Agefi Luxembourg - février 2025
AGEFI Luxembourg 32 Février 2025 Fonds d’investissement Opinion-parLloydMcALLISTER,Responsable de l’investissement durable, Carmignac L e nouveaumandat de Donald Trump ayant officiellement commencé, certains craignent que tout soit perdu pour l’investisse- ment durable. Nous sommes plus opti- mistes. Il y aura bien sûr des épreuves et des turbulences, mais cette période de remise en question légitime et à certains égards pourrait s’avérer utile. La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles de novem- bre et les premières mesures déjà prononcées ont jeté un froid dans le milieude l’investissement durable.Mais quatre ans après son premier mandat, le monde a évolué : pour les entreprises, les réglementations environnementales constituent désormais les fon- dements sur lesquels l’industrie s’appuient, et dans le même temps, avec Elon Musk, la Maison Blanche s’appuie «l’industriel vert» le plus pros- père au monde. Règlements de comptes... Lesamendementsàlaloi InflationReductionAct(IRA) figurent en tête des priorités fixées par M. Trump, dont les financements sont désormais suspendus. Mais la suppressiondes créditsd’impôt pour les vé- hicules électriques, par celui qui qualifie l’énergie éo- lienne d’«horrible», profiteront à son nouvel allié, Elon Musk, en entravant les concurrents de Tesla, plus dépendants des subventions. Il est frappant de constater que certains éléments de l’IRAcorrespondentenfaitàdesobjectifsbipartisans de réindustrialisation - en outre, 60 % des crédits d’impôt profitent àdesÉtats républicains.Demême, les crédits d’impôt pour le captage et le stockage du carbone permettent de prolonger l’approvisionne- ment en pétrole et en gaz, honorant ainsi la promesse faitepar Trumpauxdirigeants de l’industrie. La sortie de l’Accord de Paris est une autre mesure évidente, qui permet une victoire politique facile et porte un coup symbolique à l’accord à unmoment où le soutien géopo- litique s’effrite. Alors que de nombreuses entreprises américaines se sont enga- gées à soutenir l’Accord de Paris après le retrait de Trump lors de son premier mandat, nous pensons que les entre- prises seront plus discrètes cette fois-ci ; le «ras-le-bol vert» est enmarche. En parallèle, nous nous at- tendons à une nouvelle esca- lade dans l’usage des droits de l’homme comme justificationà l’instaurationdeme- sures protectionnistes à l’encontre de la Chine, no- tamment les accusations de travail forcé. En outre, nous prévoyons un renversement de l’as- souplissement temporaire des règles de l’IRA concernant les exigences en matière d’achats écolo- giqueslocaux,empêchantdefaitlesentreprisesamé- ricainesderéclamerdescréditsd’impôtIRAàmoins qu’ellesn’achètent local.Auglobal, l’ensemblede ces éléments pourrait contrecarrer les engagements de Trump enmatière de réduction de l’inflation. La déréglementation déraille ? Leniveaudeproductionqu’atteignent désormaisde nombreuses énergies renouvelables et leur prix compétitif viennent limiter la capacité de Trump à fairedérailler la transitionénergétiquemondiale. Pa- trick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a d’ailleurs récemment déclaré que la suppression de la régle- mentation sur le climat «n’aidera pas l’industrie, mais au contraire la diabolisera, et le dialogue sera alors encoreplus antagoniste». Les grandes compa- gnies pétrolières européennes souhaitent un envi- ronnement réglementaire stable en matière d’éner- gie propre alors qu’elles entament la transition de leurs modèles économiques, et non un «Far West» susceptible de créer une offre excédentaire face à une demande plus faible. Les préjudices causés par les questions d’antitrust ont également commencé à dominer l’agenda de l’investissement durable au cours des dernières an- nées, avec une approche plus ferme adoptée par la Commission fédérale du commerce des États-Unis. Nous voyons cette tendance s’atténuer sous une administrationTrump favorable aux entreprises et à la déréglementation, notamment dans le do- maine de l’intelligence artificielle. Par ailleurs, malgré les relations tendues de M. Trump avec les entreprises technologiques, nous nous attendons à ce qu’il adopte une position com- bative contre les lourdes amendes infligées par l’Unioneuropéenne aux entreprises technologiques américaines, notamment ladirective sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) et le méca- nisme d’ajustement aux frontières pour le carbone. Prendre ses responsabilités Selon nous, les motifs éthiques devraient être plus franchement abandonnés par l’industrie de la ges- tion d’actifs au profit d’un retour clair des considé- rations financières pour justifier la prise en compte des critèresESGdans lesdécisionsd’investissement. Nouspouvons également nous attendreàuneSEC (1) plus interventionniste, rejetant les résolutions d’ac- tionnaires enAssemblée Générale qui seront consi- dérées comme tropactivistes. Pour les gestionnaires de fonds, une interprétation erronée de ces change- ments subtils et des zones grises qu’ils impliquent pourrait impacter la performance