Agefi Luxembourg - mars 2025

AGEFI Luxembourg 26 Mars 2025 Fonds d’investissement L es directeurs et responsables fi- nanciers sont sous une pression croissante pour réduire les coûts administratifs de gestiondes fonds immobiliers qui sont de plus enplus complexes. Depuis 2008, les fonds im- mobiliers ont considérablement changé. Les portefeuilles sont plus diversifiés, le nombre de fonds et de véhicules à usage spécial (SPV) a aug- menté, et les exigences ré- glementaires se sont étendues. Dans un autre temps, les investisseurs exigent une plus grande transparence et des rap- ports plus rapides, tandis que les gestionnaires de fonds nécessitent des projections finan- cières plus détaillées, des budgets et des ana- lyses de scénarios pour naviguer dans les incertitudes dumarché. L’externalisationd’activités a longtemps été considé- rée comme une solution à ces défis, permettant aux gestionnaires de fonds de se concentrer sur les trans- actions, la structuration des fonds et la stratégie tout en accédant à une expertise spécialisée, une infra- structure technologique et des économies d’échelle. Cependant, beaucoup se demandent désormais si l’externalisationoffreleséconomiesdecoûtsetlesef- ficacités opérationnelles attendues. Les prestataires de services ont eu dumal à devenir une véritable extension de la fonction financière du gestionnaire de fonds, opérant souvent en silos plu- tôt qu’en s’intégrant pleinement au modèle opéra- tionnel du fonds. Une approche plus fonctionnelle de l’externalisation vise à résoudre ce problème en alignant les services externalisés plus étroitement avec les objectifs stratégiques et financiers du fonds, assurantunecollaborationplusprofondeetuneplus grande valeur à long terme. Malgré les avancéesde l’externalisation, les fonctions financières restent fragmentées, alourdies par des modèlesdeprocessusinefficaces,dessystèmesinfor- matiques non intégrés et une focalisation sur la conformité plutôt que sur la performance.Alors que l’IA et l’automatisationmenacent de plus en plus de remplacerlestâchescomptables,l’externalisationdoit évoluer ou risquer de devenir obsolète. Depuis des années, les modèles d’externalisation se sont principalement concentrés sur les processus transactionnels auniveaudes SPVouont été structu- résautourdelasegmentationgéographique,condui- sant à des opérations fragmentées. L’approche dominanteaété l’externalisationbasée sur lesproces- sus, où des tâches telles que Procure-to-Pay (P2P) ou Record-to-Report(R2R)sontexternaliséesdemanière isolée. Bien que cela ait permis de réaliser certains gainsd’efficacité,celaaégalemententraînédesefforts dupliqués,desrapportsincohérentsetunmanquede supervisionauniveaudesfonds.Lesfonctionsfinan- cièresrestentdéconnectées,lesprestatairesdeservices opèrent de façon indépendante plutôt que de contri- buer à une stratégie financière cohérente. L’échec de cetteapprocheamisenévidencelanécessitéd’uneal- ternativeplusintégréeetévolutive,oùl’externalisation s’aligne sur les objectifs financiers globaux du fonds plutôt que d’être dictée par des SPV individuels ou des configurations régionales. Les limitesde cette approche sont évidentes. Lesmo- dèles d’externalisation axés sur la conformité se concentrentsouventsurl’exécutionàfaiblecoûtplutôt que sur la valeur stratégique, entraînant une qualité de service incohérente et des difficultés de coordina- tion entre les prestataires de services et les gestion- naires de fonds. Le manque d’intégration entre les systèmes informatiques empêche les entreprises de tirer pleinement parti de leurs données financières, rendant les rapports aux investisseurs lents et fasti- dieux. En fin de compte, les gestionnaires de fonds peinenttoujoursàextrairedesinformationssignifica- tives de leurs opérations externalisées. De nombreux prestataires de services continuent d’opérer en tant queprocesseursde transactions plu- tôt qu’en tant que partenaires financiers. Leurs équipes,souventcomposéesdecomptablesetdespé- cialistes de la conformité, restent concentrées sur les rapportsfinanciersetfiscauxplutôtquesurlesprévi- sions de liquidité, l’analyse des performances des fonds ou la gestion financière proactive. En consé- quence,lesinvestisseursconstatentpeud’amélioration entermesdetransparence,etlesfonctionsfinancières neparviennentpasàexploiterpleinementlepotentiel de l’externalisation. Une approche fonctionnelle de l’externalisation offre un modèle plus évolutif et intégré en déplaçant l’ac- centdel’exécutiondesprocessusverslagestionfinan- cièreauniveaudesfonds.Plutôtquedetraiterchaque SPV comme une entité distincte, cette approche consolide les opérations financières au ni- veau des fonds, assurant une plus grande efficacité, standardisation et évolutivité. En centralisant les fonctions de comptabi- lité, de trésorerie et de reporting au sein d’une structure basée sur les fonds, les équipes financières peuvent éliminer les re- dondances,améliorerlaprécisionetfour- nir des rapports aux investisseurs plus rapides et plus fiables. Ce modèle permet égale- ment