Agefi Luxembourg - novembre 2024
AGEFI Luxembourg 14 Novembre 2024 Economie OPINION - Par Jean MARSIA, président de la Société européenne de défense AISBL (S€D) A près les récents rapports que MM. Letta et Draghi ont adressé à laCommission euro- péenne, le constat dudécrochage éco- nomique et technologique de l’Europe par rapport aux États-Unis d’Amé- rique et à laChine n’est plus à faire, mais les remèdes qu’ils ont préconisés pour ymettre fin sont généralement jugés très insuffisants. (1) Lesmises en garde à l’Europe deMme Lagarde Fin octobre 2024, M me Lagarde, présidente de la Banquecentraleeuropéenne(BCE)depuisnovembre 2019, a considéré queM. Draghi a surtout visé le dé- crochage de la productivité européenne, essentielle- ment dans le secteur technologique, qui a connu une révolutiondepuislemilieudesannées1990etsepro- longeavecl’intelligenceartificielle,l’accumulationdes data centers et l’exploitation des masses de données. M me Lagarde constate comme lui que l’Union euro- péenne (UE) a de la peine à garder en Europe les so- ciétés technologiques. Celles qui ont été fondées ici partent se développer ailleurs. Pour que cela change, le facteur énergétique est crucial, en particulier pour les datacenters .Lefacteurdeproduction«travail»joue également, car la mobilité en Europe est beaucoup plus faible qu’aux États-Unis d’Amérique. La régle- mentation est beaucoup trop touffue en Europe, ce qui inciteà ladélocalisationde laproductiondebiens et services. LesAméricainsdéveloppent l’intelligence artificielle très rapidement, et bénéficient déjà d’un certainnombredegrandschampions,tandisquel’Eu- rope en est dépourvue. M me Lagarde a fustigé en outre les lourdeurs admi- nistratives européennes et la faiblessedusystèmefi- nancier européen, puis constaté que la politique industriellemenéepar lesÉtats-Unis est peucontrai- gnante sur le plan réglementaire, mais financière- ment très généreuse. La loi américaine de réduction de l’inflation promulguée en août 2022 fixe peu de critèrespourpouvoirbénéficierdesaidesàl’implan- tation sur le territoire américain. En Europe, le pro- cessus d’octroi des aides par l’UE est lourd, et il est rendu plus compliqué encore par la réglementation des Étatsmembres. Elle a déploré que, s’il existe aux États-Unis d’Amé- riquedesmécanismesdefondsdepensionetd’autres instrumentsfinanciersprivésquipermettentdedrai- nerl’épargneetd’intéresserlesépargnants,salariésou retraités,àl’avenirdel’économieouàl’évolutiondela bourse,denombreuxpaysenEuropesontencoredé- pourvusdetelsmécanismes,notammentdedistribu- tion d’actions ou de participation aux profits de l’entreprise. Elle estimenécessairededévelopper une union desmarchés de capitaux et regretté que si l’on parle depuis les années 2014 à 2019 de l’union des marchés de capitaux, peude progrès ont été réalisés. Elleaestiméensuitequelediagnosticposéparlerap- port Draghi est sévère, mais juste, et comporte des prescriptions bien ciblées. Il suggère que tous les Eu- ropéens semettent enordredemarche et soient prêts à abandonner un peude souveraineté, que toutes les instanceseuropéenness’engagentàprogresserversle marchéuniquedes capitaux.M me Lagardea souligné que le conseil desgouverneursde laBCEs’est résolu- ment engagé, considérant que le PIB américain a crû de 10,7 % depuis 2019, alors que la moyenne euro- péenne est de 4,8%. Elle a rappelé qu’en 2020, l’emprunt européen com- mun de 750 milliards € a constitué une avancée ma- jeureetregrettéque,quatreansplustard,moinsdela moitiédescréditsontétédépensés.Commelorsdela crise grecque, de 2010 à 2015, les administrations des différentspaysnesontpastoujoursenmesured’affec- terrapidementlesfinancementseuropéens,carlesin- vestissements envisagés requièrent d’obtenir des autorisations au niveau local et des recours peuvent être introduits par des organisations de défense de l’environnement. Enfin, elle a jugé que dans son rapport, M. Draghi a estimé à juste titre que si l’UE doit se rapprocher de l’exempleaméricain,elledoitlefairesanslesinconvé- nients de leur modèle social, qui