AGEFI Luxembourg - juin 2025
PRIX DU NUMÉRO : EUR 5,50 Le Journal Financier de Luxembourg NUMERO 06/401 ISSN1561-8366 www.agefi.lu 41, Zone Industrielle, L-8287 Kehlen - Tel: +352 305757 1 - Fax: +352 24611564 - Email: agefi@agefi.lu JUIN 2025 valuepartners.lu Comprehensive solutions for the alternative investment funds industry Sommaire t Economie « L’économie devrait éviter la récession » (Daniele ANTONUCCI, Quintet) p.5 United States and China: between forced cooperation and open confrontation (Bruno COLMANT) p.7 t Conseil / RSE “Luxembourg’s tax environment is seen positively” (EYAttractiveness Survey) p.12 The use of AI across Luxembourg’s financial industry (ABBL, ALFI, CSSF) p.19 t Fonds d’investissement La conjoncture mondiale semble résister (Guy WAGNER, BLI) p.27 Conseils d’hygiène financière avant un été boursier agité (Christopher DEMBIK, Pictet AM) p.30 t Droit / Emploi Arrêtons de croire qu’il faut uniquement des talents pour réussir (Caroline LAMBOLEY) p.36 L’employabilité apparaît comme la priorité absolue (Enquête Randstad) p.37 t IA / ICT L’IA à toutes les sauces… et parfois sans recette (Renaud BARBIER, Osons) p.46 How a Luxembourg Fintech is Redefining Treasury for Mid-Sized Businesses (JürgenWOLFF, Financial Navigator) p.47 Sommaire détaillé en page 2 arendt.com Devising a bespoke strategy to master your challenges ESG & SUSTAINABILITY 5(*8/$725< &203/Ζ$1&( 6(17Ζ1(/ www.deloitte.lu Détailenpage21 Par Vincent JUVYNS, Chief Investment strategist ING A près un semestre éprou- vant, marqué par une forte volatilité sur les marchés financiers, et notamment ces der- niers jours avec la détérioration de la situation au Moyen-Orient, la plupart des investisseurs dé- comptent les semaines avant des vacances bien méritées. Pourtant, avant de refer- mer ce premier chapitre de l’année et de boucler nos valises, il nous faut encore nous acquitter d’un rituel aussi compliqué qu’indis- pensable, celui de s’accorder sur les perspectives de mi-année. Chez ING Investment Office, c’est désormais chose faite et c’est avec fierté que je partage ici le fruit de nos réflexions, sur le thème de « Hope for the best, prepare for the worst », qui reflète notre scénario central résolument optimiste mais pru- dent et nos choix en termes d’allocation d’actifs pour les prochains mois, qui sont à la fois offen- sifs et défensifs. Premier semestremarqué par la volatilité et un rebond enV Le premier semestre a été marqué par un retour brutal de la volatilité. L’annonce de droits de douane américains bien plus élevés qu’anticipé a mis fin à l’exceptionnalisme américain. Ce revi- rement a pris les marchés par surprise, provo- quant un désengagement rapide des investis- seurs vis-à-vis des actifs américains. Le dollar en a été particulièrement affecté, s’affaiblissant de 11% face à l’euro. Les indices boursiers américains ont égale- ment souffert puisque, après avoir culminé à plus de 6 100 points en février, le S&P 500 a ensuite reculé de plus de 20 % en raison du « Liberation Day » avant de rebondir en avril grâce notamment à la résilience des bénéfices des entreprises. Ce climat tendu s’est traduit par un pic du VIX au-dessus de 50, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis la pandémie de 2020. Plus surpre- nant encore, l’indice MOVE, qui mesure la volatilité sur les marchés obligataires, a lui aussi bondi, signe que l’incer- titude s’est propagée à toutes les classes d’actifs. Même Donald Trump, pourtant à l’origine de la montée des tensions commerciales, a dû temporiser son discours pour apaiser les mar- chés obligataires. Le calme n’a cependant été que de courte durée car les inquiétudes des marchés se sont ensuite reportées sur la soutenabilité de la dette publique des États-Unis, en particulier après la relance du débat sur une nouvelle baisse de la fiscalité. A cela s’est encore ajouté l’attaque israélienne sur les infrastructures nucléaires ira- niennes, qui fait craindre un embrasement de la région et des prix pétroliers. Face à cette instabilité, notre approche a été de conserver une allocation neutre en actions, tout en procédant à des ajustements tactiques. Lorsque les marchés ont corrigé en avril et que les valori- sations sont passées sous leurs moyennes histo- riques, nous avons renforcé nos positions afin de maintenir notre exposition. Ce repositionnement s’est révélé opportun a posteriori. Du point de vue macroéconomique, conscients qu’il n’y a pas de gagnants dans une guerre com- merciale, nous avons révisé à la baisse nos pré- visions de croissance pour la plupart des grandes économies, et de manière plus marquée pour les États-Unis, où nous attendons désor- mais 1,6 % en 2025 contre 2,1 % précédemment. Suite en page 3 Hope for the best, prepare for the worst Key Takeaways: - The PwCBusiness Barometer rose to -1 inMay, driven by a sharp rebound in consumer confi- dence and more favourable credit conditions. - While construction shows early signs of sta- bilisation in Luxembourg, the financial sector is under pressure, with job growth slowing and potential tax risks from proposed US leg- islation. - Business confidence in the Euro Area is improving, supported by manufacturing growth and falling inflation, prompting the ECB to implement a fourth rate cut. - Although inflation is easing in the US and Europe, looming protectionist measures from the Trump