie et des soins de santé. Al’avenir, les entrepreneurs aspi- rent à trouver un équilibre entre leur vie personnelle, leurs activi- tésprofessionnelles et leurs inves- tissements. Plus de la moitié d’entre eux (52%) déclarent qu’ils aimeraient se consacrer davan- tage aux voyages, aux loisirs et à la famille, tandis que presque au- tant aspirent à devenir investis- seurs dans diverses catégories d’actifs(49%)oudansd’autresen- treprises (c’est-à-dire dans le do- maine du capital-investissement ou de l’investissement providen- tiel) (47%), d’après le rapport. UBS Global Entrepreneur Report 2025 Les entrepreneurs plutôt optimistes ©Freepik L e dernier Workmonitor de Rands- tad révèle l'émergence de nou- velles références sur le marché du travail. L'étude, qui a porté sur plus de 26.000 travailleurs dans 35 pays d'Eu- rope, d'Asie-Pacifique et d’Amérique, a révélé qu'en dépit d'un paysage économique difficile, de chan- gements géopolitiques et d'avancées technologiques, les talents continuent à avoir des attentes multi- ples, remodelant ainsi l'avenir du lieu de travail. Pour la première fois dans l'his- toire de Workmonitor, l'équili- bre entre vie professionnelle et vieprivée est jugéplus important que la rémunération (83% versus 82% au global et 88%versus 79%auLuxembourg). Le rap- port montre que les talents accordent la priorité à la personnalisation, à la cohésion et à des compé- tences adaptées à l'avenir, et les employeurs doivent être prêts à y répondre. La confiance des talents envers leurs employeurs reste fragile, un tiers d’entre eux (30%) ne faisant pas confiance à leurs managers pour défendre leurs intérêts. Les talents sont prêts à agir si leurs attentes ne sont pas satisfaites, puisque près de la moitié d'entre eux (45%) déclarent avoir fait des démarches pour obtenir de meilleures conditions de travail. 44% déclarent avoir quitté un emploi parce qu'ils pensaient que leur lieu de travail était toxique, soit 11 points de pourcentage de plus que l'année dernière. Importance d’être en phase avec son employeur Le rapport montre que les talents souhaitent que la culture de leur employeur soit alignée avec leurs valeurs et leurs préférences, puisqu'un tiers d'entre eux (29%) ont déjà démissionné parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec les points de vue ou les positions de leur direction. En hausse de 10 points de pourcentage par rapport à l'année dernière, près de lamoitié (48%) n'accepteraient pas un emploi si l'entreprise ne partageait pas leurs valeurs sociales et environnemen- tales. Une proportion similaire (43%) a envisagéde quitter l'entreprise en rai- son de sa position sur des questions politiques. Ces positions sont encore plus marquées au Luxembourg : 35%des personnes interro- gées ont déjà donné leur démission en cas de divergence d’opi- nion avec leur direc- tion et 56% envisa- geraient de le faire si c’était le cas. Les talents souhaitent également un engage- ment sur la flexibilité du travail. Près d'un tiers d'entre eux (31%au global et 30% au Luxembourg) ont quitté leur emploi parce qu'il ne leur enoffrait pas suffisamment. Les jeunes travailleurs sont plus susceptibles d'apprécier cet avantage : près de la moitié (40%) desmembres de la générationZdécla- rent avoir bénéficié d'une plus grande flexibilité en termes de lieu de travail au cours des six derniers mois, contre seulement 17%des baby-boomers. Au Luxembourg, la situation est un peu différente. Les jeunes travailleurs (génération Z) sont 72% à avoir bénéficié d’une flexibilité horaire accrue au cours des six derniers mois (contre 42% pour les baby-boomers), alors que la flexibilité «géogra- phique» a évolué de la même façon (environ 50%) pour toutes les classes d’âges. Favoriser le sens de la communauté Au fil des décennies, la montée constante de l'indi- vidualisme a conduit de nombreuses personnes à rechercher un but et des liens dans leur vie profes- sionnelle. Nous constatons aujourd'hui que la grande majorité (83%) des talents souhaitent éga- lement que leur lieu de travail leur procure un sen- timent d'appartenance à une communauté. Plus de la moitié d'entre eux (55%) sont prêts à démission- ner s'ils ne se sentent pas à leur place, ce qui repré- sente une augmentation substantielle par rapport à lamoyennemondiale de 37%de l'année dernière. On observe la même tendance au Luxembourg. Dans certains cas, la