AGEFI Luxembourg - juillet août 2025

Juillet / Août 2025 37 AGEFI Luxembourg Droit / Emploi L e 18 juindernier, s’est tenue la conférence intitulée «Droit du travail, politiques de l’em- ploi à l’ère de l’IAgénérative » sur l’initiative deM e Marie Behle Pondji, Partner au seindu cabinet de niche spécialisé endroit du tra- vail, CASTEGNARO-Ius Laboris Luxembourg. L’évènement,organisé,enpartenariatavec Legitech, s’adressait tout particulièrement auxchefsd’entreprises,auxdirectionsdes services juridiques et des ressources humaines ainsi qu’à tous lespraticiensdu droit du travail et dudialogue social. Plusieurs experts se sont succédés et ont partagé avec le public leurs analyses et réflexions sur la complexité des enjeux associés à l’introduction de l’intelligence artificiellegénérativedanslesrapportsdu travail et, de manière générale, de ses impacts sur l’emploi. Avancées technologiques et mutations des rapports et du contentieux du travail Après avoir dressé les contours des thèmes de la journée, M e Behle Pondji a cédé la parole au Pr. Luca Ratti, de la Faculté de Droit de l’Université de Luxembourg, qui a partagé ses analyses sur l’ « algorithimisation » des rapports du travail.Unebelle introductionaupro- pos de Marie Peyronnet, maitresse de conférence à l’Université de Bordeaux, qui a démontré au public que le conten- tieuxdeladiscriminationdanslecontexte du management algorithmique des tra- vailleurs est déjà une réalité dans cer- taines juridictions. Cas d’usage de l’IAdans les ressources humaines Les participants se sont ensuite prêtés avec enthousiasme à de petites « expé- riences sociales » sous l’œil de Florian Feltes, CEO et co-fondateur de Zortify, société luxembourgeoise de la « HR tech », qui propose d’évaluer la person- nalitédes candidats à l’embauchegrâce à des solutions basées sur l’IA. Prospectives sur l’évolution dudialogue social La confédération syndicale représenta- tive sur le plan national, LCGB, était également représentée en la personne de son président national, PatrickDury. Au travers des 12 revendications et pro- positions du syndicat pour l’IA, Monsieur Dury a donné un aperçu de la manière dont son organisation envi- sage d’aborder le dialogue social autour du déploiement et des cas d’usage de l’IA en entreprise. Démystificationde la règlementation européenne sur l’IA Actualité oblige, la conférence ne pouvait faire l’impasse sur le règle- ment sur l’intelligence artificielle, adopté en 2024 et dont les premières dispositions sont entrées en vigueur au mois de février 2025. Pour ce faire, M e Nina Togouna (cabi- net Togouna & Tome), spécialiste du droit de la protection des données per- sonnelles et des contrats informatiques, a présenté le cadre légal à l’intérieur duquel les chefs d’entreprises navigue- ront soit en tant que « fournisseurs » ou « déployeurs ». Le pragmatisme de Sadia Berdaï, cheffe du service Intelligence artificielle, inno- vation et numérique de la Commission nationale de la protection des données (CNPD), est venu parfaire le travail de démystification d’une règlementation qui, bien qu’elle ne leur soit pas spécifiquement adressée, est susceptible d’impacter fortement les responsabilités des chargés de ressources humaines. Une vue concrète sur la transformationdes emplois et des compétences Patrick Thill, chercheur en sciences sociales et politiques au sein du Luxembourg Institute of Socio- Economic Research (LISER) a présenté les prospectives en matière de transfor- mations des emplois et les impacts sociétaux de l’IA, ainsi que les initiatives existantes et à venir à l’échelle nationale. Lepropos a été concrètement illustrépar le groupeArcelorMittal auLuxembourg représenté par Michèle Merle (HR Coordination Luxembourg & Facility Management HQs & AOB), Elodie Vivier (Labour Law Counsel) et Oriane Yabi (Data Protection Correspondent Luxembourg). Avec générosité, les trois intervenantes ont immergé le public dans l’univers du géant de l’acier qui voit en l’IAun terrain d’optimisationopérationnelle, de renfor- cement de la sécurité des collaborateurs et de pilotage stratégique. Cette conférence a été l’occasion de sensi- biliser les employeurs, les professionnels des ressources humaines, les juristes tra- vaillistes et bien d’autres, à la nécessité de s’approprier sans plus attendre les sujets autour de