Agefi Luxembourg - avril 2025

Avril 2025 27 AGEFI Luxembourg Fonds d’investissement C ross-border registrations of in- vestment funds embarked on a steady growth path for 2024, re- cording 143,244 registrations as of the end of the year. Since 2014, the total number of registrations has almost doubled from 83,505 to 143,244, gro- wing at a compound annual growth rate (CAGR) of 5.5%. However, despite the steady growth in registra- tions, the number of cross-border funds recor- ded its first decline since 2014 (14,649 funds), reflec- ting a -0.5%drop from the previous edition. Luxembourg-domiciled cross-border investment funds continue to account for more than 52%of all registrations, but the country is facing growing competition fromIreland, the second largest domi- cile for cross-border investment funds. These in- sights come fromPwCLuxembourg’s 25th edition of the Global Fund Distribution (GFD) poster 2025*, whichhighlights global fund distribution trends across more than 40 countries. The poster provides a comprehensive breakdown of cross-border fund distribu- tion, keymarket developments, andemerg- ing asset classes shaping the future of fund distribution. Some of the key findings include: Overall trends - Despite the increase in the num- ber of cross-border registrations (1.9%),thenumberofcross-border investment funds declined for the first time since 2014 (-0.5%YoY). - Equity funds remain the leading asset class of cross-border funds,makinguparound50% of the market, followed by bond funds at 28%. - ETFs are claiming an increasingmarket share, rep- resentingnearly 32%of the number of cross-border investment funds and accounting for 37% of the overall number of registrations. Distribution hot spots - New registrations grew by 1.9% in Europe. Hun- gary led in new registrations (423), followed by Denmark (275), Poland (255), Slovakia (251) and Luxembourg (236). - In theAsia Pacific, Singapore (43) remains the top market in the region, whereas Japan saw the steep- est decline (-62). - The Middle East recorded the highest relative growth of the regions (28.5% YoY increase). Saudi Arabia led in new registrations (285), and the UAE maintained the highest total registrations (505). - In theAmericas, Mexico saw the highest increase in new registrations (66), while the region overall had a slight decrease in registrations during the year (-0.3%). Sustainable Finance -Article 8 funds sawa resurgenceduring 2024,with inflows of EUR 195.5bn after two years of net out- flows. -Article 9 funds had the second consecutive year of net outflows, amounting to EUR 26.3bn during 2024 driven by underperformance and regulatory uncertainty. - Article 6 fund inflows more than doubled their 2023 inflows, reaching EUR 289.2b Christophe Saint-Mard (portrait), Partner for Global Fund Distribution at PwC Luxembourg said: “The global fund distribution landscape is undergoing a structural transformation.While the number of cross-border investment funds declined for the first time since 2014, the 1.9% increase in registrations reflects a trend of fund range rational- isation, where asset managers are prioritising larger, widely distributed funds while consolidat- ing underperforming ones. At the same time, pri- vate markets continue their impressive growth, with European private market assets surpassing EUR 4 trillion, fuelled by strong investor demand for alternatives. Luxembourg continues to lead in private market AUM, accounting for more than half of Europe’s total.As globalmarkets evolve, the industry is responding by consolidating, innovat- ing, and strategically positioning itself for long- term stability and growth.” *More information: https://www.pwc.lu/en/fund-distribution/gfd-poster.html Cross-border registrations continue their steady growth despite a decline in the number of funds Par Georgina PARKER, CFA, Responsable de la Durabilité, QUAEROCAPITAL A lors que l’administration Trump lance une offensive frontale contre les politiques climatiques, la diversité et la dura- bilité, les États-Unis amorcent un virage préoccupant pour l’investis- sement responsable. De nom- breuses juridictions américaines ont adopté des lois anti-ESG, limitant la ca- pacité des gérants d’actifs à prendre en compte les risques environne- mentaux et sociaux. Dans