rémunération passe avant le sentiment d'appartenance à la communauté, puisqu'un tiers (36%) des personnes interrogées ne verraient pas d'inconvénient à gagner moins d'ar- gent si elles avaient des amis sur leur lieude travail. Ce taux atteint 53% au Luxembourg ! Dans le même temps, cela a une incidence sur la productivité des talents, puisqu'une forte majorité (85% au niveau mondial et 78% au Luxembourg) estime qu'ils sont plus performants au travail s'ils ont le sentiment d'appartenir à une communauté avec leurs collègues. Les employeurs doivent faire unpas en avant L’étudeWorkmonitor souligne que l'apprentissage et le développement restent essentiels pour les talents, mais qu'il existe un fossé entre les attentes et la réalité. L'année dernière, 29% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles démissionneraient si elles ne bénéficiaient pas d'opportunités de déve- loppement leur permettant d'assurer leur avenir professionnel, un chiffre qui a fortement augmenté pour atteindre 41% cette année (60% au Luxembourg contre 18% l’an dernier). L'IA est l'opportunité d'apprentissage et de déve- loppement la plus recherchée (23%), suivie par les connaissances informatiques et technologiques (11%) et les compétences en matière de gestion et de leadership (7%). Malgré cette attente, plus d'un tiers des talents (36%) déclarent ne pas recevoir de telles opportunités de formation de la part de leur employeur. L’écart est encore plus important au Luxembourg puisque seuls 25% des talents décla- rent que leur employeur les aide à développer des compétences utiles à leur futur. Le débat sur le retour au bureau se poursuit Le débat sur le retour au bureau continue à préoc- cuper les travailleurs. S'ils avaient le choix, les talents (26%) préfèreraient travailler aubureau trois jours par semaine. Cependant, la politique des entreprises n’est pas en phase avec cette attente : 31% des employeurs souhaitent que leurs salariés travaillent à temps plein au bureau, et moins d'un tiers d'entre eux (29%) acceptent deux jours ouplus de travail àdistance. Enoutre, unprécédent rapport de Randstad sur les compétences les plus deman- dées, montre que les postes à distance ont diminué d'environ 50%, tandis que les postes hybrides ont augmenté de 300%. La confiance semble rompue lorsqu'il s'agit de travail flexible, car plus d'unquart (28%) des talents ne pensent pas que leur supérieur leur fasse confiance pour maintenir leur producti- vité lorsqu'ils travaillent à domicile. Au Luxembourg, les talents sont encore davantage demandeurs de travail à distance (74% souhaitent bénéficier de 2 ou 3 jours de télétravail) et les employeurs sont plus enclins à l’autoriser à cette fréquence (42%). Unmanque de confiance entre les talents etmanagers Outre la méfiance à l'égard du télétravail, de façon plus générale, la confiance n’est pas optimale entre les talents et leursmanagers. Près d'un tiers d'entre eux (30%) estiment qu'ils ne peuvent pas faire confiance à leurmanager pour défendre leurs inté- rêts, et ils sont encoreplus nombreux (33%) àpenser qu'ils ne peuvent pas faire confiance à leurmanager en ce qui concerne la progression de leur carrière. Étant donné qu'un tiers (31%) des personnes inter- rogées ont déjà quitté leur emploi parce qu'elles ne faisaient pas confiance à leur équipe dirigeante, il est important pour les entreprises de veiller à ce que les relations avec leurs employés soient solides et mutuellement bénéfiques. Marc Lebrun (cf. portrait), Managing Director de Randstad Luxembourg commente : «Beaucoup s'attendaient à ce que les conditions économiques difficiles de 2024 tempèrent les attentes des talents, mais le Workmonitor montre que c'est le contraire qui se produit. Nous assistons à l'émergence de nouvelles références, les talents continuant à avoir des attentes multiples. Pour les talents d'au- jourd'hui, le sens qu’ils donnent à leur travail est complexe et ses composantes doivent être person- nalisées. Chacun a une idée précise de ce qui est important pour lui en tant qu'individu et au sein de sa communauté. Les entreprises qui réussissent sont celles qui s'adaptent et s'ajustent à cette nou- velle vision. La solution réside dans la valorisation de notre ressource clé : les personnes.» Les talents souhaitent définir de nouvelles références en matière d’emploi

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