Agefi Luxembourg - janvier 2025

AGEFI Luxembourg 38 Janvier 2025 Digital W ithover 4500 exhibitors spread across various lo- cations, CES is the world’smost influential tech event showcasing groundbreaking tech- nologies. It serves as a global stage for companies topresent their latest innovations andbrings a diverse audience of industry experts and tech enthusiasts. Further to the success of the previous editions, the Luxembourg Chamber of Commerce renewed its trade fair visit to this flagship event in Las Vegas, in close collaboration with the Embassy of Luxembourg in Washington and the LTIOSanFrancisco. 32participants from 18 companies and 5 institutions partici- pated in this trade fair visit. Luxembourg is veryproud to have been nominated as one of the 25 Innovation Champions of 2025 by the Consumer Technology Association (CTA). The Grand Duchy scored high marks for having a diverse and highly skilled workforce, a friendlybusiness climate for entrepreneurs and for beingopen tonew technologies and business models. The Chamber of Commerce is delighted that Luxembourg companies seized theocca- sion to share their expertise on this impressive global stage. For instance, Elora, Luxembourg com- pany active in generative AI business solutions, was selected on a panel at the European Day to discuss AI-driven transformations across sectors. Luxembourg startup specialised in real time space weather forecasting, Mission Space, pitched at the regional CES chap- ter of the StartupWorld Cup. Last but not least, Data Design Engineeringpresenteditsgroundbreaking technologyforofflineintelligenceonedge, notably applied on light weight vehicles designed by Gradel. Both companies jointly held a booth at the impressive Las Vegas Convention Centre. The pro- grammeofthistradefairvisitwascurated with the objective to encourage Luxembourg companies to explore cut- ting-edge innovations aswell as the inter- national dimension of CES. By visiting booths of major corporates such as Qualcomm,AmazonandGarmin,aswell as country pavilions, including those of Japan, South Korea and Canada, Luxembourg companies had the oppor- tunity to present their solutions to global leaders andgenerate business leads. Theytherebyalsodiscoveredtechnologies that will shape the future and generate growth. Keynote speeches and fireside chats, such as those with the CEO of Nvidia or the Chief Scientific Officer of Microsoft, provided additional sources of inspiration.Tofurtherbuildontheenthu- siasmthat companies showcased for tech opportunities in the US market, the Chamber of Commerce will return to the USA for a trade mission to Texas and California from13 – 17October 2025. Source:ChamberofCommerce CES (Consumer Electronics Show) 2025: Astrong Luxembourg presence at the world’s most influential tech event ©ChamberofCommerce OPINION - Par Tahar SLIMANI, CEO de DigitalAccess/Digital Equity Pertinence de la création d’une réserve en Bitcoin par l’État français, en s’appuyant sur une stratégie audacieuse D ans cet article, j’examine les avantages qu’une réserve en Bitcoins (BTC) pourrait offrir à l’État français. Bien que cette proposition suscite des interrogations légitimes concernant la volatilité des crypto- monnaies et la relative méconnais- sance de cette classe d’actifs, il convient de s’interroger sur ses potentiels bénéfices à long terme. À travers des faits concrets, tels que le budget des dépenses de l’État en 2019 et la valeur du Bitcoin à cette époque, je proposedeux scénarios : l’un audacieux, qui envisage d’affecter 5%dubudget de l’État à l’achat de Bitcoins, et l’autre, plus mesuré, qui propose une approche pro- gressive sur cinq ans. Bien que la pre- mière hypothèse offre des retombées potentiellement plus significatives, la seconde, plus prudente, mérite égale- ment d’être étudiée pour ses bénéfices à plus long terme. LeBhoutan, le Salvador et laRussie ont créés leur propre réserve