induit notamment des taux d’inégalités plus élevés. Elle a souligné qu’aveclahaussedessalairesetlabaissedel’inflation, lerevenudisponibleaugmente,etque,mêmesi,pour lemoment, cela profite davantage à l’épargne qu’à la consommation, cela finira par changer. Un “prixNobel d’économie” qui incite àmodifier les institutions politiques européennes Le14octobre2024, l’Académie royaledes sciencesde Suède a jugé que les recherches de DaronAcemoglu et Simon Johnson, tous deuxduMassachusetts Insti- tute of Technology, ainsi que de James A. Robinson, de l’universitédeChicago, sur la façondont les institutions sont formées et affectent la prospéritéaidentàcomprendrepourquoi les sociétés où l’État de droit est faible et les institutions qui exploitent la popula- tion ne génèrent pas de croissance ou de changementpourdesjoursmeilleurs.Elle lesadoncdéclaréslauréatsduprix2024de la Banque de Suède en sciences écono- miques enmémoire d’AlfredNobel. (2) Ayant pris connaissance de la dé- cision de l’Académie royale des sciences de Suède, j’ai découvert avec grand intérêt le livre que MM. Acemoglu et Robinson ont publiénaguère: Prospérité,puissance et pauvreté. Pourquoi certains pays réussissent mieux que d’autres , dans lequel ils constatent que le niveau de prospérité repose sur des fondements politiques, car la croissance économique nécessite avant tout la sta- bilité politique. La prospérité est générée par l’inves- tissement et l’innovation, mais ces actions sont des actesdefoi:lesinvestisseursetlesinnovateursdoivent avoirdesraisonscrédiblesdepenserque,s’ilsréussis- sent, ils ne seront pas pillés par les puissants. (3) Pour Philippe Aghion, qui a préfacé la version fran- çaise de leur ouvrage, MM. Acemoglu et Robinson “définissent les institutions comme les règles qui conditionnentlesincitationséconomiquesdesindivi- dus,ainsiquelesperspectivesetopportunitésquis’of- frent à eux. Ils distinguent en particulier les “institutionsinclusives”des“institutionsextractives”. Lesinstitutionsinclusivespréserventlesdroitsdepro- priété et le respect des contrats, et ellesminimisent les restrictions à la liberté et à l’opportunité de créer et d’innover, ce qui stimule l’épargne, l’investissement, etleprogrèstechnique,donclacroissanceàlongterme d’unpays.Aucontraire,lesinstitutionsextractivesfrei- nent et inhibent l’innovation car elles ne garantissent pas les droits de propriété ou bien elles imposent des barrièresàl’entréequiprotègentlesdroitsacquis,mais en même temps empêchent l’éclosion de nouvelles idéesetentraventleprocessusschumpétériendedes- tructioncréatrice(c’est-à-direleremplacementperma- nent d’activités ou technologies existantes par de nouvelles activités oude nouvelles technologies). La question centrale abordée dans ce livre est : pour- quoilesinstitutionsextractivesquigénèrentmoinsde prospérité et de croissance à long terme que les insti- tutions inclusives, sont-elles à la fois si dominantes et si persistantes de par lemonde ? [La réponse est que] lesinstitutionsextractivesconcentrentlepouvoirdans lesmains d’unoude quelques individus qui freinent l’innovationparcequ’ilscherchentavanttoutàmain- tenir leur pouvoir et craignent que ce pouvoir ne soit remisencauseparl’émergencedenouvellesactivités, denouvellesentreprises,denouvellestechnologies.” (4) MM.AcemogluetRobinsonpartentdelaconstatation que “Si des pays comme la Grande-Bretagne et les États-Unissontdevenusriches,c’estqueleurscitoyens ont renversé les élites qui contrôlaient le pouvoir et créé une société où les droits politiques étaient plus équitablementrépartis,oùlegouvernementétaittenu de prêter l’oreille à ses citoyens et de leur rendre des comptes, et où une large majorité de la population pouvait profiter dudéveloppement économique. [...] L’Angleterre a connu en 1688 une révolution qui a transformé la politique et donc l’économie du pays. [Les pouvoirs de l’exécutif sont restreints et ceux du parlement accrus. Les féodauxperdent unepartiedu pouvoir, le pouvoir politique est centralisé, la société devientpluraliste.Leservagedisparaît,lesmonopoles