ce contexte, les acteurs européens ont une opportunité stra- tégique : assumer un rôle de leadershipmon- dial enmatière d’investissement durable. Depuis plus de deux ans, les gérants d’actifs améri- cains sont confrontés à une pression politique crois- sante,allantjusqu’àdesmesuresdeboycottdelapart de certains États, en raison de leur prise de position sur des sujets ESG. Des exclusions secto- rielles—notammentdanslesénergiesfos- siles — ont conduit plusieurs d’entre eux à être placés sur des listes noires. Plus ré- cemment, les Républicains ont renforcé leur offensive en s’attaquant à l’exercice des droits de vote et à l’engagement ac- tionnarial sur les thématiques ESG. La conséquence est tangible : undésengage- mentprogressifdesprincipalesalliances climat, telles que laNet ZeroAsset ManagersInitiativeouClimateAc- tion 100+, souvent par crainte de contentieux. Cedésengagementsereflèteégale- ment dans les pratiques de vote. SelonShareAction,lesgérantsd’actifs britanniques et européens ont sou- tenu en moyenne 81 % des résolutions ESG en assemblée générale en 2024, contre seulement 25%pour leurs homologues amé- ricains. Les quatre plus grands asset managersmon- diaux, tous basés auxÉtats-Unis et pesant à eux seuls 23 000milliards de dollars, n’enont soutenuque 7%. L’Europe n’est pas exempte de tensions. Des inter- rogations émergent sur le lienentredurabilitéet per- formance financière, sur la pertinence d’exclusions sectorielles dans unmonde géopolitiquement insta- ble—onpenseenparticulierausecteurdeladéfense —et sur l’impact économiqued’une réglementation perçue comme contraignante. Pour autant, les prin- cipesfondamentauxdel’investissementdurableres- tent largement acceptés : la gestiondes risques ESG, le rôle actif de l’intendance actionnariale (stewards- hip) et la nécessité d’une transition vers une écono- mie décarbonée ne sont pas remis en cause de manière structurelle. Dans ce contexte, les gérants d’actifs européens — y compris Quaero Capital — continuent d’intégrer les dimensions ESG dans leurs stratégies d’investisse- ment. Selon une enquête récente menée par Beren- berg, ils anticipent même une plus grande clarté réglementaireetunenvironnementplusfavorableau lancementdefondsdurablesdès2025.Àl’inverse,aux États-Unis, la tendance est à la discrétion, voire à l’abandonpur et simple des approches ESG. Pour les investisseurs institutionnels, cette diver- gence de trajectoire n’est pas anodine. L’intégration des risques et opportunités liés à ladurabilité est une exigence stratégique de long terme, et non une op- tiondictée par les cycles électoraux. Plusieurs exem- plesrécentsmontrentquecesconsidérationsguident désormaislesdécisionsd’allocation:lefondsdepen- sion britannique People’s Pension a retiré 28 mil- liards de livres de chez State Street pour des raisons liées à l’ESG ; AkademikerPension, au Danemark, a résilié un mandat de 470 millions de dollars confié depuis vingt ans à la même société, évoquant un score ESG « au plus bas » ; et le fonds néerlandais PME revoit actuellement un mandat de 5 milliards d’euros géré par BlackRock en raison de préoccupa- tions sur sa stratégie climat. Les inquiétudes ne se limitent pas à l’Europe. Un grouped’investisseursinstitutionnelsmajoritairement américains, représentant 1,5milliard de dollars, a ré- cemment exigé des engagements plus ambitieux de la part de leurs asset managers sur le climat, sous peine de résiliationdemandats. Endéfinitive, les vents contraires soufflant sur l’ESG aux États-Unis pourraient paradoxalement clarifier le paysage mondial. En créant une ligne de fracture nette entre les approches conservatrices et les enga- gementsstructurelsenfaveurdeladurabilité,ilsper- mettent aux acteurs européens de réaffirmer leurs valeurs et d’en faire un levier de différenciation stra- tégique. Dansunenvironnementoùlatransparence, la résilience et la soutenabilité sont devenues des im- pératifs, l’Europe a plus que jamais l’occasion de prendre le leadership. www.quaerocapital.com Face au recul de l’ESG aux États-Unis, l’Union européenne peut devenir le fer de lance du développement durable Par Elodie LAUGEL, directrice de l'Investissement Responsable chezAmundi L es investisseurs sont plus concernés par les objectifs de neutralité carbone et de préservation de