de leurs fonds. Certainspointentl’ironiedelasituationcarsilespra- tiques en matière de durabilité et d’investissement durable - contre lesquelles Trump s’élève - avaient été mises en œuvre dans les années 1990 et 2000, le programme sociétal sur lequel il a gagné, à savoir la baisseduniveaude vie et l’augmentationdes inéga- litéspourlespopulationsàfaiblesetmoyensrevenus dans les pays développés, n’aurait pas existé (2) . Ironie encore à la lecture de certaines des politiques de santé publique que Trump est susceptible de mettre en œuvre et soutenues par Robert F. Ken- nedy Jr (la lutte contre les maladies chroniques comme l’obésité et lediabètegrâce àdes régimes ali- mentairesplus sains) qui sont enphase avecdes opi- nions communément acceptées par les acteurs de l’investissement durable. Toutefois, l’incapacité chronique de la Maison Blanche, sous l’effet de sa bureaucratie et des activi- tés de lobbying, à apporter des changements à grande échelle dans le domaine de la santé, nous suggère que l’impact sera limité. Enconclusionet endépit de sujetsdepréoccupation réels, nous ne nous attendons pas à ce que le second mandat de Trump soit intégralement négatif pour l’investissement durable. Il convient de rappeler que son premier mandat a vu un triplement des inves- tissements dans les fonds durables - bien que les États-Unisnereprésententencoreque10%desactifs durables mondiaux (3) - et une croissance de la pro- duction d’électricité renouvelable de 17%à 21% (4) . Ilyauradestensionsautourduclimat,maislesÉtats- Unis ne sont pas le monde ; la politique américaine nepeutinfluencerlesmarchésquedansunecertaine mesure et pour une certainedurée, et les fondamen- taux et modèles économiques qui sous-tendent l’in- vestissement durable raisonnable sont beaucoup trop forts pour être ignorés. Malgré tout lebruit et lesdébats, une chose est claire : l’investissement durable est là pour durer. 1)SecuritiesandExchangeCommission,l’autoritédesmarchésfinan- ciers américaine 2) Branco Milanovic : Global Inequality : Une nouvelle approche à l’ère de la mondialisation (2010) 3) JPMorgan (2024) 4) Bloomberg New Energie Finance (2024) Trump 2.0 : est-ce la fin de l’investissement durable ? M arkets often confuse regula- tory complexitywithmarket inefficiency. Europe’s fun- draising landscape in 2025 offers a fascinating case study inhowstructu- ral constraints can actually create sus- tainable advantages - if youknow where to look. While everyone focuses on tradi- tional PE fundraising chal- lenges, Evergreen funds [i.e. permanent capital raising fund vehicles without end date] seem to reshape tradi- tionalcapitalflowsinEuropean private markets and one prod- uct is becoming their preferred label of choice: European Long- Term Investment Funds (ELTIFs). The transformation isn’t just about numbers, though they tell an interesting story: ELTIF assets under manage- ment reached €12.4 billion by December 2024, with projections showing €20 billion by 2025, according to InformaConnect’slatestmarketanalysis.Whatmakes thisfascinatingisn’tjustthegrowth-it’showthislabel is solvingdifferent parts of the same problem. The Permanent Capital Paradox Europeanprivatemarketsfaceinterestingopportuni- ties: PE firms want permanent capital, investors de- mandliquidity,andlegislatorsinsistongrantingretail accesstoprivatemarkets.Themultiplegoalsarebeing addressed through two complementary approaches, each revealing something important about market structure evolution. The U.S. market shows one path forward: over 200 evergreenfundsmanaging$430billioninassets,with minimums dropping to expand investor access. Eu- rope’severgreenmarket,atjust€37billion,mightlook likeit’slagging.Butthatmissesthepoint-Europeisn’t behind,it’sservingtheneeds differentlythroughreg- ulatory architecture. WhenStructureCreatesValue Here’swhere it gets interesting: whileU.S. managers focusonevergreenstructures,Europeanfirmshavea uniquearbitragetoolthroughELTIF2.0.Accordingto PwC’s 2024 ELTIF Survey, 60% of asset managers plantolaunchanELTIFproductinthenexttwoyears. This isn’t just another regulatory framework - it’s po- tentially themost significantmarketing innovation in Europeanprivatemarkets sinceAIFMD. ELTIFs are a label which may be added to any EU based alternative investment fund vehicle (or a sub- fundthereof)providedthatthefundwillbemanaged by an EU based authorized alternative investment fundmanager. ELTIFsmay accommodate almost all privateassetstrategies–thisincludesPE,privatedebt, real assets or even primary or secondary strategies. The funds may be closed-ended or open-ended and iftheyallowforredemptions,itwillberequiredtoin- vest also in listed or cash alike assets as an available basis for serving the liquidityneeds. The ELTIF label allows to make use of the AIFMD passport also for non-professional investors who pass the suitability test. ThismeansELTIFs allowac- cess toa large investor baseacross theEU. The trade- off of this broad retail distribution access is that the ELTIF is a regulated product subject to the supervi- sion of the financial regulator of