uneplus grande au- tomatisation, en intégrant des outils pilotés par l’IA pour la surveillance des clôturesfinancières,lesrap- prochementsautomatiséset lesuivientempsréeldesper- formances des fonds. La technologie joue un rôle crucial dans cette transformation. L’adoption d’outils de surveil- lance de la clôture des livres, de flux de travail auto- matisés et de modules ERP avancés améliore considérablementlaprécisionfinancièreetl’efficacité des rapports. Lamise enœuvrede cadresdegestion des données maîtres garantit la cohérence des don- nées à tous les niveaux de l’organisation, tandis que les analysespilotéespar l’IApermettent auxgestion- naires de fonds de prendre des décisions plus éclai- rées basées sur des données financières en temps réel.Aucœurdecetteapprochesetrouveunpassage d’opérations financières fragmentées et centrées sur les SPVàunmodèle rationaliséauniveaudes fonds, améliorant à la fois l’efficacité des coûts et la confiance des investisseurs. Pour que l’externalisation reste pertinente, les presta- taires de services doivent aller au-delà du traitement transactionnel et se repositionner en tant que parte- nairesfinanciersstratégiques.Celanécessiteunchan- gement fondamental des compétences, de la technologie et de l’approche, et doit être aligné avec les fonctions de la finance des fonds. Les prestataires de services devront embaucher des professionnelsayantuneexpertiseenanalysedesper- formancesdesfonds,engestiondelaliquiditéetdela trésorerie,enfinancement,enrelationsaveclesinves- tisseurs et en conformité réglementaire. Une intégra- tionplusprofondeaveclesgestionnairesdefondssera également nécessaire pour s’assurer que les équipes externalisées ne se contentent pas d’exécuter des tâches, mais améliorent activement les performances des fonds et la prise de décision. L’utilisation d’outils financiers automatisés et pilotés parl’IAseraessentiellepourréalisercettetransforma- tion.Au lieude compilermanuellement des rapports financiers, les prestataires de services doivent déve- lopper des tableaux de bord automatisés et en temps réel permettant aux gestionnaires de fonds d’accéder à des calculs de NAV, des appels de capitaux et des prévisions de flux de trésorerie à jour. La standardi- sation des processus de reporting à travers tous les fonds et SPV aidera également à éliminer les incohé- rences et les inefficacités. Au-delà des améliorations opérationnelles, les struc- tures de gouvernance devront évoluer pour soutenir ce nouveau modèle. Une approche de gouvernance plus flexible au niveau des fonds permettra aux ges- tionnairesdefondsdemainteniruneplusgrandesu- pervision des fonctions externalisées tout en permettant aux prestataires de services d’introduire des meilleures pratiques et des améliorations conti- nues.Passeràunmodèled’externalisationbasésurles fondsnécessiteuneplanificationetuneexécutionmi- nutieuses. Plusieurs facteurs détermineront le succès : - Technologie et automatisation : Les flux de travail pilotés par l’IA peuvent éliminer les rapproche- mentsmanuels et accélérer les processus de clôture financière. -Reportingetconformitéstandardisée:Desstructures uniformes réduisent les inefficacités et améliorent la transparence à travers les fonds et les SPV. - Gouvernance et supervision : Un cadre de gouver- nance rationalisé assure une gestion des risques ap- propriée et une responsabilité accrue. - Collaboration entre les gestionnaires de fonds et les prestataires de services : Passer d’unmodèle fournis- seur-clientàunpartenariatfinancierintégréestessen- tiel pour le succès à long terme. -Gestionduchangement et alignement culturel :Des stratégiesdetransitionefficacessontnécessairespour surmonter la résistance interne et requalifier les équipes financières. L’industrie des prestataires de services est à un tour- nant. L’IA et l’automatisation transforment rapide- ment les fonctions de back-office, rendant l’externalisationtransactionnelletraditionnelledeplus enplusobsolète.Lesgestionnairesdefondsn’ontplus besoindeprestatairesdeservicesquisecontententde traiter des transactions. Ils ont besoin de partenaires capables de stimuler l’efficacité, la transparence et la prise de décision stratégique. Le passage à un modèle financier basé sur les fonds n’est pas seulement une amélioration théorique. C’est une nécessité pour l’évolutivité, l’efficacité et la confiancedesinvestisseurs.Enconsolidantlesopéra- tions au niveau des fonds, en intégrant l’automatisa- tion pilotée par l’IA et en adoptant une approche fonctionnelle de l’externalisation, les gestionnaires de fondspeuventenfinatteindrel’efficacitéetlatranspa- rence qu’ils recherchent depuis longtemps. La ques- tion pour les prestataires de services n’est plus de savoirs’ilsdoiventadoptercettetransformation,mais àquellevitesseilspeuvents’adapter.Ceuxquinepar- viennent pas à évoluer risquent de devenir obsolètes dans unpaysagefinancier où l’automatisationet l’ex- pertise financière stratégique définiront l’avenir. Renaud BREYER, EY Luxembourg Partner Alessandro PASCALE, EY Luxembourg Partner