Agefi Luxembourg - avril 2025

Avril 2025 35 AGEFI Luxembourg Droit / Emploi Par Rémi FOUILLOY, CEO de Morgan Philips Luxembourg D epuis plusieurs mois, j’entends souvent dire que le marché de l’emploi est atone, spécifique- ment dans le secteur financier. Le Luxembourg aurait-il perdu sa vigueur, son dynamisme ? Ce constat ne cor- respond pas à ma perception du marché. Nous sommes plutôt dans une phase de stabilisation, après une période de surchauffe post-COVIDmarquée par des hausses de salaires parfois irra- tionnelles et déraisonnables pour tenter d’enrayer un taux de turn- over très élevé et ce qu’on pourrait qualifier de « mercato » dans certains secteurs. Selon les données duSTATEC, lepays comptait près de 518.000 emplois pourvus enmars 2024 et 520.737 en février 2025, soit une légère croissance dumarché de l’emploi dans son ensemble. Le taux de chômage estquantàluipasséde5,6à5,9%surlapériode,mar- quant une hausse, certes, mais sans commune me- sureavecletauxrecordde7,2%atteintenmai2014… mais qui s’en souvient ? Durant lesdixdernières années lesdiffé- rentspiliersdusecteurfinancier se sont transformés, c’est indéniable : consoli- dationdanslabanqueoudanslesMan- Cos tierces, digitalisation accélérée chez laplupartdesacteurs,marchésarrivésà maturité, comme pour lesAIFMdont la créationdenouvelles entités se fait désor- mais plus rare. Ces changements ont eu des impacts parfois né- gatifs sur le marché de l’emploi, (restructura- tions suite à des rachats, compétencesrenduesob- solètes face au dévelop- pement de nouveaux outils digitaux ou d’IA…). Néanmoins, de nouveaux segments de marché se sont développés en parallèle, permettant un gain net d’emplois dans l’ensemble. Prenons l’exemple du secteur de l’assurance, et plus particulièrementl’activitévie:49compagniesdédiées à celle-ci étaient recenséespar leSTATECen2015. En 2023 (dernières données publiques disponibles), il n’en restait que 36, principalement en raison d’une consolidationdumarché.Durantlamêmepériodele nombre de compagnies aux activités non-vie ou mixtes est resté stable. En 2023 le Commissariat aux Assurances recensait 3.102 employés dans l’assurance vie (en hausse de 6,2%par rapport à 2022) pour un total d’unpeuplus de15.000employésdansl’ensembledusecteurassu- rantiel. En 2019, juste avant la crise du COVID, le CAA recensait 2.787 employés dans l’assurance vie et 13.271 dans tout le secteur, contre 7045 employés seulement en2015.Ainsi, alorsmême que lenombre de compagnies d’assurance s’est réduit, ce secteur a enregistré une croissance significative de ses effectifs auLuxembourg, preuve de sondynamisme et reflet de la performance de sonmodèle économique. Du côté du secteur bancaire les effectifs sont restés stables (aux alentours de 26.000 employés) alors mêmequelenombredebanquesagrééesparlaCSSF estpasséde145à115entre2015et2024.Celadémon- trequemalgrécertainesfermeturesetréorganisations àlasuitederachatsetdefusions,lesecteurs’estmon- tré très résilient sur le volet de l’emploi. Enfin qu’en est-il des fonds ? Selon Luxembourg for Finance,environ31 %des51.000actifsdusecteurfi- nancier travaillent dans cette industrie (hors activités réalisées par les banques), ce qui représente environ 15.800 emplois contre une estimation de 12.000 en 2015 soit une hausse de plus de 30%des effectifs, en raison notamment du renforcement notable du Pri- vate Equity sur la place. Dans un contexte géopolitique et économique incer- tain, nous observons plus d’attentisme du côté des employeurs, notamment auseindesfilialesde socié- tés étrangères qui considèrent souvent leur stratégie de recrutement de façon globale. Dans certaines structures, chaque recrutement externe doit être va- lidé par le siège (parfois même pour des CDD) et la mobilité interne doit être privilégiée, même si elle ne répondpas toujours à une réalitémétier. Les candidats se montrent également plus réfléchis dans leur démarche. Sur la période 2018/2023, il n’était pas rare que ceux exerçant certaines fonctions très pénuriques (en conformité notamment) soient sollicités chaque semaine pour de nouvelles oppor- tunités. Cette période est (pour le moment) révolue, sauf pour les spécialistes du risque opérationnel, du risque IT et de la cyber sécurité notamment. Il est difficilede fairedes projections dans l’environ- nement instable actuel, toutefois lemarché de l’em- ploi dans le secteur