AGEFI Luxembourg - septembre 2025

Septembre 2025 37 AGEFI Luxembourg Droit / Emploi Par François GERARD, administrateur gérant de Coworkly L a pandémie a eu des répercussions profondes sur lemonde du travail. Parmi les tendances durables qui ont émergé, le “Work from the Border” ou “Bureau satellite” ne cesse de se développer, en particulier au Luxembourg. Cemodèle repose sur la création de bureaux décentralisés, implantés à proximité des frontières, permettant aux fron- taliers de travailler plus près de chez eux, pour quelques heures ou la journée, sans avoir à se ren- dre jusqu’au centre-ville. Un phénomène en expansion au Luxembourg De nombreux facteurs contribuent au développe- ment de ce phénomène: la volonté de réduire les temps de trajet, l’augmentation du coût de la vie et de la mobilité, ainsi que la recherche de flexibilité et de bien-être au travail. Pour les frontaliers belges, français ou allemands, il est plus confor- table et souvent plus productif de se ren- dre dans un espace de travail profession- nel à Arlon, Thionville ou Trèves plutôt que de passer deux heures dans les bouchons matin et soir. Ce modèle a premièrement été développé par les grandes entreprises, qui dis- posent des ressources pour créer ou louer des bureaux décentralisés, tout en garantissant un niveau de contrôle et de sécurité suffisant. Avantages et limites pour les différents acteurs Pour les salariés frontaliers, les avantages sont multiples : gain de temps, meilleure qualité de vie, flexibilité accrue, réduction du stress et des coûts de transport. Pour les employeurs, c’est un moyen de renfor- cer l’attractivité de leur politique RH et de fidé- liser leurs talents, mais également de réduire le stress et d’améliorer la qualité du travail. Cependant, ce modèle pose aussi des défis : coordination entre les équipes dispersées, ges- tion de la cybersécurité, et coûts potentiels d’in- frastructure. Un challenge pour les entreprises de taille moyenne LeWFB tend à se généraliser. Il constitue un levier pour renforcer l’attractivité du Luxembourg, opti- miser les coûts et répondre aux nouvelles attentes des collaborateurs. Là où les grandes structures peuvent absorber le coût initial ou le mutualiser sur plusieurs fronta- liers, les entreprises de taille moyenne sont sou- vent démunies. Elles doivent pourtant être en mesure de proposer des solutions similaires si elles souhaitent rester compétitives sur le marché du travail et attirer les mêmes talents. La diffi- culté est de taille : comment offrir cette flexibilité sans alourdir les charges fixes ni complexifier leur organisation ? La location d’espaces partagés : une solution adaptée C’est ici qu’intervient une alternative souple et efficiente : la location d’espaces de coworking près des frontières, proposée par des opérateurs spécialisés tels que Coworkly au Windhof. Cette solution permet de bénéficier d’un espace professionnel équipé, sécurisé et convivial, sans engager d’investissements lourds ni de contrats de longue durée. Elle offre donc de la flexibilité tant aux travail- leurs qu’aux employeurs – pour un coût de loca- tion extrêmement abordable. Ainsi, le “Work from the Border” pourrait bien devenir un levier de compétitivité pour les PME luxembourgeoises… à condition d’en comprendre les enjeux et de s’appuyer surdespartenaires fiables. Bureaux satellites – quelles sont les armes des moyennes entreprises ? Par Roger H. HARTMANN, Chairman EFPA Luxembourg Asbl D isons-le d’emblée et avec clarté : le Régulateur européen a voulu trop bien faire, aller jusqu’au bout de la perfection, et a par ce fait mis sur pied la Grande Complication, celle qui fait que l’on ne peut plus avancer sans mettre en péril tout l’édifice. Il est aujourd’hui évident pour tout le monde : l’Europe financière se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : il est de la plus grande urgence de simpli- fier pour rester compétitif. Dans ce monde caractérisé par des turbulences et rempli d’incertitudes, les défis sont de taille : de grands défis géopolitiques où à peu près tout est devenu compliqué, la transformation digitale qui va révolutionner dans les prochaines années tout notre environnement et les défis reliés au change- ment climatique qui vont monter en puissance car nous ne nous transformons pas assez rapidement. Le secteur financier européen, en particulier celui de l’Union européenne, se trouve aujourd’hui confronté à un défi de taille : Concilier l’impératif de durabilité avec la nécessité de rester compétitif face à des concurrents internationaux moins contraints par la réglementation, où dans une phase de dérèglementation, ce qui n’est pas le but recherché en Europe. Dans ce contexte, l’initiative dumois de février der- nier de la Commission européenne, le « Omnibus Simplification Package » apparaît comme une réponse indispensable et urgente à une situation devenue intenable pour de nombreux acteurs du marché. Il demeure essentiel de se rendre compte quandon a été trop loin, voire beaucoup trop loin. Depuis une bonne dizaine d’années, l’Union européenne a multiplié les réglementations enmatière de durabi- lité, avec des textes majeurs comme la CSRD (Corporate Sustaina-bility Reporting Directive), la CSDDD (Corporate SustainabilityDue Diligence Directive), ou encore le règlement sur la taxonomie européenne. Si ces initiatives