et d’autres pays ne tarderont pas à leur emboiter le pas. Aux États-Unis, avec l’arrivée au pou- voir de Donald Trump, la sénatrice Cynthia Lummis a présenté le Bitcoin Act, un projet de loi visant à créer une réserve stratégique nationale d’unmil- lion de bitcoins sur cinq ans. Ce plan propose l’achat de 200.000 Bitcoins par an, financé notamment par la réévaluation des réserves d’or de la Réserve fédérale. Le projet de loi suggère également une exonération des plus-values réalisées sur les actifs numériques, afin de sti- muler l’adoption des cryptomonnaies et de renforcer la position économique des États-Unis. Contexte initial et hypothèse de départ Au 1 er janvier 2019, le Bitcoin valait 3.352,69 €, et le budget dépenses de l’État français était de 463milliards d’euros. Si l’État avait alloué 5%de ce budget (soit 23,15milliards d’euros ) à la constitution d’une réserve en Bitcoin, il aurait pu acquérir 6.904.903,23BTC . En 2024, avec un prix actuel estimé à 96.800 € par Bitcoin, cette réserve vaudrait 668,39 milliards d’euros . Bilanhypothétique:transformation des finances publiques Couverture intégrale des dépenses actuelles Le budget dépenses de 2024 est de 453 milliards d’euros . La réserve en Bitcoin couvrirait ces dépenses à hauteur de 147% , éliminant tout besoin de finance- ment par emprunt. Élimination du déficit budgétaire Le déficit de 2024, estimé à 141 milliards d’euros ,seraitnonseulementcomblémais largementexcédentaire.L’Étatdisposerait defondssupplémentairespourdesinves- tissementsstructurelsouuneréductionde la dette publique. Les bénéfices potentiels pour les finances publiques. Réduction de la dette publique En 2019, la dette publique française s’élevait à environ 2.380milliards d’eu- ros (98,1% du PIB). En utilisant les bénéfices générés par la réserve Bitcoin, l’État aurait pu réduire significative- ment cette dette et donc les charges d’intérêts associées. Stabilisation économique Une réserve en Bitcoin pourrait servir de fonds de stabilisation pour soutenir l’économie en période de crise, évitant de recourir à des politiques d’austérité ou à un endettement excessif. Effet d’entraînement sur l’économie L’investissement de l’État dans Bitcoin aurait pu stimuler la recherche et l’innovation dans le secteur des actifs numériques en France, attirant des capitaux et des talents dans le pays. La constitution d’un pôle de minage utilisant les surplus d’électri- cité aurait positionné la France sur la carte mondiale. La création d’une cryptomonnaie stable européenne aurait fait de la France un acteur majeur dans le secteur. Les risques associés à l’époque Bien que les chiffres soient éloquents, il est important de reconnaître les risques qui existaient en 2019. Volatilité élevée du Bitcoin En 2018, le Bitcoin avait perdu plus de 80% de sa valeur par rapport à son pic de 2017. Madame Lagarde (1) et Monsieur Le Maire (2) ne me contredi- ront pas. Acceptation institutionnelle limitée En 2019, Bitcoin était encore largement considéré comme un actif spéculatif, avec peu de reconnaissance dans les cercles institutionnels ou gouverne- mentaux. Problèmes de liquidité Acquérir une telle quantité de Bitcoin aurait pu provoquer une augmentation soudaine des prix et réduire la liquidité sur le marché. Un achat échelonné est souhaitable pour éviter une variation brutale des cours. Conclusion : une opportunité manquée ? L’allocation de 5% du budget de l’État en 2019 à une réserve en Bitcoin aurait aujourd’hui transformé les finances publiques françaises en offrant : - Une couverture complète des dépenses actuelles. - Une élimination du déficit budgétaire. - Une marge financière substantielle pour réduire la dette publique et inves- tir dans des projets d’avenir. Cependant, à l’époque, les risques per- çus liés à la volatilité et au manque de maturité des marchés des cryptomon- naies rendaient une telle décision diffi- cilement envisageable. En 2025 , avec unemeilleure acceptation institutionnelle et une reconnaissance croissante des actifs digitaux comme réserve de valeur, l’idée d’une réserve en Bitcoinmérite d’être revisitée. Une allocation stratégique (même modeste) dans ce type d’actifs pourrait offrir des bénéfices substantiels àmoyen et long terme pour les finances publiques. Créationd’une réserve enBitcoin par l’État français, en adoptant une stratégie prudente Si l’acquisitiondeBitcoins par l’État fran- çais avait été échelonnée sur 5 ans (de 2019 à 2024), cela aurait eu un impact significatif sur la performance de cette stratégie. Voici une version tempérée prenant en compte un achat progressif : Impact d’un achat échelonné sur 5 ans Un achat progressif aurait conduit à des acquisitions à des prix variés, reflétant la volatilité du Bitcoin au cours de cette période. Voici une approximation des prix moyens annuels du Bitcoin de 2019 à 2024 : - 2019 : ~3.600 € - 2020 : ~8.300 € - 2021 : ~36.500 € - 2022 : ~33.100 € - 2023 : ~21.500 € Si l’État avait réparti les 23,15 milliards d’euros équitablement sur 5 ans, soit environ 4,63milliards d’euros par an , le nombredeBitcoins acquis chaque année aurait étéplus faible àmesure que leprix augmentait. Estimation des Bitcoins acquis avec un achat progressif En divisant les investissements annuels par les prix moyens du Bitcoin, voici les Bitcoins acquis chaque année : 2019 : 4,63Mds € ÷ 3.600 € = 1.286 BTC 2020 : 4,63Mds € ÷ 8.300 € = 557 BTC 2021 : 4,63Mds € ÷ 36.500 € = 126 BTC 2022 : 4,63Mds € ÷ 33.100 € = 139 BTC 2023 : 4,63Mds € ÷ 21.500 € = 215 BTC Total Bitcoins acquis sur 5 ans : 2.325.958 BTC Valeur de la réserve en 2024 En multipliant ce total par le prix du Bitcoin en décembre 2024 ( 96.800 € ), la valeur totale de la réserve serait de : 2.325.958 BTC × 96.800 € = 225,02 mil- liards d’euros. Analyse tempérée Moins impressionnant mais toujours significatif Avec un achat échelonné, la réserve aurait une valeur finale de 225,02 mil- liards d’euros , ce qui reste une somme importante mais nettement inférieure aux 668,39 milliards d’euros obtenus avec un achat unique en 2019. Réduction des risques Un achat échelonné aurait réduit les risques liés à la volatilité du Bitcoin, notamment l’incertitude en 2019, lorsque son avenir était moins certain. Impact sur les finances publiques Cette réserve couvrirait environ 50%des dépenses publiques de 2024 (453 mil- liards d’euros) ou l’intégralitédudéficit budgétaire (141milliards d’euros) , tout en laissant un surplus. Conclusion Un achat progressif sur 5 ans aurait limité les gains potentiels tout en répar- tissant les risques, rendant la stratégie moins risquéemaismoins spectaculaire. Enjeux pour un tel investissement par l’État En2019, unachat unique aurait étéperçu commeunpari risqué et potentiellement irresponsable. Unachat échelonné aurait été plus prudent, mais les gains finan- ciers, bienque significatifs, n’auraient pas transformé les finances publiques aussi radicalement. En somme, même dans une version tempérée, investir dans le Bitcoin aurait permis à l’État de réaliser une performance notable, mais l’effet spectaculaire aurait été dilué. Cette réflexion souligne l’importance de la stratégie d’entrée sur unmarché vola- til comme celui des actifs digitaux. Il est encore temps de prendre le train en marche d’autant qu’aux États-Unis, la sénatrice Cynthia Lummis prévoit de déposer un projet de loi (le Bitcoin Act) dans lequel il serait question de créer une réserve de Bitcoin et d’exonérer les plus-values issues des actifs digitaux. Le Japon et d’autres pays leur emboitent lepas, tandis que leBhoutan, le Salvador et la Russie ont déjà créés leur propre réserve stratégique de Bitcoins. 1) Présidente de la Banque centrale européenne 2) Ancien ministre des Finances Réserve stratégique en Bitcoin, une vision prospective pour les États © Freepik

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