the Members State where the ELTIF is established and there are some restrictions re the asset eligibility,minimumdiversi- fication, maximum concentration and maximum borrowing exposures. Thefirst phase of this productwhichwas introduced by an EURegulation in 2015 was not a huge success as there were some complexities for the investment universeandsomedistributionbarriersnotablylinked to themaximumexposure tests of the retail investors to ELTIFs on an aggregate basis. ELTIF 2.0. which came into force in January 2024 hasmostlymitigated the insufficiencies. End of 2024 ELTIF 2.0. has been complemented by a delegated regulation toprovide notably guidance on the liquidity terms for ELTIFs. As ELTIFs are a label whichmay be added toEUbased alterna- tive investment fund structures it is fair to saythatELTIFsarenotathreat,ELTIFsare apromise forEUprivate funds as theyen- ablelocalalternativevehiclestogetaccess to retail investors inother EUcountries. The promise becomes a miracle when the EU cross-border distribution label gains internationalrecognitionasquality label similarly towhat has beenachieved for EUpub- lic funds and the UCITS labelwhichiswellperceived beyond Europe for instance inAsiaandSouthAmerica.If we compare the accessibility of US investors to US private funds which is typically limited toaccreditedinvestorsandqualified purchaserswiththeactualaccessELTIFs areofferingwithrespecttoEUprivatefunds, there is at least on the legal side a certain advantage, and this seems to be very promising also for the fundraising potential for ELTIFs. In Europe, Luxembourg is the leading hub for ELTIFsnotablywhen it comes topan-Europeandis- tribution. Favorite asset classes are PE, private debt and infrastructure. More and more asset managers launching also ELTIFs with fund-of-fund strategies where they either target funds which are managed by the same or by other managers and which have been accessible so far only for institutional or a very sophisticated investor base. In a nutshell, thismeans that retail investorswill get access directly to private assets, but also via private flagship fundswhichmay increase the investorpro- tection to the extent that these funds are diversified. Non-ELTIF retail accessible alternative investment funds such as Luxembourgpart 2 funds or reserved alternative investment funds are completing the evergreen funds spectrum in Europe and several asset managers have made very good experiences even if thedistribution ispartly relyingon localmar- keting regimes to the extent that the target investors are semi-professional investors and/or they are tar- geting only certain EU or non-EU countries. Be it throughamappingexerciseor on thebasisof apass- port distribution, the EU offers several solutions for evergreen funds. TheHiddenPattern What makes these developments particularly fasci- nating is how they’re solving different parts of the same problem: Permanent capital needs are addressed through con- tinuous fundraising in evergreen structures and ELTIFswiththeirlong-terminvestmentfocuscancer- tainly help here. Investor liquidity demands are met through redemption windows and developing sec- ondarymarkets.Retailaccessexpandsthroughlower minimumsandrobustregulatoryframeworks.Cross- border distribution improves through efficient and enforceable EUpassporting systems whichwill oust local distribution silos. FreshMomentum’sDecember2024reporthighlights that flexibility gained with ELTIF 2.0. is making this labelmore attractive tobothmanagers and investors. Thisisn’tjustaboutregulatorycompliance-it’sabout creatingnewmarket architecture. WhyThisActuallyMatters The most interesting part isn’t that evergreen struc- tures inprivatemarket exist - it’s howthey’re reshap- ingmarket incentives. ForGPs, theyoffer permanent capitalwithout surrenderingcontrol andretail access without distribution nightmares. For investors, they provide private market access with liquidity options and professional management with retail-friendly structures. Recent infrastructure fund developments showhow thesestructurescanworkinpractice.Accordingtoin- dustry data, platforms using these vehicles have achieved both scale and investor alignment, with some reporting enhancedmultiples on invested cap- ital throughmore efficient capital deployment. The BottomLine Evergreen funds with or without the ELTIF label are reshaping how private market capital formation works inEurope. The real question isn’twhich struc- turewill win - it’s howquicklymanagerswill realize theyneed themin their toolkit. Inamarketwhereeveryone’slookingforfundraising advantages, the biggest opportunitymight be hiding in plain sight: using regulatory architecture to create rather than limit opportunities. Chrys IBOMBO, North America Director - Chicago office MC Square Stefan STAEDTER, Partner - Head of New-York Office Arendt & Medernach Sources: Informa Connect ELTIFMarketAnalysis 2024, PwC ELTIF Survey 2024, FreshMomentumELTIFReport December 2024 The Great European Fundraising Reshape: Evergreen & ELTIF 2.0
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