sont réduits, la droit fiscal et le droit de propriété, y compris intellectuelle, sont revus, la justice devient plusimpartiale,cequifavorisel’innovationetl’inves- tissement.L’Étataparlafiscalitélesmoyensdedéve- lopperlesinfrastructuresdetransport.] (5) Desgensont combattupourobtenirdavantagededroitspolitiques, qu’ilsontmisàprofitpourétendreleursituationéco- nomique.Ducoup,lepayss’estengagédansunetout autre trajectoire politique et économique, qui amené à la révolution industrielle.” (6) Nous savons que la plupart des révolutions en Eu- ropeetdanslesanciennescolonies,loind’avoirtrans- formé enprofondeur la politique dupays, ont porté au pouvoir une autre élite, aussi peu soucieuse que la précédente de la prospérité du pays. MM. Acemoglu et Robinson observent que “Si les institutions économiques sont un facteur essentiel dans l’évolution d’un pays vers la pauvreté ou vers la prospérité, ce sont la politique et les institutions politiques qui déterminent les institutions écono- miques d’un pays.” (7) Ils observent aussi qu’une société ne tendpas à créer ou à adopter “les institutions les plus favorables à la croissance économique ou au bien-être de ses ci- toyens ; en effet, il se peut que d’autres institutions soient encoreplus favorables à ceuxqui contrôlent la politique ou les institutions politiques. (8) En conséquence, “Si l’onveut accéder à la prospérité, il faut commencer par résoudre certains problèmes politiques.”L’exempledesdeuxCorées oudesAmé- riques suffit à le démontrer. (9) Ils citentMaxWeber, qui a “défini l’État comme “un monopole de la violence physique légitime” au sein de la société, qui lui permet de faire respecter la loi, d’offrir des services publics et de réguler l’activité économique. Pour que les institutions politiques soient inclusives, elles doivent être suffisamment centralisées pour permettre l’exercice du pouvoir, mais aussi suffisamment réparties au sein de la so- ciété et pluralistes, pour permettre l’existence de forcesd’opposition, garantesd’unedistributionplus équitabledes ressources. Si cen’est pas le cas, les ins- titutions politiques concentrent le pouvoir au sein d’une élite et sont extractives. ”(10) L’échec politique et économique de certains pays peut être évité : il suffirait pour cela de transformer leurs institutions extractives pour les rendre inclu- sives. Cela impose de restreindre le pouvoir des élites,maisl’enrichissementd’uneminoritéluidonne les moyens de se maintenir au pouvoir par la force. Le fait que le pouvoir absolu corrompt absolument finit toutefois par fragiliser les élites. (11) Les auteurs fondent leur théorie sur l’observation d’un nombre important de pays. “Lorsqu’il accède à l’indépendance en 1966, le Botswana est l’un des pays les plus pauvres du monde. Il a connu depuis une des croissances les plus rapides du monde et il est arrivé auniveaude l’Estonie, grâce à l’absencede guerre civile, à la stabilité macroéconomique, à la protectiondes droits depropriété et àune économie de marché inclusive. Cela a été rendu possible par des institutionspolitiques à la fois centralisées et plu- ralistes, et des institutions économiques inclusives, notamment pour l’exploitation des gisements dia- mantifères et des élevages bovins. AuxÉtats-Unisd’Amérique, leniveaudeviedans les ÉtatsduSuds’estrapprochédeceluiduNorddepuis l’abrogationdelaségrégation.EnChinecommuniste, au Grand Bond en avant, qui a fait chuter le PIB de 25%et coûté lavie àune trentainedemillionsdeper- sonnes,asuccédéunepolitiquepragmatiquedecrois- sance économique sous l’impulsion de Deng Xiaoping,quiafiniparprévaloirmalgréuneRévolu- tion culturelle destructrice de l’économie et de nom- breuse vies humaines. Deng Xiaoping a revitalisé l’enseignement supérieur, restauré les incitationsma- térielles dans l’économie et rendu possible une crois- sance notable sans remettre en cause le contrôle politiqueduparticommuniste,enrendantlesinstitu- tions économiques plus inclusives, en permettent un accroissement de la propriété privée et de l’économie de marché, et en intégrant