financier luxembourgeois reste porteur et compétitif à moyen et long terme. Le ré- gime fiscal des impatriés remanié en 2025 et la nou- velle prime jeune salarié sont des leviers d’attractivité pour des profils de haut niveau et de jeunes talents à potentiel. En conclusion, le marché de l’emploi financier n’est pas « booming » depuis quelques mois, mais il n’est pas pour autant atone. Ses différents acteurs, em- ployeurs et candidats ont une approche plus ration- nelle et la place s’en sort plutôt bien au regard de ses voisins européens. Le marché de l’emploi financier est-il en pause ? By Rana HEIN-HARTMANN, Managing Director, Funds Talent Luxembourg S.à r.l. 1 5 years ago, it was not unusual to see mostly French, or German names in our shortlists. The growth in the Funds sector was attracting a strong cross- border working population, as well as a fast-growing number of UK, German, French and Belgian nationals who call Luxembourg their home. These days, things have changed considerably. It is no exaggeration to say that on some of our shortlists today, close to 60%of our candidates are employees who originate from outsideWestern Europe. These are candidates who have moved to Luxembourg within the last 10 years. Today, it is much more common to see names from Eastern Europe, Asian, or even South-east Asian nations. Through experience, we came to learn that therewerecertaincountrieswhichseemedtoproduce exceptionally high levels of talent in accounting and finance, due to amix of genetic and cultural norms. In Luxembourg, foreigners from non-EU countries number onlyaround70,000, (amonga totalworking population of 500,000), so it is not that this sector of the population is especially large, but just that they seem to be exceptionally employed in the kind of highly skilled finance roles for which our agency is known. France still makes up the majority of the working population,at50%,andthisexplainsthehighnumber ofFrenchnationalsthatwealsorepresent,buttheshift to seeing large numbers of candidates from further afield is quite noticeable. Luxembourgbenefits fromnet immigration; thepro- portion of foreigners who have made a home in Luxembourg is 47%. This is very similar to the 48% that was the case when I lived in London 13 years ago, a highly diverse andmulticultural city; more on London later. People will always move in the direction of a better life; it has been happening since time began. These days,itisnotabouttheweather,seasons,ortheabun- dance of the land, but about good job opportunities, life-styledrivers, andairportswithgoodconnections. There is a large, and in fact steadily growing, global expat population. These aremostly highly educated, mobile individuals and their families, who are moti- vatedtobuildabetterlife,andareflexibleonlocation. In 2013, this number was 230 million globally, 3.2%. In2025 thisnumber is closer to300million, or 3.7%of theworld’s population. To them, staying close tohome is less important than adventure, gaining new perspectives, or moving up the ladder in termsof career. Theyare typicallyopen- minded, flexible, andcrucially, driven.Attracting this workforce to your market is a big win. This has not goneunnoticedby anumber of governments; as evi- dencedbythenumberofexpatpackagesnowavaila- ble, in the form of tax breaks and other incentives. Governments don’t mind investing; they know the net resultwill be awin for their economy. In the UK, the picture is slightly different. Perhaps as a result of Brexit, over this period the foreignpopula- tion in London has declined; from 48% 12 years ago to 40% in 2024. The Brexit vote was in 2016, and the UK left Europe in 2020. This is a decline of 18% in theUK’smost internatio- nal city. We also know that in the same period, immigration to the UK as a whole has grown. It is more complicated to source datasets from the UK, but this certainly suggests that there has been a downward trend on the UK’s ability to attract the globallymobile to its capital city. Itmight be strange tomost people to realise that Luxembourg’s foreign population is nowsignificantly larger by ratio, than that of London. LuxembourgisanOECD-leaderinattractingforeign- born nationals; over 50% of its population was born overseas.Thisismarkedlyhigherthanitsclosestcoun- terpart; Switzerland, where foreign born nationals make up 31% of the population, and more than 3 