Agefi Luxembourg - décembre 2024

Décembre 2024 23 AGEFI Luxembourg Fonds d’investissement U nnouveau rapport de la Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) et de PwCLuxembourgmontre que le Luxembourg continue de conso- lider sa positionde leadermondial de la finance durable, avec des pro- grèsmajeurs dans la performance des fondsOPCVMESGet la crois- sance desmarchés privés ESG. Le rapport « Sustainable Finance in Luxem- bourg 2024 : A Maturing Ecosystem *», qui marque la troisième éditionde cette série, vise à fournir une image de l’état de la fi- nancedurableauLuxembourg.Ilexamine lesprincipalesstratégiesESGadoptéespar lesfondscommunsdeplacementbasésau Luxembourg, en se concentrant sur leur évolution en termes de nombre de fonds etdeleursactifssousgestion,ainsiquesur les stratégies ESGemployées. Pour la première fois, il s’intéresse éga- lement aux stratégies ESG sur les mar- chés privés et aux mandats de gouver- nance des acteurs luxembourgeois. L’étude propose par ailleurs d’autres mises à jour importantes, notamment sur les rapports relatifs aux PAIs, l’utili- sation du modèle volontaire européen ESG (EET), les affiliations liées au climat adoptées par les acteurs du marché luxembourgeois, ainsi qu’un aperçudes principaux acteurs de la finance durable au Luxembourg. L’étude révèle que les OPCVMESGdo- miciliés au Luxembourg ont connu une augmentation substantielle de 12,3%de leurs actifs sous gestion entre le second semestre 2022 et juin 2024, atteignant 3247,7 milliards d’euros. Ce rebond re- flète la confiance croissante des investis- seurs et les avancées stratégiques au sein de l’écosystème de la finance durable. Parallèlement, les marchés privés s’ac- célèrent avec une croissance exception- nelle des fonds ESG, affichant unTCAC de 95,2% de 2019 à 2023. Le capital-in- vestissement reste la première classe d’actifs, avec 267,5 milliards d’euros d’actifs sous gestion, suivis par l’infra- structure (188,9milliards d’euros), l’im- mobilier (107,7 milliards d’euros) et la dette privée (58,7 milliards d’euros). NicolettaCentofanti, CEO, Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI), a commenté le rapport : «La finance dura- ble est essentiellepour que laplacefinan- cière luxembourgeoise puisse faire face aux risques liés au climat et à la nature, et jouer un rôle actif face aux défis so- ciauxet environnementauxactuels. Lafi- nance durable est également une opportunité pour les institutions finan- cières en termes de financement, de ta- lent et de réputation, entre autres». «Enbref, l’intégrationde lafinancedura- ble est essentielle pour la résilience et la compétitivité futures de notre centre fi- nancier. Cependant, il s’agit d’un par- cours complexe qui nécessite de nouvelles compétences, de nouveaux in- dicateursetdenouveauxprocessus.Acet égard, la présente étude vise à soutenir les secteurs financiers, en évaluant les progrès, les tendances et les défis du Luxembourg en matière de finance du- rable. Il est essentiel que les acteurs des marchés financiers acquièrent cette com- préhension pour remplir le rôle crucial quiestleleurdanslaconduited’unetran- sition durable tant attendue». Frédéric Vonner, Advisory Partner, Sus- tainabilitychezPwCLuxembourg, a éga- lement déclaré : «L’évolution de cadres commeELTIF2.0etSFDRouvriradenou- vellesportesauxinvestisseursparticuliers et institutionnels pour aligner leurs porte- feuilles sur des objectifs environnemen- taux et sociaux significatifs. Pour maximiser notre influence, nous devons donnerlaprioritéàlaqualitédesdonnées, à lanormalisationdes rapports et à lame- sure efficace de l’impact. L’adoption de technologiesinnovantes,commel’analyse dedonnéespilotéepar l’IAet la traçabilité basée sur la blockchain, peut ouvrir de nouvelles opportunités et favoriser une croissancedurable.Encollaborantétroite- mentavecdespartenairesinternationaux, le Luxembourg peut continuer à donner l’exemple sur la façondont lesmarchésfi- nanciers conduisent la transition vers un monde plus équitable et plus durable.» *https://lc.cx/x9Pd3Z “Sustainable Finance in Luxembourg 2024: A Maturing Ecosystem” Les fonds ESG au Luxembourg connaissent un rebond de 12,3% Opinion - ParAlexis BIENVENU, FundManager La Financière de l'Echiquier L ’électiondeDonaldTrump at- tise un incendie sur tous les fronts : politiques, sociétaux, boursiers…L’économie et la géopoli- tique suivront sans aucundoute, dès son entrée officielle en fonction, le 20 janvier prochain. Le feu touche déjà les marchés : depuisl’élection,lesgrandesca- pitalisations américaines ga- gnent, en date du 14 novembre, plus de 4%, alors que l’indice mondial hors va- leursaméricainesreculedeplus de 2%(endollars). À l’inverse, les taux se tendent, reflétant les craintes inflationnistesdes investisseurs, et le dollar progresse contre toutes les devises. Mais ces mouvements globaux ne sont