AGEFI Luxembourg - juillet août 2025
AGEFI Luxembourg 38 Juillet / Août 2025 Droit / Emploi C reditreformLuxembourg SA a analysé l’évolution des faillites d’entreprises auGrand-Duché au cours du 1 er semestre 2025, sur base d’une éva- luation réalisée par le départe- ment Business Credit Scores & Analytics, et l’a comparé à celle de l’année précédente. «Avec 595 faillites au 1 er semestre 2025, le Luxembourgrestestable,contrairementà ses pays voisins qui enregistrent des hausses significatives », souligne Juan Santiago, Authorized Manager de CreditreformLuxembourgSA.«En2025, nospayslimitrophesatteignentunrecord historique de défaillances d’entreprises. Par exemple l’Allemagne enregistre une majorationde 9,4%pour atteindre 11.900 faillites au 1 er semestre 2025. » Secteurs les plus touchés Lesecteurdu«Service»maintien,comme d’habitude,satristepremièrepositionavec 355 faillites, ce qui signifie unemajoration de 42 faillites en comparaison avec le 1 er semestre 2024. Le secteur de la construc- tion retient son souffle avec 89 faillites en 2025 contre 100 en 2024. Cette baisse devraitêtrequalifiéepositive,maisenana- lysant les chiffres sur plusieurs années dans le passé, le nombre de 89 faillites est toujours à considérer comme très élevé. Parmi les grandes entreprises embléma- tiquesayantdéposélebilanfigurentSichel SA, M-Energy sàrl ainsi que le groupe Andreosso. Répartition géographique par ancienneté et tribunal d’arrondissement La répartition des faillites par ancienneté aénormémentchangéparrapportaupre- mier semestre 2024. En 2025, il y avait 147 insolvabilités pour les jeunes entreprises de moins de 5 ans (254 en 2024) et 448 insolvabilités pour les entreprises plus anciennes (318 en 2024). Cette répartition actuelle correspond à la moyenne obser- vée depuis de nombreuses années au Luxembourg, soit 25 % pour les jeunes entreprisesdemoinsde5anset75%pour lesentreprisesplusanciennesdeplusde5 ans. La répartition des faillites par arron- dissement judiciaire est de 539 faillites à Luxembourg et 56 àDiekirch. Analyse sectorielle Lesentreprisessouffrentdeproblèmesde liquidités. Une tendance négative se dégage dans certains secteurs. Dans le secteur de la construction, par exemple, les factures impayées aug- mentent considérablement. Depuis 2018, une augmentation d'année en année a été constatée dans le recouvre- ment de créances, avec des hausses de +16 % en 2019, +9 % en 2020, +41 % en 2023 et +52 % en 2024. Les années 2021 et 2022 n'ont pas été prises en compte en raison de la crise sanitaire. Formes juridiques des entreprises en faillite Lessàrl-s(sociétésàresponsabilitélimitée simplifiées)enregistrentunehaussesigni- ficative de 85,11%passant de 47 à 87 fail- lites. Le secteur du « Service » se démarque fortement et occupe la pre- mièreplace avec 49 faillites dans la répar- tition de la forme sàrl-s. La forme juridique SA subit une majora- tion de +22%. Cependant la Sàrl (sociétés à responsabilité limitée) enregistre une baissede-9,33%atteignant340casen2025 contre 375 en 2024. Perspectives pour 2025 « Le nombre total de faillites au cours du premiersemestre2025montrelamoyenne luxembourgeoise que nous constatons depuis longtemps. Toutefois, les entre- prises ont été fortement touchées par les crises récentes et n'ont pas d'influence sur les décisions politiques internationales. Des taxes douanières par exemple plus élevéessurlemarchémondialauraientun impact considérable sur la croissance éco- nomique et augmenteraient encore le nombretotaldefaillitesd'entreprisesdont la capitalisation est déjà très faible », note Juan Santiago. Les entreprises souffrent de problèmes de liquidités A univeaumondial, les entreprises ont dû attendre enmoyenne 62 jours pour le paiement de leurs factures en 2024. Par rapport à 2023, cela représente une détériorationde 2 jours. EnEurope, le temps d’attente était de 58 jours, ce qui représente également une détériora- tionde 2 jours. Enpartie parce que les entreprises doivent attendre plus longtemps leur argent, elles ont besoindeplusenplusdefonds de roulement pour financer leurs activités quotidiennes. Converti en “jours de chiffre d’affaires”, le BFR (Besoin en FondsdeRoulement)mondial a augmenté de +2 jours pour atteindre 78 jours d’ici 2024. Il s’agitduniveauleplusélevéde- puis la crise financière (2008). En Europe, le BFR a augmenté de 4 jours (à 67 jours) pour