timesmore than that of theUK; at 15%: (see chart) The influx of talent is undoubtedly being drawn in by the high quality of the job market, the country’s globallyhighGDPper capita position, and its central location. While people might be moving initially for work, they are staying, and they are contributing to a fastergrowing,moreinnovative,andmoresuccessful country, for everyone. How Luxembourg became a globally attractive location for top talent ! "# $$ # ! % & ' # & ( )' * ' #( + ' & (", + ' #( - ./0 .10 .20 .30 .30 .30 .40 /.0 560 560 550 550 550 520 7.0 7.0 560 ./0 .80 .70 .50 .50 ..0 ..0 ./0 50 50 80 10 20 30 40 40 .0 9) " ':" "5657" " ' " " - # ;" "9-' " ' '" <"9) :" " " - ' $ E ndate du 1 er avril 2025, lemi- nistre de l’Économie, des PME, de l’Énergie et duTou- risme, LexDelles, et leministre des Finances, Gilles Roth, se sont réu- nis dans une atmosphère produc- tive avec les partenaires sociaux au châteaude Senningendans le cadre dudialogue social national duSemestre européen 2025. Lors de cette première entrevue de l’an- née entre les partenaires sociaux et les re- présentants du gouvernement dans ce contexte, les parties prenantes ont pu faire le point sur le cycle 2025 du Semes- tre européen ainsi que sur le rapport d’avancement annuel 2025 du Luxem- bourg. Ce rapport assure le suivi de la mise en œuvre du Plan budgétaire et structurel àmoyen terme (PBS), qui a été soumis aux instances européennes en octobre 2024. Ainsi, l’objectif de cette réunion a été d’échanger avec les partenaires sociaux sur la situation budgétaire et les progrès réalisés enmatière de réformes et inves- tissements énumérés dans le PBS. Le ministre Delles a fait un point sur le contexte économique international, qui se caractériseparunralentissementdespers- pectives de croissance de l’économie, un niveau d’incertitude élevé et des risques telsquelestensionscommerciales,lafrag- mentation de l’économie mondiale ou la guerre en Ukraine. Ensuite, il a présenté les plus récentes prévisionsmacro-écono- miques du Statec pour le Luxembourg, qui prévoient, après une reprise peu dy- namiqueen2024,unretouràunsentierde croissance en 2025 et 2026. LeministreRoth,quantàlui,aprésentéles principalesdonnéesdel’exécutionbudgé- taire 2024. L’année écoulée affiche un ex- cédent de 888 millions d’euros au niveau des administrations publiques, soit 1,0% du PIB, porté notamment par une bonne performance des recettes et des dépenses maîtrisées. Le principal contributeur à cette amélioration est l’Administration centrale, dont le déficit est de 99 millions d’euros (-0,1%duPIB). Le ministre de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme, Lex Delles, a souligné:«Commel’ensembledel’Union européenne, le Luxembourg reste confrontéàdemultiplesdéfismacro-éco- nomiques. Le Plan budgétaire et structu- rel à moyen terme, présenté en octobre dernier, définit des orientations claires pour préserver notre stabilité, stimuler la croissance et garantir la viabilité budgé- taire. Le rapport d’avancement présenté aujourd’hui met en lumière les progrès réalisés, notamment enmatièrede transi- tionsdigitaleetdurable.Dansuncontexte international exigeant, il est essentiel de resterambitieux,d’investir,deréformeret de mener une politique économique res- ponsable au service d’une croissance du- rable et inclusive. » Pour sa part, le ministre des Finances, GillesRoth,arappelél’importancedudia- loguesocialetdelaprudencebudgétaire: «Ledialoguesocialestunpiliercentraldu modèle social luxembourgeois. Il est es- sentiel pour notre cohésion sociale, notre stabilité et notre prospérité. Je me réjouis que notre situation budgétaire évolue dans la bonne direction. Cela nous donne lamargedemanœuvrenécessairedansla situation géopolitique actuelle. Pour la même raison, nous devons rester pru- dents. Il nous faut de la stabilité et de la croissance pour garantir durablement notre prospérité. » Enamontdelaréuniondudialoguesocial, les ministres ont également informé la commission des Finances et à la commis- siondel’Économie,desPME,del’Énergie, del’EspaceetduTourismedelaChambre des députés duLuxembourg. ministère des Finances / ministère de l’Économie Réunion du dialogue social national dans le cadre du Semestre européen 2025 « Le dialogue social est un pilier central dumodèle social luxembourgeois » ©MFIN

RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk5MDI=