eux-mêmes rien en comparaison de déflagrations enclenchées sur les foyers où souffle directement le vent de la révolution trumpienne.PasseulementsurTeslaqui,électriséepar l’intégrationd’ElonMuskdansl’équipeprésidentielle, bonditdeprèsde40%enunesemaineaprèsl’élection. Maissurtout,defaçonbienplussystémique, surlesgrandesbanques,quiprogressentde 11%. Et sur les plus petites davantage en- core : + 13%. Laraisonenestsimple:defaçongénérale, Trump promet de sabrer dans les régle- mentations. Même s’il n’a jusqu’ici rien énoncé de précis à propos de la finance, le marchés’attendàvoirlescontraintespru- dentielles pesant sur les banques s’alléger,ouàtoutlemoinsne pas s’alourdir, comme cela auraitdûêtrelecass’ilavait été décidé d’appliquer aux Etats-Unis l’accord dit «Bâle 3»visantàrenforcerlarégle- mentationbancaire. On pourrait même voir brûler une partie ce qui reste de la régle- mentation mise en place dans le sillage delacrisefinancièrede2008,rassembléedanslaloi «Dodd-Franck» adoptée en 2010 sous la présidence Obama. Cette loi avait accru la supervision des banques, les contraignant à constituer davantage de réservespourparerauxcrisesetàmodérerlesrisques pris sur les marchés. Mais dès son premier mandat, en2018,Trumpavaitfaitadopteruneloiassouplissant ces contraintes. En particulier, le seuil à partir duquel lesbanquessontétroitementsurveilléesparlaRéserve Fédérale (Fed) avait été relevé à 250milliards de dol- larsd’actifs,contre50auparavant,réduisantlenombre de banques soumises à ce contrôle de 38 à 12. Si les banques elles-mêmes, du moins leurs action- naires,nepeuventqueseréjouirdel’espoird’unnou- vel assouplissement, l’économie américaine – et par extension mondiale, tant il est vrai que la planète fi- nancière est étroitement imbriquée – s’en portera-t- elle réellement mieux ? À court terme, il est possible que la production de crédit et l’investissement dans l’économiesoientfavorisés.Mêmesiàvraidire,l’éco- nomie américaine – sauf peut-être dans le secteur de l’immobilier commercial et des infrastructures - n’a guère besoin aujourd’hui d’un nouveau stimulus, étant déjà soutenue par la loi «Inflation Reduction Act»promueparJoeBiden,parundéficitbudgétaire record, par une croissance proche de 3% et par des baisses de taux attendues de la part de la Fed. Mais surtout, à long terme, la destruction des pares-feux misenplaceparDodd-Franckrisquederendrel’éco- nomie plus vulnérable. L’épisode récent de la crise des banques régionales le prouve. Allégées de certaines contraintes par la ré- forme trumpienne de 2018, quelques banques de pe- titeoumoyennetailleavaientvuleursoliditémenacée en raison de la hausse des taux début 2023. Quatre d’entreelles,dontSiliconValleyBanketFirstRepublic Bank avaient fait faillite. L’indice des banques régio- nales avait à l’époque perdu 30% en quelques se- maines. Heureusement, les dommages avaient été circonscrits grâce au concours des méga-banques et de la Fed, et dans unmouvement de balancier inces- sant, la surveillance des banques de petite taille avait ensuite été renforcée. Trump a-t-il tiré la leçon de cette crise dont, par sa réforme de 2018, il fut indirectement le facilitateur ? À l’heure où il ne jure que par la dérèglementation, on peut en douter. Pire encore, la réticence à l’enca- drement du risque bancaire pourrait se propager à l’Europe. Car selon le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, l’Europe pour- rait être tentée de repousser l’implémentation des derniersvoletsdelaréglementationdite«Bâle3»afin de ne pas souffrir excessivement de la concurrence exercée par la finance américaine allégée de nom- breux garde-fous. La politique du brûlis réglementaire, tout comme celle du «drill, baby, drill (1) », sera donc certainement efficacepour faire chauffer l’économieà court terme, et faire scintiller le début de mandat de Trump II, mais de l’ampleur du feu de joie dépendra aussi le volume de cendres à évacuer. 1) «Fore, bébé, fore», slogan des partisans de l’extraction des énergies fossiles aux Etats-Unis Brûle, baby , brûle ! By Norman VILLAMIN, Group Chief Strategist, UnionBancaire Privée (UBP) U S recessionhas been a concern among global inves- tors going back to 2022. Ho- wever, none hasmaterialised as yet and economic conditions through late 2024 continue to suggest that the UnitedStateswill once again avoid recession in 2025. We expect the US economy to slowmodestly in early 2025 be- fore stabilising towards year-end. Inflationhowever,whichhasbeen on a downward trajectory throughout2024,willlikelyfindits bottom early in the year and re- bound to above 2.5% by year-end, evenwithouttheimpactoftheexpectedfiscalpolicies of incomingUS President DonaldTrump. Asaresult,weexpectthattheautumnFedSummary of EconomicProjections calling for rate cuts bringing US policy rates to 3% by end-2025 are overly opti- mistic as the Fedwill have to deal