la Chine dans l’économie mondiale. La restauration du Japon parMeiji a aussi montré que le changement est possible. (12) Les auteursposent ensuiteque“Les institutions éco- nomiques inclusives - qui garantissent les droits de propriété, créent un terrainde négociation équitable et encouragent l’investissement dans de nouvelles technologies et denouvelles compétences - sont plus propices à la croissance que les institutions écono- miques extractives, qui sont conçues pour qu’une minorité accapare les ressources d’une majorité, et demeurent incapables de protéger les droits de pro- priétéet d’apporterdesmotivations favorables à l’ac- tivité économique. Les institutions économiques inclusives sont soutenues par (et soutiennent en re- tour) des institutionspolitiques inclusives, dumoins cellesqui, distribuent lepouvoir largement et dema- nière pluraliste, et sont en mesure de créer une cer- taine centralisationpolitiquequi permettrad’assurer l’ordre public, de faire respecter les droits de pro- priété et de créerune économiedemarché inclusive. Institutions économiques extractives et institutions politiques extractives fonctionnent, elles aussi, en synergie:ellesconcentrentlepouvoirentrelesmains de quelques-uns, qui seront dès lors incités à main- teniretàdévelopperlesinstitutionséconomiquesex- tractives pour leur propre bénéfice, et à utiliser les ressources ainsi obtenues pour consolider leur em- prise sur le pouvoir politique.” (13) Les auteurs constatent aussi que “Les institutions économiques et politiques extractives qui ont créé un minimum de centralisation politique parvien- nent souvent à produire une certaine croissance, mais elle n’est jamais durable, parce qu’une telle croissance requiert de la destruction créatrice, qui remplace l’ancien par le nouveau dans le domaine économique et déstabilise les rapports de pouvoir bien établis dans le domaine politique. “Comme les élites qui contrôlent les institutions ex- tractives craignent la destruction créatrice, elles s’y opposent ; du coup, la croissance produite sous ins- titutions extractives est toujoursde courtedurée. En- suite, ceux qui contrôlent les institutions extractives étant à même de s’enrichir aux dépens du reste de la société, le pouvoir politique sous institutions ex- tractives devient très convoité, si bien que de nom- breuxgroupes et individus sebattent pour l’obtenir. Du coup, de puissantes dynamiques poussent les sociétés sous institutions extractives vers l’instabilité politique.” (14) Notons que la notion de courte durée est relative : Poutineesttoujoursaupouvoiraprèsunquartdesiè- cle,malgrédesinstitutionséconomiquesetpolitiques extractives... Des régimes communistes perdurent en Chine, enCorée duNord, auVenezuela, àCuba... Les auteurs notent donc que “Le cercle vertueux in- clusif et le cercle vicieux extractif tendent à se perpé- tuer. Même si les institutions extractives restent la norme dans l’histoire, certaines sociétés sont parve- nues à briser lemoule et à effectuer la transition vers les institutions inclusives en profitant d’un moment critique, comme la Peste noire, la découverte de l’Amérique, la révolution industrielle, ...” (15) AubeaumilieudelaRévolutionculturelledesannées 1970, personne ou presque n’aurait pu penser que la Chineallaitengagerunchangementradicaldesesins- titutionséconomiques,etconnaitredèslorsunecrois- sancefulgurante. (16) Lesauteursnotentcependantque “Lacroissancesousinstitutionspolitiquesextractives, comme en Chine, ne s’avère jamais durable et risque fortdes’essoufflerrapidement.” (17) Eneffet,“LaChine communistenetolèrepasladestructioncréatrice,pro- tègemal les droits de propriété, spolie les chefs d’en- treprise, n’assure pas suffisamment la mobilité de la maind’œuvre.” (18) “Troisdécenniesdecroissanceéco- nomique ont étépermises par des institutions écono- miques plus inclusives, mais cette croissance a été freinée par des institutions politiques extractives ex- trêmement autoritaires.” (19) Les auteurs contestent ensuite la théorie de la mo- dernisation formuléepar