l’IA et de l’IA générative en entreprise. Pour ceux qui en doutaient encore, le rôle des technologies de l’IA dans la transformation du travail et de l’emploi n’est plus à démontrer. « Droit du travail, politique de l’emploi à l’ère de l’IA générative » : Une réflexion plus que nécessaire pour les professionnels des ressources humaines et experts en droit social ©Legitech L a timide embellie de ce début d’année n’a pas modifié enprofondeur la situationqui perdure depuis 2023 : lemarché de l’emploi s’essouffle et les principaux indicateursmon- trent unnet ralentissement. Lorsdelaprésentationdurapport annuel2024,enprésenceduminis- treduTravail, GeorgesMischo ,la directrice de l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM), Isabelle Schlesser (photo), a commenté des chiffres en tension : «Même si nous avons encore connu une croissance de l’emploi en 2024, à +0,9 %, celle-ci étaithistoriquementbasseparrap- port au niveau habituel au Luxembourg. Il faut s’habituer à neplusconnaîtrelesmêmesdyna- miques que par le passé. » Les prévisions de croissance de l’emploi intérieur, émises par le Statec, tablent en effet sur +1%en 2025, avant une légère remontée à +1,5 % en 2026, alors que ce taux dépassaitles+3%en2021.En2024, lenombredepostesvacantsdécla- rés à l’ADEMabaisséde 15%par rapport à 2023, avec 36.707 postes déclarés au total et 5.935 restant disponibles enfind’année. Le nombre de demandeurs d’em- ploi inscrits à l’ADEM a quant à lui augmenté de 7 % l’année der- nière, avec à la fin décembre 2024 un taux de chômage qui se situait à 5,9%et qui estmême remonté à 6,0 %, avec 18.469 demandeurs d’emploi inscrits au 31 mai 2025. Selon les calculs du Statec, ce taux ne fluctuera que très légèrement danslesmoisàvenir,pours’établir à 5,9%à l’horizon 2026. Comprendre lesmutations dumarché de l’emploi et agir sur les compétences «Malgré ce contextedehaussedu nombrededemandeursd’emploi, lesdifficultésàrecruterdelamain- d’œuvre persistent », a souligné Isabelle Schlesser. L’ADEM a mené en 2024 une nouvelle série d’études pourmieux comprendre le marché de l’emploi et ses ten- dances actuelles et futures. Publié récemment, le Zoom Emploi sur les métiers de l’IT illustre bien l’évolution rapide du marché: les compétences recherchées par les employeursontconsidérablement évolué ces dernières années, avec une grande variabilité selon les entreprises. L’ADEM a par ailleurs lancé en 2024 un nouveau tableau de bord interactif, JobInsights.lu, qui indique en temps réel les compé- tences et niveaux d’expérience requis par les entreprises pour chaque secteur d’activité et pour les différentsmétiers, ainsi que les métiers lesplusdemandés et ceux qui sont en déclin. « Il s’agit d’un nouveloutiltrèsintéressantetpro- metteur, à la fois pour les jeunes qui y trouvent des informations pourleurcarrière,maisaussipour les demandeurs d’emploi et les salariés qui souhaitent se réorien- ter », a souligné la directrice. Développer l’employabilité grâce aux formations Pour répondre aux évolutions rapides du marché de l’emploi, le ministre du Travail, Georges Mischo,arappelé«lerôleessentiel del’ADEMpoursouteniretdéve- lopperl’employabilitédesdeman- deurs d’emploi, via des solutions d’up-etdere-skilling,notamment. Ces programmes jouent un rôle fondamental pour réduire le skills gap, c’est-à-dire l’écart entre les compétences demandées par les employeurs et celles disponibles chez les candidats ». Tout au long de l’année, l’ADEM organise,encollaborationavecses nombreuxpartenaires,desforma- tions sectorielles, souvent accessi- bles sans prérequis spécifique et ainsi particulièrement adaptées aux demandeurs d’emploi peu qualifiés. Elles visent à répondre à des besoins concrets des entre- prisesetfavorisentainsiuneinser- tionou réinsertion rapide et dura- ble sur lemarché de l’emploi. Cet investissement dans la forma- tion des demandeurs d’emploi se reflète dans les chiffres, qui mon- trent une très forte augmentation des participations: depuis 2019, la part des personnes inscrites à l’ADEMayantsuiviuneformation sur les douze derniers mois a été multipliée par sept! Au total, en 2024,cenesontpasmoinsde9.170 demandeurs d’emploi qui ont bénéficié d’au moins une forma- tion(+78,3%parrapportà2023)et près de 14.000 participations ont été enregistrées (contre 7.579 en 2023), ce qui marque aussi le