with not only ele- vatedwage growth in the US economy, but also the prospectofanadditionalexpansionarybudgetasthe newadministrationtakespower.The returnofDon- ald Trump will not only shift the economic land- scape. His return should also reshape the geopolitical landscape of recent years. We expect 2025 to see the United States pursue a ceasefire in Ukraine andalso seek toplace a greater fiscal burden on Europe to maintain the ensuing peace, challengingeconomies already strug- glingwith large outstandingdebts. Indeed, President Trumpmayuse tariffs as a cud- gel to coax this spending out of Europe. If achieved, this would allow President Trump to re-engage with his 2017–20 ad- versary, China, deploying not only an expanded set of tariffs, but poten- tially also a wider set of eco- nomic tools and expanding ‘hardpower’ efforts such as the alliance frameworkbuilt out byhis predecessor, Pres- ident Joe Biden. Akey component to theAmer- ican shift of manufacturing re- lianceawayfromChinahasbeen Mexicobut theUS–Mexico relationship could be put under strain not only as both nations will havenewleaders in2025, but alsoas theUSwill seek to limit China’s use of Mexico to avoid tariffs. Therun-uptothe2026renegotiationoftheUS–Mex- ico–Canada free trade agreement could therefore be fraught for all parties until an agreement is eventu- ally struck. Thus, the strategies that many companies deployed inlightofthe2017–18US–ChinaTradeWar–relocat- ing production from China to alternative venues – mayrequireadjustment.WithMexicopotentiallyjoin- ing China, at least temporarily, in the American crosshairs, India remains positioned as a geopolitical beneficiaryintheeventthatUSpolicyshouldserveas a renewed catalyst for these trends. This shifting economic and geopolitical backdrop with the incoming Trump administration is already havingother impacts too. TheGermancoalitiongov- ernment collapsed shortly after the US elections as a debateoverfiscalpolicyinresponsetotheprospectof amorebelligerentUScausedfractureswithinthegov- ernment.Moreover,with thedebate over expansion- ary fiscal policy begun by former ECB President MarioDraghi via the ‘The Future of EuropeanCom- petitiveness’ plan in mid-2024, this German budget dispute represents the funding debate not only for Germany’s future, but also for the future of theEuro- peanUnion’s competitiveness. Withmajoreconomicblocks–theUStheUKandpo- tentially China – joining Japan in expansionary fiscal policy, the key impact for investors will likely be on bond yields around the world. Indeed, this widespread fiscal policy pivot may allowus to call a durableendtotheglobal1981–2020bondbullmarket. In2025,weexpectUS10-yearTreasuryyieldstoonce againchallengeandpotentiallybreach5%,alevelthat hassubstantiallyheldsincetheturnofthecentury.For bondinvestors,thisprovidesachallengingbackdrop. As a result, hedge funds, especially relative value ar- bitrage strategies, canbe valuable in the kindof envi- ronment of elevated interest rate volatility that we expect in 2025. Just as India should be a comparative haven from tariff-drivenshiftsinglobaltradepatterns,Singapore and theASEANregionarewell positionedas global fiscal policy expands to support global growth. In- deed Singapore, long a play on the global economy and Fed easing cycles, should stand to benefit even if the sustainedgrowthmomentumis confinedonly to the US in 2025. Furthermore, offering a gateway to the structurally high-growth economies of India andcountriesinSoutheastAsia(ASEAN),Singapore equities offer attractive risk–reward for investors seekingexposuretosustainedgrowthintheUS,pre- mium growth trends across South and Southeast Asia, and optionality around the prospect of stimu- lus out of China as well. Amidst such tumult, secular change within the global economy continues apace. Artificial intelli- gence remains at the forefront of suchchange.How- ever,theartificialintelligenceroll-outissettoexpand to a new phase. Having begun with the hardware buildout with chip and cloud computing providers benefiting inrecent years, softwareanduse cases are set to be central to the next phase of artificial intelli- gence growth. On balance, we see 2025 as another year of transfor- mation for the global economy – from the disinfla- tionary/deflationary decade pre-2022 to a more reflationarygrowthpicturein2025andbeyond,from the continuingpivot froma unipolar, US-ledgeopo- litical order to one that is increasingly multipolar in structure,andfromthecontinuedtransitionfromthe analog20thcenturytotheprogressivelymoredigital realmofthe21stcentury.Thus,investorswillhaveto navigate these developing fractures in the global economy while focusing on the resilience that re- mainswithin a changing global order. US exceptionalism revived? Achanging world still (or again) driven by the US

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