la troisième année consécutive. Si les droits de douane annoncés par Trump le jour de la Libération sont pleinement appliqués, les entreprises euro- péennes auront besoin de 8,5 milliards d’euros de fonds de roulement supplémentaires. Telles sont les conclusionsdurapportderecherched’AllianzTrade. L’assureur-crédit a notamment étudié le délai d’at- tente des entreprises pour le paiement de leurs fac- tures (DSO, Days SalesOutstanding). Johan Geeroms (portrait), Directeur Risk Underwriting Benelux chezAllianz : “Le DSO est un indicateur financier impor- tant. Il renseigne sur la santé financière des entreprises. L’augmentation des DSO en Europe et dans d’autres régions du monde est principalement un signal d’alarme de la détérioration des liquidités. Lesentreprisesontdeplusenplusdemal à faire faceà leursobligations. Ellesont également moins de marge de manœuvre pour investir. Elles dépendent de plus en plus des banques car elles ont be- soindeliquiditéssupplémen- taires. Mais ces banques freinent en fait parce que le DSO se détériore”. En payant de plus en plus tard, les entreprisessetiennentmutuellement en étau, explique M. Geeroms. “En fait, vous utilisez votre client comme une banque. En at- tendantpluslongtempspourpayer,vousempruntez del’argentpendantuncertaintemps,pourainsidire. De cette manière, les entreprises s’exposent mutuel- lement à des problèmes de liquidité et les risques d’impayés et de faillite augmentent.” 11milliards d’euros de crédit supplémentaire L’allongement des délais de paiement et la consti- tution de stocks importants constituent l’une des formes de crédit proposées par les entreprises. “Du quatrième trimestre 2024 au premier trimestre 2025, les entreprises européennes ont effectivement accordé 11 milliards d’euros supplémentaires de crédit aux entreprises, soit presque autant que les nouveaux flux de créditmensuels des banques de- puis le début de l’année, a déclaré Maxime Le- merle, analyste principal pour la recherche sur l’insolvabilité chezAllianz Trade.” Les besoinsmondiaux en fonds de roulement atteignent leur plus haut niveaudepuis 2008 En 2024, le BFR (Besoin en Fonds de Roulement) mondial a augmentéde +2 jourspour atteindre 78, le pointleplusélevésurdepuislacrisefinancièremon- diale. L’Europeoccidentale enparticulier s’est distin- guée avec une augmentation de +4 jours, pour la troisième année consécutive. Au contraire, les États- Unis ont enregistré une baisse duBFRde 3 jours. Allianz Trade prévoit un affaiblissement des entre- prises en raisond’une baisse de la demande qui ac- centue la pression sur les ventes. Les entreprises européennes sont particulièrement vulnérables. Elles ont beaucoup plus de stocks que les entre- prises américaines. Par conséquent, elles sont confrontées à des risques de crédit importants et restent vulnérables en raison de l’augmentation de leurs besoins de financement. En raison de la fai- blesse de la demande, sept secteurs ont le plus contribué à l’augmentation du BFR en Amérique du Nord, en Europe occidentale et dans la région APAC : les équipements de transport, les produits chimiques, l’énergie, le commerce de détail, les équipements de machines, les métaux et les logi- ciels/services informatiques. Certains secteurs ont également vu leur BFRdiminuer, comme le papier, les services B2C et l’hôtellerie en Europe. Grandes chances d’une nouvelle hausse duBFR Dans la période d’incertitude actuelle, y compris les planserratiqueslancésparTrump,ilestfortprobable que le BFR augmente encore. “Dans un scénario défavorable, le BFR augmentera encore de manière significative. Si les droits de douanesontintroduitsauxÉtats-Unisdanslamesure annoncée le “jour de la libération”, la croissance du PIB chuterait de 1 point de pourcentage, ce qui aug- menterait les coûts de financement du commerce. Dansuntelscénario,lesentrepriseseuropéennesde- vraient financer 8,5 milliards d’euros supplémen- taires et les entreprises américaines 15,5milliards de dollarssupplémentaires.Cescoûtspourraientencore augmenter si les dérapages budgétaires et les chocs inflationnistes induits par l’offre entraînaient une hausse des taux d’intérêt de 1 point de pourcentage. LeBFRaugmenteraitalorsde14milliardsd’eurosen Europe et de 26milliards de dollars aux États-Unis”, adéclaréAnaBoata,responsabledelarecherchema- croéconomique chezAllianz Trade. Les entreprises paient