la biodiversité qu’on ne le croie. Selon les experts, les politiques mondiales actuelles devraient conduire à une augmenta- tion de la température de 3,1°C d'ici 2100. Dans un scénariode transitionretardée et non coordonnée, les coûts augmenteront, et les risques physiquesainsiquelesrisques detransitiondeviendrontplus prononcés. Les années à venir sont donc déterminantes pour parvenir à une transition durable et inclusive vers une économie à faible émission de carbone. Une action coordonnée est nécessaire de la part de toutes les parties prenantes, y compris le secteur financier, pour éviter les coûts financiers, environnementaux et sociaux importants qui pourraient être associés à une transition retardée ou infructueuse, et ainsi servirlesintérêtsàlongtermedesinvestisseurs et de la société. Fait remarquable : l'investissement dans la transition énergétique vers une économie bas carbone est en plein essor, en particulier dans les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. En 2023, ces inves- tissements ont représenté 320 mil- liardsdedollarsauniveaumondial, représentant 10%de la croissance du PIB mondial. Aujourd’hui pour chaquedollar investi dans les combustibles fossiles, près de deux dollars vont aux énergies renouvelables,etcettetendancene fait que s'accélérer. Demande croissante d’énergie En 2025, dans un contexte géopolitique instable, les investissements dans les technologies propres devraient continuer àprofiterdespolitiquesgouver- nementales, notamment en Europe et en Asie, régionspourlesquelsilsrelèventd’undoubleobjectif de développement industriel et souveraineté éner- gétique, et donc de compétitivité et d’autonomie. La baisse significative, ces dernières années, des couts deproductiondes solutions les plusmatures restent un soutien fort à leur développement. Dans les pays développés, il faudra continuer àpro- gresser vers la production davantage d’énergie pro- pre, viades incitations et la simplificationdes procé- dures administratives, tout en encourageant les investissementsdans lespays émergentsdont le rôle dans la lutte contre le changement climatique est clé. Bien que l'administration Trump puisse ralentir le développement des énergies renouvelables en favo- risant les énergies fossiles, la demande croissante d'énergie, notamment en raison des besoins de l'in- telligenceartificielle, ainsi que ladiminutioncontinue descoûtsd'installationdesénergiesrenouvelablesles rendant compétitives, nous portent à croire que cette tendance ne s'inversera pas. De plus, la réalité phy- sique du changement climatique et les risques accrus pourlespopulationsetleschaînesdevaleurdesentre- prises renforcent la nécessité de cette transition. Des projets recherchés L'engouement pour les investissements responsa- bles ne faiblit pas, et les chiffres le prouvent : dans ce paysage en évolution, le marché de l'investisse- ment responsable s'est stabilisé en 2024, faisant preuvedematuritédansuncontextede surveillance réglementaire accrue, parallèlement àune augmen- tation notable des engagements des entreprises en faveur du développement durable. Les entreprises continuent de prendre desmesures significatives et de se fixerdes objectifs ambitieux, plaçant les risques liés au climat et à la nature aupremier plande leurs stratégies à long terme, fournissant chaque jour des preuves de l'importance de ces risques et du coût de l'inaction. 54% des investisseurs prévoient d'augmenter leurs placements dans cedomaine*. Que recherchent-ils ? Des résultats concrets, tangibles, et des produits financiers qui ont un impact réel, dans le finance- ment de la transition énergétique, lapréservationde la biodiversité ou l'engagement actionnarial. Leurs attentes vont continuer à stimuler la demande pour des solutions financières, telles que les obligations vertes et les investissements à impact, dont le rende- ment est lié à la réussite de projets écologiques. Pour réussir collectivement, tous les acteurs écono- miquesdoiventavancerdemanièrecoordonnéevers une économie bas carbone. Nous devons saisir les vastes opportunités que présente la transition, car elle est en cours. *SourceMorgan Stanley Institute Investissement responsable : les dynamiques et tendances qui vont façonner 2025

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