SeymourMartinLipset, la- quelle “affirme que toutes les sociétés, en se développant économiquement, se modernisent, se civilisent,deviennentplusdémocratiquesetaspirent aux droits de l’homme, aux libertés civiques et au droit à lapropriété. L’évolutionde laChine commu- niste montre que c’est faux. En réalité, si les institu- tions politiques inclusives produisent la croissance économique,l’inversen’estpasvrai,mêmesilacrois- sance est soutenue pendant un certain temps. Celle- ci tendà renforcer le régimepolitiqueextractif et non à l’affaiblir, cela s’est vu dans de nombreux pays. Dans bien d’autres pays développés et démocra- tique, des dictatures se sont imposées qui ontmis en place des politiques extractives.” (20) Les auteurs jugent que “Les efforts des organisa- tions comme le Fonds monétaire international qui tendent d’aider les pays pauvres en proposant des mesuresmacroéconomique comme la réductionde la taille du secteur public, ou lamise en place d’une banque centrale théoriquement indépendante, ainsi quedesmesuresmicroéconomiques, comme lapri- vatisation et l’amélioration de l’efficacité du service public, grâce à des mesures anticorruption, négli- gent le rôlevicieuxdes institutionspolitiques extrac- tives et donc échouent.” (21) Pour les auteurs, “L’échec de l’aidemassive appor- tée en Afghanistan et dans d’autres pays pauvres par la communauté internationale est patent, parce que de 80 à 90%de l’aide est détournée par les ins- titutions extractives pour financer les systèmes clientélistes et rendre pérenne l’absence de droit de propriété, d’ordre public et de justice efficace. Même l’aide conditionnée à la libéralisation des marchés ou à la démocratisation de la vie politique est inefficace, parce que lesmesures prises sont fac- tices : elles ne remettent pas en question les institu- tions politiques extractives, mais seulement à justifier le versement de l’aide. Unprocessus démo- cratique est vain si le dictateur maintient son pou- voir discrétionnaire en usant de menaces et de violences physiques.” (22) Les auteurs estiment qu’il “faudrait que l’aide étran- gère soit utilisée et gérée par des groupes qui ne par- ticipent pas aux pouvoirs en place, pour les faire participer auprocessus dedécision. Cettepartiede la population jouirait ainsi d’une représentation et d’un certain pouvoir, ce qui contribuerait à faire émerger des institutions politiques inclusives.” (23) Pour les auteurs, “La société civile est composéed’as- sociations professionnelles, de syndicats, d’églises, d’organisations étudiantes, degroupesd’études et de cerclesderéflexion,demouvementssociaux,qu’ilfaut coaliser, tout enmaintenant le pluralisme, pour faire évoluer la société vers la démocratie, la participation citoyenneetlesinstitutionspolitiquesinclusives.C’est laclépourquelegouvernementoffredesservicespu- blics valables, une éducation et des soins de santé ac- cessiblesauplusgrandnombre,unejusticeimpartiale et un terraindenégociations équitable. Celanécessite une certaine centralisation du pouvoir, un certain degrédepluralismeetunesociétécivilesuffisamment dynamique pour empêcher la répression des avan- cées vers les institutions inclusives par le pouvoir en place et empêcher la confiscation du pouvoir par un nouveaugroupe extractif.” (24) Les auteurs estiment enfinque “Lesmédias sont sus- ceptibles d’aider la société civile à se structurer en fai- sant connaître les abus de pouvoir politique ou économiquedes partisansdes institutions extractives et en aidant à contrer les forces qui sapent les institu- tions inclusives. Les médias peuvent aussi inciter les citoyens à obtenir les réformes politiques visant à ob- tenir ou à conforter la démocratie. C’est pourquoi la plupart des régimes autoritaires combattent les mé- diaslibresetcontrôlentlesautres.Lessuper-richesten- dent aussi à se constituer un groupe de presse, à contrôler les radios et les télévisions. Suite enpage de droite Pourmettre fin au décrochage de l’Europe, elle doit devenir plus inclusive
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk5MDI=