visent à posi- tionner l’Europe comme Leader de lafinancedurable, leur mise en œuvre s’est accompagnée d’une com- plexité croissante, d’unempi- lement de normes et d’obliga- tions de reporting toujours plus exigeantes, que je me permets d’appeler la Grande complication. Résultat : une charge administrative accrue, des coûts de conformité en forte hausse, et surtout une perte d’agilité pour les entreprises, en particulier les PME et les acteurs financiers, qui peinent à sui- vre le rythme des changements règlementaires. Quand on connaît la force de nos PME sur notre continent, nous nous sommes volontairement tirés une balle dans le pied. Fort heureusement, la Commission européenne a elle-même reconnu le problème, et a rapidement suprésenter il y a 6mois son initiative «Omnibus ». Le nom est pour le moins particulier, car un train omnibus est connupour sa lenteur et n’a pas bonne réputation. Sans doute, l’UE a voulu se référer au terme bienmoins connu de la loi omnibus qui vise à modifier, à abroger plus d’une loi, mais qui ont un lien entre elles, un omnibus que le commun des mortels ne connaît pas. Cet ensemble de mesures vise à réduire de 25 % la charge administrative pour les entreprises et de 35% pour les PME d’ici 2026. Parmi les principales propositions : la hausse du seuil de reportingCSRD qui ne concernerait plus que les entreprises de plus de 1’000 salariés, le report des échéances de confor- mité, ou encore la simplification des obligations de diligence raisonnable en limitant leur portée aux fournisseurs directs (Tier 1) et en assouplissant les sanctions pour les fournisseurs non conformes. Ne nous voilons pas la face : le vrai enjeu de cette Grande Simplification est la compétitivité de notre continent, ni plus ni mois. La question n’est pas seulement technique, elle est en fait straté- gique. L’Europe, en surréglementant, risque de s’affaiblir de manière durable face à des concur- rents comme les Etats-Unis ou la Chine, où les exigences en matière de reporting extra-financier sont moins strictes. Comme le souligne le rapport Draghi sur la com- pétitivité européenne, une accumulation de normes peut entrainer une perte de 10 % su PIB potentiel de l’UE. Cette simplification n’est donc nullement un luxe, mais une nécessité pour éviter un décrochage économique et attirer les investis- sements nécessaires à la transition écologique. Pour les professionnels du secteur financier, cette simplification est aussi une question de survie. Les conseillers financiers, les Financial Advisors si chers à EFPA LuxembourgAsbl, les gérants de patrimoine et les institutions bancaires doivent pouvoir se concentrer sur leur cœur de métier : Conseiller, investir, innover. Or aujourd’hui, une part croissante de leur temps et de leurs res- sources est absorbée par la gestion de la confor- mité règlementaire. Mais dans la Grande Simplification, le rôle clé de la formation et de la certification demeure, et c’est ici qu’intervient EFPA Luxembourg Asbl, acteur majeur de la certification et de la formation conti- nue des Financial Advisors en Europe. Dans un environnement règlementaire en constante évolu- tion, quand on passe de la complication à la sim- plification, la formation continue n’est plus une option, mais une obligation pour maintenir un haut niveaude compétence et d’éthique, et pouvoir ainsi remplir sa « fiduciary duty » si chère aux Américains. EFPA, en proposant des certifications reconnues et en adaptant ses programmes aux évolutions législatives, joue un rôle essentiel pour permettre aux professionnels de naviguer dans ce paysage complexe. Ses initiatives, comme l’EFPA FINANCE FORUM (#EFF25) du 25 septembre prochain, renforcent la résilience du secteur en favorisant l’échange de bonnes pratiques et l’ac- tualisation des compétences nécessaires. La simplification ne doit pas pour autant signifier un affaiblissement des ambitions environnemen- tales et sociales de l’Europe. L’objectif est de rendre les règles plus efficaces, plus proportionnées, et mieux adaptées à la réalité des entreprises. Par exemple, en réduisant le nombre de points de don- nées à rapporter ou en clarifiant les critères tech- niques de la taxonomie, l’UEpeut alléger la charge tout en maintenant ses objectifs de neutralité car- bone à l’horizon de 2050. En conclusion, il faut donc trouver le juste équili- bre. Le «Omnibus SimplificationPackage » est une étape nécessaire, mais il ne suffit pas à lui seul. Il faut aussi que les professionnels du secteur finan- cier, soutenus par des organismes comme EFPA LuxembourgAsbl, s’approprient ces changements et continuent à se former pour en tirer le meilleur parti. La compétitivité de l’Europe passera par sa capacité à allier ambition environnementale et pragmatisme réglementaire, un équilibre délicat à trouver, mais indispensable pour l’avenir de la place financière luxembourgeoise et européenne. Reste à savoir si les États membres et le Parlement européen sauront saisir cette opportunité pour adopter, d’ici mi-2026, un cadre réglementaire à la fois ambitieux et réaliste. En attendant, les acteurs du secteur financier doivent se préparer à naviguer dans une période de transition, en misant sur la formation, l’agilité et l’innovation. L’Omnibus Simplification Package : la fin de la Grande Complication ?

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