leurs factures après 62 jours en moyenne L e 18 juin 2025, Gilles Roth, ministre des Finances, a offi- ciellement signé une dota- tion avec les représentants de l'UniversitéMcGill, ainsi qu'avec l'Associationdes banques et ban- quiers, Luxembourg (ABBL) et l'Association luxembourgeoise des fonds d'investissement (ALFI). Cette conventionmarque le lance- ment d'unpartenariat stratégique visant à établir le tout premier pro- gramme demaster en gestion financière de l'UniversitéMcGill enEurope, et ce, auLuxembourg. Reconnuemondialementpourl'excellence de son enseignement et de sa recherche, l'Université McGill figure parmi les insti- tutionsacadémiqueslesplusprestigieuses à l'échelle internationale. L'implantation de son programme de master en gestion financière au Luxembourg constitue une avancée majeure pour le rayonnement académiqueetfinancierdupays.Ceprojet bénéficiedusoutienactifduministèredes Finances, de l'ABBL et de l'ALFI, qui par- tagent la volonté commune de renforcer l'attractivité de la place financière luxem- bourgeoise. Il s'agit d'une opportunité uniquedeformerlocalementunenouvelle génération de professionnels hautement qualifiés, en liendirect avec les besoinsdu secteur financier. Ce partenariat illustre l'engagement du Luxembourg à investir dans le capital humainet à favoriser l'innovationacadé- mique, tout enconsolidant sapositionde centre financier international de premier plan. Le programme demaster bénéficie du soutien de laChambre de commerce, qui met à disposition les infrastructures de sonCentre de formation. L'Université McGillyseraégalementreprésentéeavec un bureau dédié à la gestion et l'organi- sation de cemaster. Le ministre Roth souligne : « L'établis- sement de l'Université McGill au Luxembourg est un signal fort que nous investissons dans l'avenir de notre centre financier en investissant dans les per- sonnes. Cette initiative s'inscrit pleine- ment dans notre ambition d'attirer des talents internationaux et de favoriser un écosystème dynamique et tourné vers l'avenir, qui soutiendra et développera le centre financier luxembourgeois sur la scène mondiale. » Yolande Chan, doyenne de la Faculté de gestion Desautels de l'Université McGill, indique quant à elle : « C'est avec fierté que nous faisons profiter le Luxembourg de l'excellence qui fait la réputation de notre université. Avec le soutiende nos estimés partenaires, nous amenons notre programme d'excellence en gestion financière dans un centre financier mondial reconnu pour son innovation et son influence. C'est le début d'unnouveau chapitre pour notre mission commune qui consiste à former des leaders influents dans le secteur de la finance. » Jerry Grbic, CEO de l'ABBL, a déclaré : «Renforcer l'attractivitédusecteur finan- cier en contribuant à proposer des for- mations à haute valeur ajoutée répon- dant à la fois aux aspirations des rési- dents luxembourgeois et des talents venus de l'étranger, qu'aux besoins en matière de formation continue de nos membres est unedesprioritésde l'ABBL. Le soutien que nous apportons à l'initia- tive de McGill s'inscrit ainsi dans la lignée de notre engagement auprès de l'Université de Luxembourg et de la House of Training. » SergeWeyland, CEOde l'ALFI, aprécisé: « La combinaison unique de l'excellence académique de renommée mondiale et del'expériencepratiqueofferteparMcGill correspondparfaitement auxbesoinsdes membres de l'ALFI et soutient l'ambition du Luxembourg de monter en gamme dans la chaînedevaleur.Grâceaux fonds d'investissement gérés par les étudiants et soutenus par l'université, les étudiants acquièrent une expérience concrète en gestion de portefeuille, gestion des risques, marketing et levée de fonds, développant ainsi précisément les com- pétences dont notre secteur a besoin. » Source : ministère des Finances Lancement du premier master européen en finance de l'Université McGill au Luxembourg ©MFIN ( assis,g.àdr. )SergeWeyland,CEOALFI;YolandeChan,doyennedelaFacultédegestionDesautels,Université McGill ; Gilles Roth, ministre des Finances ; JerryGrbic, CEOABBL - ( debout, g. à dr. ) Jean-Marc Goy,ALFI Chairman;PatrickAugustin,ProfessorofFinance,AcademicDirectorMMFLuxembourg;ChristopherManfredi, McGillProvost;JenniferDeNeijs,directrice«Développementdelaplacefinancière»;YvesStein,ABBLChairman ©Freepik
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk5MDI=