Une approche fonctionnelle de l’externalisation est-elle la voie à suivre dans les fonds immobiliers ? Par Tilo WANNOW, Senior Fund Manager ODDO BHFAssetManagement L es investisseurs qui s'en sont tenus aux titres technologiques américains l'an dernier s'en sont plutôt bien tirés. Et de fait, les entreprises américaines (mais pas seulement) ont souvent un rôle important dans les thèmes de croissance. Cela signifie-t-il pour au- tant que le marché actions européen devrait être laissé de côté ? Pas néces- sairement : il existe aussi en Europe des entreprises innovantes qui contribuent à la croissance mondiale. Lesentrepriseseuropéennessontégale- ment positionnées sur l'ensemble de la chaîne de valeur,enparticulierdansledomainedel'intelligence artificielle. Il s'agit notamment de prestataires de ser- vicesinformatiquescommeCapgeminietAcccenture, qui aident les entreprises dans le déploiement et la mise à l'échelle des applications d'IA. Dansledomaineducloudcomputing,desentreprises américaines comme Microsoft, Alphabet et Amazon fournissent la base technologique pour les applica- tions d'IA. Des entreprises européennes comme RELX, Wolters Kluwer et Experian,elles,sontpionnièresdansl'ana- lyse des données, fournissant des outils de données et d'analyse indispensables à l'exploitationdes technologies d'IA. Les sociétés d'infrastructures comme Schneider Electric pourvoient également l'as- sise technologique stable nécessaire au développementdestechnologiesd'IA. Pour autant, quel que soit leur pays d'origine, il est important de sélectionnerdesentreprisessolide- ment positionnées sur le marché et avec une forte capacité d'inno- vation et un potentiel de crois- sance à long terme. Des entreprises européennes d'enverguremondiale EnEurope,nousprivilégionsdesentreprisesquisont nonseulementactivesdanslesecteurdel'intelligence artificielle, mais qui sont également solidement implantées au niveau mondial. Une analyse de la répartitionduchiffred'affairesmontrequedes entre- prises comme Schneider Electric, RELX et Wolters Kluwerontunestructurederevenuslargementdiver- sifiée, qui les rend plus résistantes aux fluctuations économiques.SchneiderElectric,parexemple,génère 32% de son chiffre d'affaires enAmérique du Nord, 28%enEurope et 40%dans le restedumonde. RELX afficheuneprésencemondialetoutaussisolide,réali- sant 60% de ses ventes en Amérique du Nord, 20% enEuropeet20%danslerestedumonde.L'envergure deWoltersKluwerestelleaussitrèslarge,puisqu'elle réalise 60% de son chiffre d'affaires enAmérique du Nord, 30%enEuropeet 10%dans le restedumonde. Ces entreprises bénéficient donc d'une assise géogra- phique diversifiée et d'une demande stable répartie dans diversmarchés. Il est également intéressant d'investir dans des com- pagnies d'assurance affichant une stabilité à long terme et des rendements de dividendes attrayants. Les prévisions pour l'exercice 2025montrent que des entreprisescommeAXA,avecunrendementdudivi- dende attendu de 6,7%, Allianz SE, avec 5,7% et Zurich Insurance Group, avec 5,0%, offrent des dis- tributions solides. Le secteur de l'assurance constitue traditionnellement une catégorie d'actifs fiable, qui génèredesrendementsstablesmêmeenpérioded'in- certitude économique. Les marques de luxe et de prestige ont elles aussi prouvéleurrésiliencecesdernièresannées.Desentre- prises comme Louis Vuitton et Moët & Chandon bénéficient d'une clientèle fidèle à la marque et de la hausse de la demande de produits de très grande qualité. Le marché du luxe a démontré qu'il est un secteur stable aux performances solides même en période de difficultés économiques. Gros plan sur lesmoyennes capitalisations Autre segment intéressant, celui des entreprises à moyenne capitalisation, caractérisées par un retour sur capitaux propres élevé. Une analyse de l'indi- cateur de rentabilité ROCE montre que des entre- prises comme LifcoAB, Diplome PLCet IMCDNV affichent des valeurs élevées, de 20,0%, 17,5% et 16,2% respectivement. Les moyennes capitalisa- tions offrent souvent un potentiel de croissance supérieur à la moyenne du fait de leur souplesse face aux évolutions du marché et de la spécialisa- tion de leurs modèles d'affaires. Notre stratégied'investissement européenne repose donc sur une combinaison équilibrée d'entreprises affichant présencemondiale, modèle d'affaires sta- ble et forte rentabilité. Notre sélection rigoureuse nous permet d'assurer une répartition du porte- feuille durable, garante d'une croissance à long terme et de rendements stables. Nous tenons compte des risques macroécono- miques comme des risques spécifiques au marché pour garantir que la stratégie d'investissement demeure à la fois solide et durable. Aucune des entreprises mentionnées ci-dessous ne constitue une recommandation d'investisse- ment. Les performances passées ne présagent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps. Les États-Unis sont-ils la seule destination pour les investisseurs en actions ? Pourquoi l'Europe mérite aussi l'attention

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