net engouement pour une offre de plus enplus étoffée en eLearning. L’ADEMcontinue àmettre l’accent sur la digitalisation « Nous poursuivons le déploie- ment de notre stratégie ADEM 2025, en accompagnant nos prin- cipauxclients–demandeursd’em- ploi, salariés et employeurs – et en enrichissantnotreoffredeservices pardesinnovationsquirépondent aux attentes des cit-oyens, tout en continuant à améliorer notre effi- cacité interne », a indiqué pour sa part Isabelle Schlesser. À cet égard, le Portail de l’emploi de l’ADEM (adem.lu) a fait peau neuve: plus ergonomique, il a été repensé demanière à faciliter l’ac- cès aux informations et docu- ments utiles, tout en renforçant l’autonomiedesutilisateurs.Lancé en juin, il est le fruit «d’une excel- lente collaboration avec le Centre des technologies de l’information del’État(CTIE),etjetiensàremer- cier toutes les équipes qui nous ontaccompagnéssurceprojet»,a- t-elle souligné. Proposée en trois langues (français, allemand et anglais), la nouvelle plateforme propose une navigation intuitive et intègre des boutons d’appel à l’action pour tous ses clients : « Je m’inscris », « Je m’intéresse à l’apprentissage », « Je déclare un poste vacant »... Elle comporte également une page dédiée aux formations, permettant d’effec- tuer directement des recherches parmi celles proposées, selon les secteurs ou les compétences visées, les langues ouencore l’âge des publics-cibles. Évolutif,lePortaildel’emploinou- velle version constitue « un pre- mierpasversunsiteinteractifper- mettantd’effectuerdenombreuses démarches en ligne, a indiqué la directrice de l’ADEM. La pro- chaineétape,enmatièrededigita- lisationdesservices,concernerales indemnités de chômage (deman- de en ligne et espace personnel ADEM sur MyGuichet), à partir de novembre prochain. Puis, de nouveauxservicesdigitauxseront déployés progressivement ». Les actions phares de l’ADEM pour rendre lemarchéde l’emploi plus efficace et résilient sont décrites dans le rapport annuel 2024.Cetteannéeencore,l’ADEM achoisiunformatdigital,intégrant de nombreuses vidéos. Pour approfondir certaines théma- tiques, une version complète peut être téléchargée sur adem.lu . En conclusion, le ministre du Travail,GeorgesMischo,asaluéle travail accompli par l’ADEM : « Je félicite la direction ainsi que l’en- semble des équipes pour le travail réalisé, au profit des demandeurs d’emploi et des employeurs, dans un contexte enpleinemutation. » Rapport :https://rapport-annuel-adem.lu/ Source :ADEM Le nombre de postes vacants en baisse au Luxembourg ©ADEM C omme lors des tri- mestres précédents la progression trimes- trielle de l’emploi salarié est restée trèsmodérée avec une hausse de 0,2%par rapport auquatrième trimestre 2024. En variation annuelle la pro- gression atteint 0,9%. Les activités du commerce, de transport, d’hébergement et de restauration(+0,6%),ainsiquel’ad- ministration et les autres services publics (+0,9 %) affichent les plus fortes progressions trimestrielles par rapport au 4 e trimestre 2024. Enrevanchelessecteursd’activités delaconstruction,del’information et de la communication, ainsi que les activités spécialisées et les ser- vicesdesoutien,ontenregistréune baisse du nombre de salariés au premier trimestre 2025. Denouveaul’administrationetles autres services publics (+3,7%sur un an) sont les branches les plus dynamiques en comparaison annuelle. Ce sont les services de l’administrationcentraleetlesacti- vitésdel’actionsociale,sanshéber- gement pour personnes âgées et pour personnes handicapées, qui ont enregistré la croissance la plus favorable. En revanche, le secteur de la construction a connu une baissemarquée de 3,3%dunom- bre de salariés sur un an, en parti- culierdanslaconstructiondebâti- ments résidentiels et non résiden- tiels, qui ont subi les pertes d’em- plois les plus conséquentes. Enfin, au premier trimestre 2025, le nombre de salariés résidents a progressé légèrement plus que celui des frontaliers (+0,3 % par rapport au quatrième trimestre 2024 pour les résidents contre +0,1 % pour les frontaliers). Toutefois, le nombre de salariés frontaliers allemands et belges a diminué par rapport au premier trimestre 2024, avec des baisses respectives de 0,5 % et 0,4 %. Source: STATEC Progression modérée de l’emploi

RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk5MDI=