Mensuel : Edition de mai 2006
Rubrique : La Place
Titre : Les Européens s’expatrient par amour et pour une meilleure qualité de la vie
Article : Accompagner son partenaire, rester en famille et améliorer la qualité de sa vie: voilà les principaux facteurs de motivation des Européens qui quittent leur pays, selon une étude récente. Si 2% des citoyens européens vivent dans un pays qui n’est pas le leur, l’emploi est la cause du déménagement d’un quart d’entre eux seulement.

La moitié avait déjà vécu à l’étranger, bénéficiant souvent du soutien de programmes européens tels qu’ERASMUS. L’étude a relevé que les facteurs de motivation et les profils de ces expatriés n’étaient pas identiques. L’Espagne est ainsi une destination privilégiée pour les personnes plus âgées en quête d’une meilleure qualité de la vie. Le Royaume-Uni, en revanche, attire les jeunes en recherche d’emplois non manuels.

Les personnes qui migrent d’un pays de l’Union européenne (UE) vers un autre sont généralement originaires de la classe moyenne, qualifiées et bien formées. Elles ont généralement décroché un emploi non manuel dans le pays de destination et adoptent une attitude positive à l’égard de l’Union. Le projet PIONEUR, financé à hauteur de près d’un million d’euros par le programme cadre de recherche de l’UE, a étudié le profil et les attitudes de cinq mille ressortissants de l’UE résidant en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni. Près de 2% des citoyens européens vivent actuellement dans un pays de l’UE qui n’est pas le leur. L’étude montre que 30% sont partis pour suivre leur partenaire ou réunir la famille, 24% pour améliorer la qualité de leur vie et 25% pour travailler. La qualité de la vie constitue le principal facteur d’attraction de la France ou de l’Espagne. Si l’on s’installe en Italie, c’est pour y accompagner son partenaire ou sa famille, alors qu’on part pour l’Allemagne et le Royaume-Uni pour y trouver du travail et y étudier.

La moitié de ces migrants a vécu à l’étranger avant de partir, souvent, pour les plus jeunes, pour participer à des programmes tels qu’ERASMUS. Le profil de ces nouveaux résidents varie selon le pays de destination. L’Italie et l’Espagne attirent le plus grand nombre de retraités, lesquels quittent souvent une métropole pour aller s’installer dans des zones rurales. En revanche, lorsqu’il s’agit de partir pour trouver un emploi, on quitte généralement une zone rurale pour aller s’établir dans les capitales et les autres grandes villes.

La migration en Allemagne est largement motivée par la recherche d’emplois manuels alors que le Royaume-Uni attire essentiellement des travailleurs intellectuels (dans les secteurs de la finance, de l’assurance et de l’immobilier, en particulier). La vaste majorité provient de la classe moyenne et occupe des emplois non manuels dans le pays d’accueil. Les expatriés dans un autre pays de l’UE s’engagent davantage en politique, et souvent plus à gauche, que la population en général. Ils s’intéressent à la politique de leur pays d’accueil, surtout lorsqu’ils y résident depuis longtemps, et leur taux de participation aux élections européennes serait légèrement supérieur à la moyenne locale. Les migrants en Espagne sont les plus susceptibles de voter, tandis que les Italiens expriment les avis les plus critiques sur la politique menée dans leur pays d’origine. Quant aux Britanniques, ils participent volontiers à des manifestations ou prennent facilement contact avec leurs représentants politiques. Pour la plupart des citoyens de l’Union qui vivent dans un pays qui n’est pas le leur, le sentiment européen est parfaitement compatible avec l’attachement à leur pays d’origine autant qu’à leur pays de résidence. Coordonné par l’Université de Florence, le projet PIONEUR a été mené avec des partenaires espagnols, allemands, français et britanniques.

Les conclusions de cette étude corroborent celles d’études similaires portant sur le profil de l’Européen moyen résidant dans un pays qui n’est pas le sien et sur les motivations de l’expatriation. La Commission européenne a récemment publié une étude dont la conclusion a été que la mobilité des travailleurs quittant les États d’Europe centrale et orientale membres de l’UE pour des pays de l’Europe des Quinze a eu des effets généralement positifs et, pour la plupart des pays destinataires, a représenté un nombre de personnes moins important que prévu. Les travailleurs originaires des dix nouveaux États membres ont contribué à réduire le nombre d’offres d’emploi insatisfaites et à améliorer les performances économiques en Europe. Ce projet PIONEUR voit le jour au début de l’Année européenne de la mobilité des travailleurs. Le budget de dix millions d’euros réservé à cet effet sera consacré à des projets de sensibilisation à la mobilité et à de grandes manifestations, dont une conférence sur la mobilité, organisée à Vienne en juin, et "Job Fair Europe", en septembre, qui verra la tenue de salons à l’emploi dans plus de cinquante villes européennes. Parmi les autres projets, on notera des "soirées de la mobilité" sur une chaîne de télévision européenne et à Paris en décembre 2006, une campagne publicitaire lancée dans les magazines Métro diffusés dans tous les métros européens, sans oublier de nouveaux films montrant la valeur de la mobilité et un blog sur le site Web de l’Année européenne de la mobilité. Plusieurs études sont en outre prévues pour évaluer les retombées de la mobilité et améliorer les données statistiques disponibles. Enfin, un prix européen sera décerné à l’organisme qui aura contribué le plus à la mobilité des travailleurs.

Pour tout renseignement sur PIONEUR, consulter l’adresse http://www.obets.ua.es/pioneur/

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