administration could reverse dis- inflation trends and dampen business senti- ment in the second half of 2025. Confidence rebounds, yet trade tensions threaten stability Read more on page 7 www.pwc.lu The Monthly PwC Barometer (FRQRPLF &RQILGHQFH LQGLFDWRU LQ FROODERUDWLRQ ZLWK $*(), /X[HPERXUJ 9HRLFQB*idgaab+[K\G Vilret & Partners Avocats www.vilret-partners.lu NEW Par Thomas VEIT, Head of Fixed Income, Senior Portfolio Manager, Spirit Asset Management L ’agence de notation Moody’s vient de dégrader la note des États-Unis, retirant le dernier AAA au pays, 14 ans après S&P et 2 ans après Fitch. Bien que symbolique et anticipée par les marchés finan- ciers, cette dégradation remet en exergue les dérives budgé- taires passées et les défis qui attendent l’une des plus im- portantes puissances mon- diales, à l’heure où les incertitudes économiques gé- nérées par la politique du pré- sident Trump battent leur plein. Le marché obligataire n’a pas attendu Moody’s pour « sanctionner » la dette américaine et a clai- rement recréé une prime de risque visible à plu- sieurs niveaux depuis l’arrivée de Donald Trump. Tout d’abord, le CDS ( Credit Default Swap ) du pays s’est envolé depuis la fin d’année dernière passant de 20 bps à près de 55 bps, des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis 2011. Ensuite, la prime de terme, qui se défini par la compensation supplémentaire qu’un investisseur exige pour détenir une obligation à long terme plutôt qu’une série d’obligations à court terme, a fortement augmenté passant de -0,2 % en septem- bre dernier à +0,88 % à fin mai. Au sommet des 11 dernières années, ces niveaux montrent égale- ment le degré d’incertitude élevé qui plane sur l’économie américaine. Enfin, et dans la même idée, les courbes de taux se sont fortement repen- tifiées, bien que les niveaux soient encore infé- rieurs aux moyennes à long terme. Que pouvons-nous désormais attendre des taux américains et quelles seront les métriques à surveiller dans les pro- chains mois ? Le marché obligataire a rarement eu au- tant d’informations à traiter en même temps, ce qui rend l’environnement encore plus volatil et incertain. En effet, la vague d’inflation post-Covid ayant entrainé une forte remontée des taux de la part des banques centrales a été extrêmement négative pour le marché obligataire mais pour autant, ce mou- vement une fois enclenché était plutôt prévisible et gé- rable car seule la compo- sante « inflation » influait sur le marché. Trois années plus tard, la situation est complète- ment différente et le marché obligataire doit intégrer et essayer de hiérarchiser trois prin- cipaux paramètres : des incertitudes sur les pers- pectives d’inflation, un marché de l’emploi qui pourrait se dégrader et un déficit important qui ne suit pas une trajectoire rassurante. Sur le premier point, l’inflation est actuellement plus ou moins sous contrôle ( CPI à 2,30 % et CPI core à 2,8 % en avril) mais l’instauration de droits de douane par l’administration Trump fait planer un risque de rebond et empêche la Fed de nor- maliser davantage sa politique monétaire. L’in- flation va rester une variable cruciale dans les prochains mois. Sur base des droits de douane actuellement pro- posés, on estime que le taux de tarif moyen im- posé par les États-Unis au reste du monde passerait de 2,3 % en 2024 à 12 % cette année, soit un retour au niveau du début de la Seconde Guerre mondiale. La grande interrogation est donc de savoir qui, des entreprises ou des consommateurs, va payer la facture de cette aug- mentation substantielle du prix des importations. En 2021-2022, la question ne se posait pas, ou du moins, la réponse était assez évidente. En effet, les consommateurs américains disposaient d’un taux d’épargne record (30 %) à la suite des diffé- rents confinements et aux chèques directement reçus de l’administration américaine, tout cela avec une très forte envie de consommer. De plus, les marchés financiers ont connu des années ex- ceptionnelles (S&P500 en hausse de 58 % entre 2023 et 2024) créant un effet richesse pour la plu- part des Américains ayant leur plan de pension investi en bourse. Enfin, ces derniers ont consommé à crédit comme jamais avec des encours sur les cartes de crédit en hausse de 250 milliards entre début 2022 et aujourd’hui, et ce, malgré une augmenta- tion drastique du coût de ces crédits qui sont pas- sés de 14,5 % à près de 22 % sur cette même période. Conséquences, les retards de paiement sur ces crédits à la consommation sont au plus haut depuis 2009 et le taux d’épargne est désor- mais redescendu sous les 4 %. Il semble donc au- jourd’hui beaucoup plus compliqué pour les entreprises de répercuter les hausses de coût sur les prix et donc sur le consommateur. Nous pen- sons donc que les entreprises, contrairement à la vague d’inflation post-Covid, prendrons une partie substantielle de ces hausses de coût sur leurs marges, limitant ainsi l’effet inflationniste. De plus, il ne faut pas oublier que les indices d’inflation aux États-Unis, composés à 60-70 % de services, ne devraient être que très peu tou- chés par les tarifs douaniers et à 25-30 % de biens de consommation, dont une partie est directe- ment produite sur le sol américain. Suite en page 2 La dette américaine sous pression Lirearticleenpage14
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